Alors qu’une vaste majorité de Suisses s’apprêtent à passer leurs vacances d’été hors du pays et donc à utiliser d’autres devises que le franc, nous faisons le point sur la mutation majeure en train se produire dans les systèmes de paiements transfrontaliers.
Jusqu’à aujourd’hui, la chaîne des paiements transfrontaliers a toujours fonctionné grâce au système des banques correspondantes. Cependant, ce modèle aux coûts élevés se retrouve face à une mutation du marché.
À ce jour, les paiements transfrontaliers représentent moins de 20% du trafic total des paiements mais représentent 40% des revenus de ce secteur d’activité. En moyenne sur ces trois dernières années, ils ont généré plus de USD 300 milliards de revenus annuels dans le monde. Dans ce marché, ce sont les particuliers qui paient le prix fort. Selon des études, ils peuvent payer entre USD 20 et USD 60 de frais supplémentaires par transaction en-dessus du spread sur le taux de change. Les marges de ce segment se situent autour de 6.2%. En comparaison, celles du segment des entreprises se situent autour de 0.2%. Malgré une marge plus faible, le segment des entreprises génère 92% du revenu total grâce aux importants volumes qu’elles transfèrent, soit USD 135 trillions par année. Toutefois, l’écart de marge avec le segment des particuliers interpelle.
Les coûts de ce système, déjà importants, sont en progression de par une pression tant réglementaire que compétitive qui menace le modèle traditionnel des banques. Avec des exigences réglementaires toujours plus strictes et la complexité accrue des paiements transfrontaliers, les banques peinent ainsi à maintenir leur réseau de banques correspondantes. En effet, le coût opérationnel se situe en moyenne entre USD 25 et USD 35 par transaction. Parmi les coûts les plus notables, nous retiendrons les coûts de réconciliation entre banques, les coûts de mise en conformité des règles liées au KYC et à l’AML, et enfin les coûts de gestion des liquidités en compte « nostro-vostro ».
Face à ces coûts importants, de nouveaux dispositifs permettraient une diminution de 90% à 95% des coûts opérationnels bancaires actuels. Afin de rester compétitives, les banques se retrouvent sous pression afin de réduire leurs coûts dans des proportions similaires. Ces changements sont fondamentaux et demandent un progrès radical de leurs opérations et de leur infrastructure, notamment dans la traçabilité des paiements et leur gestion en temps réel.
Quels sont donc ces nouveaux dispositifs ? Un peu plus de dix ans après l’arrivée de son prédécesseur, la deuxième Directive sur les Services de Paiement (DSP 2, ou en anglais Payment Services Directive, PSD2) votée en 2015 par le Parlement européen est entrée en vigueur le 13 janvier de cette année dans la plupart des états de l’Union européenne.
La première directive (DSP 1) avait pour objectif principal d’harmoniser les services de paiement de l’Union européenne et de stimuler la concurrence. Il devenait désormais possible d’envoyer et de recevoir des paiements entre pays aussi aisément qu’au sein d’un même pays. Aussi, un nouveau statut d’Établissement de Paiement (EP) a été créé. Ce dernier a permis à de nouveaux acteurs autres que des banques et des établissements de crédit de fournir des services de paiement. Ces nouveautés ont contribué à l’explosion de la tendance Fintech, avec notamment l’apparition de nouveaux services tels que les services d’information sur les comptes (AIS) et les services d’initiation de paiement (PIS). Les prestataires d’AIS permettaient à un utilisateur de services de paiement de regrouper sur une seule interface toutes les informations liées aux soldes et aux opérations réalisées sur l’ensemble de ses comptes. Quant à eux, les prestataires de PIS offraient à un utilisateur d’ordonner ses paiements à partir d’un compte détenu auprès d’un autre établissement. Ces derniers avaient la possibilité de se connecter aux banques des utilisateurs mais n’étaient pas pris en compte par la DSP 1, ce qui engendrait des risques de protection du secret bancaire ou encore de responsabilité en cas de fraude.
Suite à ces mesures, un des principaux axes d’innovation de DSP 2 a été de fournir un nouveau cadre réglementaire entre les banques et ces nouveaux acteurs afin de continuer à stimuler la concurrence. La DSP 2 a ainsi imposé aux banques et aux prestataires de paiement de permettre aux AIS et PIS d’accéder aux informations des comptes clients sur autorisation de leurs titulaires. Un pan entier du monopole des banques venait de tomber.
Surfant sur cette évolution de la réglementation et du comportement des consommateurs, les Fintechs anglaises se sont positionnées en Europe à la pointe de la transformation de ce système des paiements. De DSP 1 sont nés de nouveaux prestataires de services de paiement, tel CurrencyCloud ou WorldPay. Ces derniers se sont connectés aux banques pour l’obtention d’IBAN et l’accès aux comptes, qu’ils ont ensuite redistribués à prix plus compétitifs que ces mêmes banques. Adossés sur ces grossistes, des agents de transfert d’argent comme TransferWise sont apparus avec une valeur ajoutée axée sur des interfaces de qualité et sur une forte philosophie de transparence sur les frais, les cours et les délais de livraison des transferts.
En Suisse, des entreprises Fintechs se sont positionnées pour satisfaire cette nouvelle demande tout en s’adaptant aux spécificités du marché helvétique. Par exemple, chez ibani.com une valeur ajoutée est proposée aux clients en leur permettant de réaliser d’importantes économies sur leurs envois ou réceptions d’argent en devises étrangères grâce à un système d’IBAN dédiés, qui permet notamment aux travailleurs frontaliers de se passer de compte bancaire suisse.
Aujourd’hui, les prestataires de services de paiement (ou en anglais Money Transfer Operators, MTO) contrôlent 40% des revenus globaux en paiements transfrontaliers du segment des particuliers, mais moins de 5% de ceux du segment des entreprises. Cependant, avec des interfaces et des services en constante progression ils sont en train d’infiltrer l’intégralité du marché des paiements transfrontaliers.
En résumé, la mutation de ce marché est poussée par de nouvelles solutions répondant aux défis de ce segment d’activité axées autour de ces trois pôles de valeur ajoutée :
• Le traitement et la gestion en temps réel des paiements, en contraste au traitement par lot, qui élimine la provision de liquidité (coûteuse) et améliore la gestion de l’exposition aux devises.
• L’automatisation des paiements, qui accroît l’efficacité opérationnelle, la traçabilité et la gestion des paiements (lutte contre la fraude et le blanchiment, etc.).
• L’expérience client, qui permet de mieux satisfaire et fidéliser tout en facilitant l’acquisition de clients.
Le trafic de paiements transfrontaliers tend à devenir une activité à très faible marge, voire à prix coûtant, de par son automatisation de plus en plus poussée. Dès lors, les prestataires de services de paiement devront évoluer et proposer à travers des interfaces flexibles et compétitives des services complémentaires à haute valeur ajoutée, ce qui leur permettra d’assurer leur profitabilité et donc leur pérennité dans le paysage des paiements de demain.
Découvrez les solutions proposées par ibani.com
Sources:
Global Payments 2016: Strong fundamentals despite uncertain time, McKinsey & Company (September 2016)
Is Blockchain really the answer to global payments? Graham Seel, 21 September 2016,