L’économie rebondit mais la reprise sera laborieuse et le virus n’a pas rendu les armes. Les marchés ne l’ignorent pas mais ont jusqu’ici choisi le camp des banques centrales. Don’t fight the Fed!

Zoom de Wilfrid Galand, Directeur Stratégiste de Montpensier Finance

 

Les nouvelles prévisions du FMI font froid dans le dos: 8% de contraction du PIB pour les États-Unis en 2020, plus de 10% pour la zone euro et 3% pour le monde émergent. Même la Chine n’échappera pas au marasme selon les experts de Washington avec une toute petite progression de 1%, bien loin de son objectif initial–pré-Covid!–de 6%. Et malgré un retour à meilleure fortune en 2021, le niveau de l’activité sera lent à revenir à son étiage de 2019.

Il en faut plus pour déstabiliser les investisseurs. Après plus de 40% de progression pour la Bourse américaine depuis le 23 mars–sans compter les records historiques du Nasdaq-ils refusent de s’avouer vaincus et consolident leurs niveaux. Le marché pourrait même boucler son meilleur trimestre depuis près de 50 ans pour le S&P, depuis le premier trimestre 1975 pour l’indice mondial et depuis le 4ème trimestre 1999 pour le Nasdaq!

Bien sûr, les marchés font le tri. Pas question de sacrifier la qualité à l’espoir d’un rebond rapide: la prime à la robustesse des profits comme du bilan est clairement de mise et les secteurs les plus attaqués par la crise du CoVid19, comme les transports, les croisières ou l’hôtellerie-restauration peinent à retrouver durablement leur lustre. Bien sûr, la possibilité d’une résurgence épidémique, en particulier aux Etats-Unis via la Floride, l’Arizona ou le Texas, reste une préoccupation et bloque toute euphorie potentielle.

Mais le sentiment général reflété par les indices est bien la résilience face à cet environnement économiquement et socialement très dégradé. Les marchés ont fait le choix de la confiance dans les banques centrales et les gouvernements. Inutile de résister: entre le programme «Pandémie» de la BCE et les différents volets du méga-plan d’intervention de la Fed (y compris un inédit «Main Street Financing Programme» destinés aux ménages et aux PME), et l’ensemble des relances budgétaires ce sont près de 20 000 milliards de dollars d’interventions annoncées soit plus de 20% du PIB mondial!

Ces milliards évitent la crise du crédit que tous les 1observateurs redoutaient. Dans la seule Zone Euro, les flux de crédit aux entreprises non financières publiés par la BCE sont au plus haut depuis 2003, une première en temps de récession. Effet collatéral: l’argent des banques centrales se déverse aussi dans les marchés financiers via les marchés obligataires. Et comme les taux directeurs sont à zéro, il n’y pas d’alternative pour les investisseurs.

Les prochaines semaines nous diront si cette résistance des marchés est à toute épreuve ou si les facteurs de fragilité comme la résurgence de la pandémie aux États-Unis ou la montée des tensions politiques dans ce pays auront raison de l’humeur ambiante. Le SP500 frôle sa moyenne 200 jours. En attendant des signaux clairs, il faut se rendre à l’évidence: se mettre en face des banques centrales est un pari risqué.

 


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