Donald Trump veut calfeutrer l’économie américaine à l’aide de droits de douane. Or les barrières commerciales, les surtaxes à l’importation et les hausses de prix pourraient peser durablement sur les entreprises et soumettre les marchés boursiers à un stress permanent. Ce faisant, Trump met également à mal un adage boursier.
Par Carsten Roemheld, stratège sur le marché des capitaux
Les bourses politiques, dit-on, ont la mémoire courte. En d’autres termes: les événements politiques peuvent déclencher des turbulences, mais ils n’impactent guère les cours à long terme. Un coup d’œil sur le passé apporte une confirmation empirique: après le déclenchement de la guerre du Golfe, l’attaque du 11 septembre 2001 ou le vote du Brexit, le principal indice américain, le S&P 500, a toujours réagi de façon seulement temporaire par des chutes de cours importantes. Le recul moyen consécutif aux chocs externes a été d’à peine 4,6%¹. Puis, en l’espace de quelques semaines, le marché était à nouveau sur la voie de la reprise. Douze mois plus tard, les rendements en actions étaient déjà revenus aux alentours des moyennes à long terme. Lorsque le président Donald Trump a annoncé début février de nouveaux droits de douane sur les importations en provenance du Canada, du Mexique et de Chine, les contrats à terme sur le S&P 500 sont immédiatement passés dans le rouge², puis ils se sont redressés tout aussi rapidement.
Alors, rien de nouveau? Au contraire. Cette fois-ci, les actrices et acteurs du marché ont en effet été surtout soulagés par le fait que Trump a une fois de plus repoussé, pour l’instant, ses projets. Cette détente ne devrait pas durer, car Trump a récemment imposé de nouvelles barrières douanières aux importations d’acier et d’aluminium³. Et l’automobile devrait bientôt suivre. Ces interventions sur la politique commerciale vont changer la dynamique du marché de façon durable et sur le long terme. Dans ce cas, les bourses politiques auront donc la mémoire nettement plus longue.
Des avertissements dans le passé
En fait, ce n’est pas totalement nouveau. L’embargo sur le pétrole de 1973 est resté dans les mémoires comme un exemple d’avertissement. La réduction des livraisons de pétrole par les pays de l’OPEP avait alors déclenché une poussée inflationniste mondiale et plongé les pays industrialisés occidentaux dans une longue période de stagnation économique. Cela s’est répercuté aussi sur le S&P 500 qui a perdu 37% en un an et a mis plusieurs années à se stabiliser. La leçon à en tirer: des changements aussi importants des conditions économiques pèsent durablement sur les entreprises et les consommatrices et consommateurs.
Le Smoot-Hawley Tariff Act⁴ de l’ancien président Herbert Hoover est un autre exemple, remontant à l’année 1930. À cette époque également, les États-Unis ont massivement augmenté les droits de douane sur plus de 20’000 produits importés, afin de soutenir le marché américain après la crise économique mondiale. Or c’est le contraire qui s’est produit. Une large vague de ventes a déferlé sur les marchés des actions, lorsque les investisseurs ont compris que les barrières commerciales comportaient des risques structurels pour les entreprises américaines, d’autant plus que les autres pays ont réagi avec des droits de douane en représailles. Le commerce mondial s’est effondré de plus de 60% et la crise économique s’est aggravée⁴. Ce n’est qu’avec le bien nommé Reciprocal Tariff Act⁴ de 1934 qu’une baisse progressive des droits de douane et une reprise sur le marché se sont amorcées.
La banque d’investissement Goldman Sachs n’est pas la seule à considérer que l’attitude protectionniste actuelle de Trump représente à nouveau un risque considérable pour le marché boursier américain. Selon David Kostin, stratège en chef pour les actions américaines chez Goldman Sachs Research, une augmentation de cinq points de pourcentage des droits de douane américains pourrait réduire les bénéfices du S&P 500 de 1% à 2%⁵ par action, avec une baisse possible de la croissance économique américaine de 0,4%⁶.
Conclusion
La nouvelle politique douanière des États-Unis devrait laisser des traces plus profondes sur les marchés que de nombreux chocs politiques du passé. Les conflits commerciaux n’augmentent pas seulement les prix des marchandises, ils entraînent aussi un nouvel ordre économique. Les chaînes d’approvisionnement se déplacent, de nouveaux blocs commerciaux apparaissent et d’anciens partenaires s’éloignent. Pour les investisseuses et investisseurs, cela signifie qu’une forte concentration sur les marchés américain ou européen peut être risquée dans cette situation et qu’une diversification ciblée sur plusieurs régions économiques peut en revanche aider à amortir les risques et à compenser les éventuelles pertes subies ailleurs.
Sources :
¹ LPL Research, S&P Dow Jones Indices, CFRA
² https://www.reuters.com/markets/us/tariffs-worry-wall-street-over-earnings-hit-inflation-pressure-2025-02-02/
³ https://www.tagesschau.de/ausland/amerika/usa-trump-zoelle-stahl-aluminium-100.html
⁴ https://corporatefinanceinstitute.com/resources/economics/smoot-hawley-tariff-act/
⁵ https://www.goldmansachs.com/insights/articles/how-tariffs-are-forecast-to-affect-us-stocks
⁶ https://www.handelsblatt.com/finanzen/anlagestrategie/kolumnen/aktien-politische-boersen-bekommen-laengere-beine/100104699.html
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