Le gaspillage est souvent dû à un manque d'imagination - une grande partie de ce que nous jetons aujourd’hui a de la valeur et peut être réutilisé.
Par Jack Dempsey, Fund Manager, Paul Lamacraft, Senior Investment Director et Samuel Thomas, Sustainable Investment Analyst
Nous pensons qu’investir dans l’économie circulaire offre une opportunité de croissance structurelle sur plusieurs décennies. Cela permet aux investisseurs de s’exposer à des entreprises qui offrent non seulement une croissance et des rendements attrayants, mais qui ont également des résultats positifs durables pour les personnes et la planète.
L’économie circulaire est un changement de système économique. Il s’agit de s’éloigner des pratiques «prendre-fabriquer-jeter», où l’on achète des choses, on les utilise et on les jette. Au lieu de cela, un système circulaire est un système où les produits et les matériaux sont maintenus en service et où la production suit un chemin durable qui réduit la consommation de matières premières.
L’objectif principal de l’économie circulaire est de dissocier la croissance économique de la consommation de ressources vierges. Pour la simple raison que le monde est à court de ressources.
Nous utilisons déjà 1,7 fois les ressources que la planète régénère naturellement chaque année et ce chiffre ne fera que croître à mesure que la population mondiale augmentera. Nous vivons bien au-dessus de nos moyens.
Pourquoi les déchets sont-ils une ressource précieuse?
Les déchets sont généralement définis comme «des matériaux ou des ressources qui sont jetés, inutilisés ou considérés comme sans valeur».
Cependant, le gaspillage n’est qu’un manque d’imagination. Il y a très peu de «déchets» dans le monde moderne qui n’ont aucune valeur. Il s’agit plutôt d’avoir l’infrastructure, la réglementation et la volonté de l’exploiter.
Cela nous donne l’espoir d’améliorer les pratiques actuelles de gestion des déchets. Nous nous trouvons actuellement à un moment clé de confluence des forces – une technologie abordable et efficace, des réglementations favorables et la demande des consommateurs et des entreprises – qui contribuera à améliorer la circularité.
Les sources de déchets sont nombreuses. Dans cet article, nous nous concentrerons sur les déchets solides municipaux (ou déchets ménagers), car c’est le domaine de l’industrie des déchets qui contient les meilleures données et qui reçoit souvent le plus d’attention.
Qu’est-ce qu’un déchet solide municipal (DSM)?
Les DSM sont des déchets qui proviennent des ménages ou des entreprises (restaurants, hôtels, bureaux). Il s’agit généralement de papiers, de plastiques, de nourriture jetée, de déchets de jardin et d’autres articles jetés.
Le monde génère environ 2 milliards de tonnes de DSM par an. C’est l’équivalent de 111 millions de camions poubelles par jour. À mesure que les économies et les revenus se développent dans les marchés émergents, ce nombre augmente rapidement.
D’ici 2050, avec une population mondiale d’environ 10 milliards d’habitants, on s’attend à ce que le monde produise 3,4 milliards de tonnes de DSM par an (soit une augmentation de 70% par rapport à aujourd’hui).
Cependant, cela ne dit pas toute l’histoire, car les moyennes cachent souvent la dynamique sous-jacente.
D’un côté, vous avez la région Amérique du Nord avec environ 530 kg par habitant et par an et à l’autre bout du spectre, vous avez 168 kg par habitant en Afrique subsaharienne.
Le problème est donc que si tout le monde produisait des déchets au même rythme que l’individu moyen en Amérique du Nord, alors la production mondiale de déchets atteindrait environ 4,1 milliards de tonnes par an (soit 210 millions de camions à ordures par jour).
La production de déchets par habitant est très fortement corrélée aux niveaux de revenu. Ne pas pouvoir dissocier la croissance économique de la consommation de ressources est un problème car les pays au bas de l’échelle des revenus ont l’ambition de progresser, et ce sont également ces pays qui ont tendance à connaître la plus forte croissance démographique.
Pourquoi les déchets sont-ils un problème?
Le plus gros problème est la façon dont les déchets sont éliminés, car cela peut avoir des impacts négatifs sur le changement climatique, la pollution et la biodiversité. S’ajoute à cela le fait qu’en ne recyclant pas correctement nos déchets, nous créons une demande pour plus de ressources vierges à un moment où nous surconsommons déjà.
Le graphique ci-dessous montre que la grande majorité des déchets dans le monde sont soit mis en décharge à ciel ouvert (environ 33%), soit mis au rebut (environ 37%), seuls 19% étant recyclés ou compostés. Environ 11% des déchets sont éliminés par incinération (ce que l’on appelle la valorisation énergétique des déchets).
Les décharges représentent à elles seules environ 8 à 10% des gaz à effet de serre liés à l’activité humaine via le dégagement de méthane lors de la décomposition des déchets. C’est sans compter les autres externalités négatives comme la pollution de l’eau, la dégradation des sols et l’impact sur la faune et la biodiversité locales. Il y a aussi la question du gaspillage des ressources, car une grande partie de ce qui va à la décharge a de la valeur.
