L’évolution des tendances géopolitiques et budgétaires préparent le terrain pour une demande soutenue d’or, tandis que les mineurs d’or pourraient être sur le point de connaître une reprise importante.

Par James Luke, Gérant de fonds, matières premières

 

Malgré des ventes quasi ininterrompues par les investisseurs occidentaux en 2023 et 2024, l’or a facilement franchi ses anciens plus hauts historiques et se négocie actuellement au-dessus de 2’300 dollars américains l’once. Les liquidations occidentales ont été englouties, principalement, par les achats des banques centrales orientales, des investisseurs et des ménages. Cette dynamique de changement a été menée par la Chine, mais elle n’a pas été l’apanage de ce pays, avec des augmentations significatives de la demande également observées au Moyen-Orient et ailleurs.

La fragilité en matière géopolitique et budgétaire – des tendances directement liées aux volets démographiques et de démondialisation du  «3D Reset» – se conjuguent aujourd’hui pour ouvrir la voie à une attraction mondiale durable et multiforme sur les approvisionnements en or. Cela pourrait déclencher, selon nous, l’un des marchés haussiers les plus vigoureux depuis que le président Nixon a fermé le guichet de l’or en novembre 1971, mettant fin à la convertibilité du dollar américain en or.

Les actions aurifères ont maintenant des flux de trésorerie très solides, mais se négocient toujours à des valorisations proches de leur niveau le plus bas

Alors que les prix de l’or se sont redressés, les actions aurifères ont pourtant été à la traîne du prix des lingots. Malgré des fondamentaux financiers solides, tirés par un marché haussier de l’or mené par les marchés de l’Est, les valorisations sont proches de leur plus bas niveau depuis 40 ans en raison du sentiment morne de l’Occident sur l’or et de la mauvaise exécution opérationnelle de certains « leaders » du secteur. Qu’est-ce qui pourrait changer cela?

L’expression «les marchés font des opinions» pourrait être remplacée par «les marges font des opinions» pour les mineurs d’or. Le prix de l’or s’établissant en moyenne à environ 2 200 dollars l’once depuis le début de l’année et l’inflation des coûts devant selon nous ralentir considérablement, nous nous attendons à une très forte expansion des marges et à une génération de flux de trésorerie au cours de l’année. Nous pensons qu’il deviendra difficile d’ignorer les fortes liquidités et la discipline financière et qu’avec le temps, le sentiment négatif commencera à s’estomper.

Après tout, il n’est pas exagéré de dire que le secteur des mines d’or pourrait augmenter de 50% tout en restant bon marché. Avec une capitalisation boursière totale d’environ 300 milliards de dollars américains, le secteur des actions aurifères a été pratiquement ignoré, mais nous pensons que cela va changer. Nous estimons que c’est le bon moment pour inclure les actions aurifères dans une allocation pluriannuelle de métaux précieux.

2024.07.04.Gold EV

La vigueur de l’or reflète une évolution vers un monde plus multipolaire

Le durcissement des lignes de fracture géopolitiques autour de la rivalité entre les États-Unis et la Chine et les sanctions imposées à la Russie après l’invasion de l’Ukraine en 2022 ont entraîné des achats record d’or par les banques centrales en tant qu’actif de réserve monétaire. Les 300 milliards de dollars d’avoirs de réserve russes gelés disent haut et fort ce que la «militarisation» du dollar américain – l’hégémonie du dollar si l’on veut – peut vraiment signifier. Les émissions massives de bons du Trésor américain pour financer des déficits sans fin suscitent également des interrogations sur la viabilité de la dette à long terme. Les banques centrales – la Chine, Singapour et la Pologne, les plus importantes en 2023 – ont écouté, bien que les achats records n’aient jusqu’à présent fait passer les réserves d’or en proportion des réserves totales que de 12,9% fin 2021 à 15,3% fin 2023.

Considérés à long terme, les achats des banques centrales reflètent bien l’évolution de la dynamique géopolitique et monétaire/budgétaire mondiale. Entre 1989 et 2007, les banques centrales occidentales ont vendu autant d’or qu’elles le pouvaient pratiquement, limitées après 1999 par les accords sur l’or conclus par les banques centrales pour maintenir l’ordre des ventes. Dans un monde de l’après mur de Berlin et de l’après Union soviétique, où la démocratie libérale dirigée par les États-Unis était en plein essor, où la mondialisation s’accélère et où les chiffres de la dette américaine étaient d’un autre temps par rapport à ceux d’aujourd’hui, la «démonétisation» de l’or en tant qu’actif de réserve semblait tout à fait logique.

La crise financière de 2008, l’introduction de l’assouplissement quantitatif et les tensions géopolitiques naissantes ont suffi à mettre un terme aux ventes occidentales et à amener doucement les banques centrales des marchés émergents sur le marché de l’or à hauteur d’une moyenne de 400 tonnes par an entre 2009 et 2021. Des chiffres importants(plus de 10% de la demande annuelle) mais pas stratosphériques.

Les plus de 1 000 tonnes d’or (20 % de la demande mondiale) achetées par les banques centrales en 2022 et 2023, un taux qui s’est poursuivi au premier trimestre 2024, sont potentiellement stratosphériques. Il semble tout à fait plausible que la dynamique tendue actuelle entre les opérateurs historiques et les puissances montantes, combinée à la fragilité budgétaire qui plane non seulement sur la monnaie de réserve émettrice des États-Unis, mais aussi sur l’ensemble du bloc économique avancé, puisse déclencher un mouvement soutenu vers l’or.

En clair, le marché de l’or n’est pas assez important pour absorber un mouvement aussi soutenu sans hausse de prix significative, en particulier si d’autres acteurs mondiaux tentent également d’entrer à peu près au même moment.

2024.07.04.Gold central banks

Demande croissante des investisseurs chinois alors que l’attrait de l‘immobilier s’estompe

Les ménages chinois, qui ont ajouté des millers de millards de dollars américains à une surabondance d’épargne déjà record en 2022 et 2023, sont l’un de ces acteurs. La fin du marché haussier de l’immobilier, qui a duré trente ans, a été la clé pour déclencher un énorme changement d’attitude envers l’or. L‘augmentation de la préférence des investisseurs pour l’or a reflété le déclin de l’immobilier.  Selon nous, la demande d’or plus forte des ménages n’est pas un phénomène temporaire.

2024.07.04.China gold

Les investisseurs occidentaux, dont les ventes n’ont pas suffi à arrêter les prix records de l’or, sont un autre acteur clé qui pourrait bien passer du statut de vendeur à celui d’acheteur au cours des prochains trimestres. Les achats (et les ventes) d’investissements occidentaux ont suivi de manière fiable les inflexions de la politique monétaire. Un assouplissement cyclique semble toujours probable cette année et un avenir dominé par les finances publiques suggère qu’une intervention de la Réserve fédérale sera nécessaire pour maintenir la solvabilité et la liquidité du marché des bons du Trésor. L’or restera une couverture pertinente contre la crédibilité budgétaire des banques centrales et, plus largement, des États, que les investisseurs occidentaux utiliseront.


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