Comment les investisseurs peuvent-ils distinguer les opportunités d’investissement véritablement durables des faux-semblant en matière de durabilité ? Mike Appleby, gérant au sein de l’équipe d’investissement durable de Liontrust, démontre toute l’importance d’adopter un esprit critique pour évaluer les bienfaits - ou les inconvénients - des solutions dites durables. Parfois, une thématique de durabilité apparemment prometteuse peut avoir des conséquences néfastes à long terme, comme les véhicules diesel, tandis qu’une autre, qui semble vouée à l’échec en matière de durabilité, peut se révéler bénéfique, comme les voitures électriques.

Mike Appleby, gérant

 

Il n’a jamais été aussi nécessaire pour nous investisseurs, qui avons une vision durable du monde, d’être capables de faire la différence entre une solution viable à un problème de durabilité et un faux-semblant. Nous croulons sous les témoignages d’entreprises se disant « vertes » et sommes assaillis par les annonces concernant la capacité de telle ou telle technologie à sauver la planète. Mais pour déterminer les solutions les plus convaincantes, et éventuellement y investir, il faut faire preuve d’esprit critique et disposer des ressources et des compétences nécessaires. Et cela va bien au-delà de la simple gêne de se tromper, car l’impact peut être significatif sur les performances des investissements dans ces entreprises.

L’intérêt de mieux comprendre ce qui est durable et ce qui ne l’est pas par rapport au marché est de se forger un avantage concurrentiel permettant d’identifier les tendances de croissance à long terme qui sont une composante essentielle de la performance des investissements, en particulier si ces tendances ne sont pas prises en compte par le marché.

Le cas des véhicules diesel – leur essor considérable puis leur repli chez les particuliers – nous livre des enseignements utiles. Lors de leur commercialisation, les véhicules diesel ont été très bien accueillis. Non seulement ils étaient censés émettre moins de CO2 que les voitures à essence, mais ils étaient également plus efficients, ce qui les rendait moins chers pour les conducteurs. Mais c’est la priorité accordée aux kilomètres parcourus plutôt qu’à l’impact potentiel sur l’environnement et en particulier sur la qualité de l’air (les moteurs diesel produisent des niveaux plus élevés de particules, qui peuvent pénétrer profondément dans les poumons) que l’évaluation initiale s’est avérée fausse. C’est pourquoi il est toujours préférable d’examiner les solutions proposées sous plusieurs angles.

Pour évaluer la «qualité» d’une solution proposée, il faut l’examiner d’un point de vue social et environnemental. Parmi les autres échecs bien connus en matière de durabilité, on peut citer la première génération de biocarburants, dont les déchets étaient rarement utilisés et dont les gains (grâce à la réduction des émissions pendant l’utilisation) étaient inférieurs à l’énergie nécessaire pour cultiver, traiter et transporter les matières premières, sans compter les vastes quantités de terres agricoles soustraites à la production alimentaire. La situation a atteint son paroxysme au milieu des années 2000, lorsque l’UE a retiré son soutien réglementaire (en raison de ces moindres avantages en matière de durabilité) et que de nombreuses entreprises qui dépendaient de cette source de revenus ont fait faillite.

Mais de la même manière, les solutions qui peuvent sembler vouées à l’échec en matière de durabilité, peuvent se révéler bénéfiques. À titre d’exemple, les médias semblent indiquer que la population se détourne des véhicules électriques comme le montrent les derniers chiffres du secteur, qui témoignent d’une baisse des ventes en décembre et en janvier. Pourtant, plus d’un million de voitures électriques ont été vendues au Royaume-Uni et il est clairement établi qu’elles sont nettement plus performantes que les véhicules équipés d’un moteur à combustion interne en termes de réduction des émissions. Et grâce aux progrès rapides des technologies, les émissions des véhicules électriques continueront à diminuer et les obstacles à une adoption plus large, comme le manque de bornes de recharge et la diminution des prix, seront éliminés à mesure que le Royaume-Uni se rapprochera de son objectif de neutralité carbone.

Dans ce contexte, comment est-il possible d’identifier les succès et les échecs en matière de durabilité?

  • Portez-vous des lunettes de protection contre le changement climatique ? Le dérèglement climatique est un sujet majeur et des mesures rapides sont absolument nécessaires pour répondre à cette crise, mais la question est trop souvent abordée via un seul angle, voire un seul indicateur, à savoir les émissions de CO2. Améliorer uniquement cet indicateur peut conduire à des résultats pervers, en particulier si l’on ignore totalement l’aspect social (la «Transition juste»).
  • Il faut évaluer une solution avec un vrai sens critique, sous plusieurs angles. Parlez à des personnes possédant des connaissances et qui ont travaillé dans ce domaine, ainsi qu’à des contradicteurs, afin de comprendre leurs points de vue – et de décider par vous-même de la fiabilité de leurs explications. Ne prenez jamais pour argent comptant la solution «verte» proposée par les personnes qui vendent le service, car elles seront probablement partiales.
  • Formez-vous dans les domaines liés à la durabilité qui présentent un intérêt particulier pour vous ou votre entreprise. Vous n’avez pas nécessairement à suivre une formation officielle, même si un master dans un domaine spécifique pourrait vous permettre, à vous et à votre équipe, de développer votre esprit critique. Recherchez des sessions de formation de courte durée auprès de sources officielles dans les domaines qui vous intéressent. Lisez des ouvrages rédigés par des personnes expérimentées dans le domaine qui vous intéresse.
  • Faites vos propres recherches et privilégiez les sources et les références de bonne qualité. Wikipédia, malgré son utilité, n’est pas la source ultime de toutes les connaissances.

Parfois, une solution de durabilité n’est pas intrinsèquement mauvaise, mais ses avantages peuvent être largement surestimés ou sa mise en œuvre peut avoir une portée limitée. La meilleure approche à utiliser doit être adoptée à la problématique de durabilité qui est visée. Par exemple, s’il est intéressant de payer pour la conservation, la restauration des forêts, la plantation d’arbres, l’agriculture régénérative dans des zones ciblées, les investisseurs doivent vérifier la manière dont les services écosystémiques sont comptabilisés et monétisés – et s’assurer qu’ils ne sont pas surestimés.

Prendre en compte l’ampleur des projets est également essentiel : tenter de compenser des millions de tonnes d’émissions d’une entreprise plutôt que d’innover pour vraiment les réduire, semble une option pour le moins discutable. Il en va de même pour les projets de biomasse à grande échelle destinés à produire de l’électricité à partir de sources autres que les déchets. Toutefois, ces deux approches peuvent être valables si elles sont déployées à une échelle raisonnable et non au détriment de la réduction des émissions, qui reste une vraie nécessité.


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