La meilleure façon de réduire les impacts négatifs des sites d’enfouissement est d’éviter de les utiliser. Cependant, ce n’est pas toujours possible. La meilleure chose à faire est de s’assurer que les émissions de méthane ne sont pas rejetées librement dans l’environnement.
Dans des régions comme les États-Unis, cette approche est de plus en plus axée sur la capture de ces gaz d’enfouissement et leur conversion en gaz naturel renouvelable.
La réglementation force le changement dans l’industrie
Nous assistons à un renforcement de la réglementation du «pollueur-payeur» afin d’augmenter les coûts des mauvaises méthodes d’élimination (par exemple, la mise en décharge). On voit aussi dans de nombreux secteurs le développement de la «responsabilité élargie du producteur», qui fait peser une plus grande partie du coût de la collecte physique et de l’élimination des déchets sur le producteur.
Par exemple, le déploiement de systèmes de consigne dans l’UE et dans certaines parties des États-Unis contribuera à améliorer les taux de recyclage des contenants à usage unique (par exemple, les bouteilles en plastique, les canettes de boisson en aluminium).
L’UE a également fixé des obligations contraignantes pour les États membres selon lesquelles au moins 60% des DSM doivent être préparés pour être réutilisés ou recyclés d’ici 2030.
La Chine s’est fixé des objectifs dans le cadre de son plan d’action quinquennal pour l’économie circulaire afin d’améliorer les taux de recyclage des déchets ménagers (ainsi que des déchets agricoles et de construction) et d’augmenter la valeur de la production de son industrie du recyclage des ressources d’environ 5’000 milliards de RMB (environ 770 milliards de dollars) d’ici 2025.
Aux États-Unis, les réglementations relatives à la gestion des déchets ont tendance à se faire davantage au niveau des états et des municipalités qu’au niveau fédéral. Des états comme la Californie, le Colorado, New York, l’Iowa et le Maryland ont promulgué des lois visant à imposer des politiques plus onéreuses en matière de pollueur-payeur, des exigences plus strictes en matière de contenu recyclé dans les matériaux et l’interdiction de nombreux produits à usage unique.
L’objectif de nombreuses réglementations est soit de réduire les déchets à la source (c’est-à-dire en étant plus efficaces), soit d’augmenter l’utilisation de matériaux recyclés, recyclables ou biosourcés. Cela crée un environnement réglementaire favorable aux entreprises qui peuvent fournir des produits à base de biomatériaux durables ou qui peuvent offrir un degré élevé de matériaux recyclés.
Nous avons également vu des pays comme la Chine mettre en œuvre des interdictions sur l’importation de certains types de déchets pour s’assurer des flux de meilleure qualité. Les pays ne peuvent plus aussi facilement «exporter» leurs problèmes de déchets.
Ces deux facteurs se traduisent par la nécessité de développer des infrastructures de gestion des déchets dans la plupart des pays développés, en mettant particulièrement l’accent sur les capacités de recyclage.
L’industrie de la gestion des déchets: une opportunité d’investissement de 1,3 billion de dollars
En tant qu’investisseurs dans l’économie circulaire, tant sur les marchés cotés que privés, nous reconnaissons l’énormité du défi auquel l’économie mondiale est confrontée pour faire évoluer nos pratiques de gestion linéaire des déchets vers des pratiques plus circulaires. Cependant, nous sommes extrêmement enthousiastes à l’idée des importantes opportunités d’investissement qui découlent de ce défi.
En 2022, l’industrie mondiale de la gestion des déchets était évaluée à 1,3 billion de dollars et devrait connaître une croissance importante au cours de la prochaine décennie.
L’expansion de la récupération et du recyclage crée des opportunités de croissance pour un large éventail d’entreprises dans l’ensemble du spectre industriel.
Par exemple, Republic Services Group, l’une des principales sociétés de gestion des déchets cotées en bourse aux États-Unis, a la possibilité d’étendre ses capacités de recyclage. C’est particulièrement le cas en ce qui concerne les plastiques, où la demande des grandes entreprises de consommation de base pour les plastiques recyclés peut garantir des bénéfices sains tout en améliorant les taux de recyclage.
Republic Services Group est également l’une des nombreuses entreprises de gestion des déchets qui investissent dans le gaz naturel renouvelable. La toile de fond législative de la norme sur les carburants renouvelables et de la loi sur la réduction de l’inflation (crédits d’impôt) rend ces investissements très rentables, avec des retours sur investissement qui devraient être de l’ordre de 30% et plus.
Des entreprises comme Norsk Gjenvinning (NG), une entreprise privée, en Norvège, ont déjà montré la croissance et la rentabilité offertes à celles qui peuvent atteindre de meilleurs taux de recyclage. En 2022, NG a traité plus de 2,3 millions de tonnes de déchets, dont environ 58% ont été récupérés sous forme de matières premières de base, et 96% ont été recyclés par le biais de la récupération de matériaux ou d’énergie, ce qui a permis d’éviter plus de 1,3 million de tonnes d’émissions de CO2.
Ce ne sont là que quelques-unes des entreprises qui mettent en évidence les opportunités passionnantes auxquelles les investisseurs dans ce domaine peuvent accéder, motivées par la nécessité structurelle de rendre la planète plus circulaire et durable.
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