Les petites capitalisations européennes vivent des temps difficiles. À fin octobre, 80 % des gérants ont sous-performé l’indice MSCI Europe Small Cap depuis le début de l'année. Les gérants français et allemands, souvent exposés à leurs marchés domestiques, ont particulièrement souffert, ces indices accusant des replis notables (le CAC Small CS90 affichait -10,7% et SDAX -7,4% à fin octobre). Faisant partie de ces 80% en difficulté, nous avons analysé les causes de cette sous-performance générale.

Par Marc St John Webb et Philip Best, gérants

 

Un indice qui perd de son sens

Marc Saint Jhon Webb

Les ETF répliquant l’indice MSCI Europe Small Cap ont connu des flux massifs depuis le début de l’année, attirant 1,4 milliard d’euros contre seulement 455 millions pour les fonds actifs. Cela n’est pas sans conséquences. La valorisation moyenne pondérée de l’indice atteint désormais 27 fois les bénéfices, contre 15,5 fois sur une base équipondérée, illustrant le poids le plus important des plus grandes entreprises, dont des valorisations sont plus élevées.

Cette concentration pose question: l’indice représente-t-il encore l’univers des 4’500 petites entreprises européennes qu’il est censé refléter? Un cinquième des sociétés de l’indice ont une capitalisation supérieure à 5 milliards d’euros, loin de la définition classique de « petite capitalisation ». Par ailleurs, la croissance des bénéfices attendue de l’indice (15% pour 2025) est inférieure à celle de l’univers des small caps (20%, selon S&P IQ). Ainsi, les investisseurs paient un multiple élevé pour une croissance moindre.

Des bonnes nouvelles qui passent inaperçues

Philip Best

Un autre phénomène préoccupant est l’absence de réaction des cours face aux bonnes nouvelles. Parmi les dix principaux titres de notre portefeuille, cinq ont annoncé des résultats supérieurs aux attentes. Pourtant, leur performance boursière est restée atone, voire négative.

Cette inaction reflète soit un désintérêt général, soit un manque de liquidités à investir dans ce genre de sociétés dans les fonds small caps.

Toujours est-il que ces résultats positifs confirment la santé fondamentale des entreprises concernées.

A quand le retournement de tendance?

Les petites capitalisations européennes se négocient actuellement avec une décote historique par rapport aux grandes capitalisations. Traditionnellement valorisées avec une prime de 20%, elles affichent aujourd’hui des multiples bien inférieurs.

À titre de comparaison, les petites capitalisations américaines se traitent à plus de 25 fois les bénéfices estimés pour 2025 (Russell 2000), contre 15 fois pour le MSCI Europe Small Cap et moins de 10 fois pour notre portefeuille. Cette décote, combinée à une croissance attendue de 20%, offre un potentiel de réévaluation significatif.

Rachats d’actions: un signal fort

Face à des valorisations historiquement basses, un tiers des entreprises de notre portefeuille procèdent à des rachats d’actions. Parallèlement, les familles fondatrices et actionnaires renforcent leurs positions, un signe clair de leur confiance dans le potentiel de leurs sociétés.

Catalyseurs politiques

Les gouvernements européens prennent des mesures pour soutenir les petites capitalisations. En France et en Italie, des fonds publics/privés ont été créés pour stimuler les investissements, tandis que le Royaume-Uni et l’Allemagne préparent des initiatives similaires. Ces dispositifs rappellent des précédents tels que la Loi Monory ou le PIR italien, qui avaient revitalisé les marchés.

Ces initiatives pourraient engendrer des flux positifs dès début 2025, stimulant les valorisations et attirant de nouveaux investisseurs.

Conclusion – L’adversité, source d’opportunités

Les petites capitalisations européennes traversent une crise comparable à celle de 2008-2009. Pourtant, ces périodes de morosité offrent des opportunités rares. À des valorisations entre 6 et 10 fois les bénéfices prévisionnels 2025, notre portefeuille regorge d’entreprises de qualité avec des perspectives solides.

Historiquement, de telles conditions ont conduit à des rebonds spectaculaires, comme en 2009 où notre fonds a enregistré une hausse de 60 % sur l’année. Nous croyons fermement que cette période difficile annonce un tournant majeur pour les investisseurs prêts à saisir ces opportunités.