Malgré les débats qu’elle continue à susciter, la durabilité est désormais une préoccupation de base dans la plupart des entreprises.
Par Jenn-Hui Tan, Global Head of Stewardship and Sustainable Investing
La durabilité fait beaucoup parler d’elle et investisseurs considèrent désormais ce sujet comme une partie essentielle de leur activité. Une étude récente menée par Fidelity en collaboration avec Coalition Greenwich montre que les préoccupations environnementales, sociales et de gouvernance restent en effet en tête de leurs priorités[1].
Cela ne signifie pas que les investisseurs intègrent ces facteurs de la même façon. Investir de façon durable signifie simplement identifier un ensemble de risques particuliers – souvent placés sous la bannière ESG – et gérer les portefeuilles en conséquence.
Rien de très nouveau ici. Une société sujette à scandale, par exemple, a toujours été un actif risqué. Mais au cours de la dernière décennie, ce type de risque spécifique à une entreprise a été fusionné avec des facteurs de risques plus systémiques sous la bannière ESG, ce qui a été fréquemment mal interprété par la société dans son ensemble.
Cette confusion pourrait conduire à terme à l’abandon progressif du concept ou, au moins, à sa décomposition en types de risques spécifiques. Loin des projecteurs, les entreprises et les investisseurs adoptent une approche plus sophistiquée des facteurs ESG. Celle-ci devrait permettre une prise en compte plus complète des risques matériels, tels que l’impact physique du changement climatique et les coûts de la résilience des entreprises, et déboucher sur un rôle plus abouti de la finance dans la transition vers une économie à faible émission de carbone.
La décarbonation en tête de liste, mais les risques physiques retiennent de plus en plus l’attention
L’enquête a identifié la « décarbonation » comme le thème d’investissement durable sur lequel les investisseurs se concentrent en priorité actuellement. Les investissements significatifs de ces dernières années dans l’énergie propre confortent ce résultat.
Pourtant, le monde ne se décarbone pas. Les émissions continuent en effet à augmenter au niveau mondial et les phénomènes météorologiques extrêmes se multiplient et s’aggravent. Le monde est désormais en passe de franchir le seuil de réchauffement de 1,5 degré accepté comme objectif par les pays dans le cadre de l’Accord de Paris.
En conséquence, l’attention se focalise de plus en plus sur les dangers que représentent les phénomènes météorologiques extrêmes pour les actifs physiques des entreprises et leurs chaînes d’approvisionnement, ainsi que sur l’impact d’une réglementation accrue en matière de climat.
Les futures communications liées au climat, telles que le nouveau cadre du conseil des normes internationales d’informations sur la durabilité (International sustainability standards board – ISSB) et la directive européenne relative à la publication d’informations en matière de durabilité (CSRD), demandent aux entreprises d’estimer leur exposition aux risques physiques.
Le problème réside, comme toujours, dans la mesure. La difficulté à mesurer l’impact reste le principal obstacle à l’investissement durable. Tant qu’il n’y aura pas de données crédibles sur les risques physiques matériels, le coût de l’inaction restera caché. Les entreprises auront du mal à intégrer ces risques dans leurs stratégies commerciales et leurs plans de transition, et les investisseurs peineront à en tenir compte dans leurs évaluations.
Le rôle de la finance dans la transition
En 2025, les investisseurs mettront également davantage l’accent sur la manière dont ils atteignent leurs objectifs en matière de développement durable.
Le rôle général de la finance dans la transition est contesté. Certains affirment qu’il n’est pas du ressort de la finance d’atteindre de grands objectifs de développement durable, tels que la décarbonation de l’ensemble de l’économie. La finance est là pour apporter le capital, et c’est à d’autres acteurs, comme les gouvernements et les législateurs, de le mobiliser.
L’enquête montre que les investisseurs considèrent toujours la décarbonation des portefeuilles comme le deuxième moyen le plus efficace de générer des résultats positifs (après l’investissement thématique). Or, si elle est pratique à mesurer, cette approche n’a que peu d’impact dans le monde réel et ajoute à la confusion autour du terme ESG. Le simple fait de retirer toutes les entreprises du secteur de l’énergie de votre portefeuille, par exemple, n’empêche pas ces actifs de passer dans d’autres mains.
En conséquence, de plus en plus d’investisseurs examinent la manière dont ils allouent les fonds non seulement à des solutions climatiques, mais aussi à des entreprises qui permettent à ces solutions d’être déployées à grande échelle (par exemple, grâce à l’expansion du réseau). Ils envisagent également un financement de transition pour les secteurs difficiles à décarboner, ainsi qu’un dialogue avec les plus gros émetteurs sur leur passage à une économie à faibles émissions de carbone, ainsi qu’avec les décideurs politiques qui peuvent aider à combler les lacunes réglementaires, économiques et technologiques.
La durabilité entre dans une nouvelle phase
Les politiques et les réglementations ont souvent été élaborées à la hâte pour tenter d’atténuer les dangers liés au climat et à d’autres aspects du développement durable. La précipitation entraîne cependant des risques, comme le montrent les récentes discussions autour de la CSRD. Cette directive pourrait obliger les entreprises à rendre compte de milliers de paramètres dans le cadre de l’évaluation de la double matérialité, qui consiste à aller au-delà du risque financier pour examiner l’impact d’une entreprise sur les autres parties prenantes et sur la société dans son ensemble. Ces exigences ont suscité des réactions négatives et l’UE réexamine à présent cette réglementation, ainsi que d’autres, afin de déterminer dans quelle mesure elle peut alléger la charge de travail des entreprises en matière de reporting.
Ces adaptations, la révision de la réglementation européenne SFDR sur les produits et la remise en question du concept de l’ESG aux États-Unis sont autant d’éléments qui font entrer la durabilité dans une nouvelle phase. Et ce n’est pas forcément une mauvaise chose. Cela pourrait apporter une plus grande clarté sur les questions les plus significatives pour les entreprises à court, moyen et long terme, ce qui se traduirait par des objectifs plus pertinents et plus réalistes, et par une plus grande honnêteté en matière de compromis entre les différents éléments des domaines E, S et G.
[1] La majorité des entreprises ont indiqué qu’elles considéraient les trois volets comme « importants » ou « très importants » pour les décisions d’allocation d’actifs du portefeuille.
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