Après les tensions de ces derniers jours, la nomination annoncée de Janet Yellen à la tête du Trésor Américain change la donne. Le duo Jerome et Janet aura pour lui la force de l’expérience.

Zoom de Wilfrid Galand, Directeur Stratégiste de Montpensier Finance

 

Les dernières semaines de l’administration Trump sont marquées par un regain de tension très inhabituel entre la Fed et le Trésor américain. Alors que la coordination avait été exemplaire au cœur de la première vague de l’épidémie, l’actuel secrétaire d’état au Trésor, Steve Mnuchin, a exigé le 20 novembre que la Fed rende au Congrès les fonds non consommés confiés par ses services-avec l’aval du Sénat–à la Fed fin mars pour plusieurs programmes d’urgence. Au total, ce sont 415 milliards de dollars qui quitteront d’ici fin décembre les coffres de l’institution de Washington.

L’argument de Steve Mnuchin est simple: les fonds du Trésor Américain ont été affectés à des programmes d’intervention d’urgence – par exemple pour stabiliser le marché des obligations d’entreprises – qui ne se justifient plus compte tenu du retour à meilleure fortune de l’économie et des marchés américains. Ils seront mieux utilisés par le Congrès dans le cadre d’un plan de relance budgétaire «classique».

Cette demande a donné lieu à des échanges publics vifs entre les deux institutions, Jerome Powell insistant en particulier sur une possible fragilisation du fonctionnement des marchés en cas de pic de stress, alors que la reprise reste fragile et la situation épidémique très incertaine. Au-delà du montant, cette opération marque la volonté de l’administration Trump de ne pas faciliter la tâche de l’équipe Biden, en redonnant la main au Sénat – qui a de bonnes chances de rester Républicain–en cas de nouvelle demande de fonds d’urgence de la part du Trésor.

Dans ce contexte, la nomination en janvier prochain de Janet Yellen, ancienne présidente de la Fed, au poste précisément de Secrétaire d’Etat au Trésor, changerait la donne tant pour l’économie que pour les marchés. Janet Yellen, au cours de ses quatre ans à la tête de l’institution monétaire, a démontré dans un contexte de croissance soutenue qu’elle savait se focaliser sur l’essentiel, à savoir un chômage très faible et le maintien de conditions de financement favorables à l’activité. Jerome Powell a pris le relais et a su réagir avec force et rapidité–avec le soutien du Trésor!-à la chute brutale de l’activité créée par la pandémie. La confiance est revenue. Mais aujourd’hui encore, une action coordonnée des autorités budgétaires et fiscales américaine reste nécessaire.

Car malgré le rebond spectaculaire de l’économie américaine au troisième trimestre, les entreprises de taille moyenne sont fragilisées et le marché de l’emploi n’a pas retrouvé son lustre. Ce sont plus de huit millions de postes qui manquent encore à l’appel pour retrouver le niveau du début de l’année 2020. On est loin de cette fameuse «économie à haute pression» que souhaitait la présidente de la Fed dès octobre 2016.
Le chemin pour y parvenir sera semé d’embûches compte tenu des incertitudes sur les équilibres politiques au Sénat en attendant que les deux derniers postes de sénateurs encore en suspens soient attribués le 5 janvier prochain. Un Sénat républicain rendrait plus difficile encore la tâche de la future administration. Mais, surtout en ce cas, la présence à la tête du Trésor d’une personnalité incontestable comme Janet Yellen serait un atout déterminant.

Certains considéreront que cette administration démocrate accumule davantage d’expérience que d’enthousiasme, en réunissant un Président Joe Biden, 78 ans, une Présidente de la Chambre Nancy Pelosi, 80 ans, et une Secrétaire au Trésor Janet Yellen, 74 ans. Pour l’instant les marchés apprécient le potentiel de cette équipe.

 


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