Les risques géopolitiques augmentent. C'est particulièrement vrai au Proche-Orient, où l'Iran prépare une attaque militaire contre Israël.
Par Prof. Dr. Jan Viebig, Chief Investment Officer
Une nouvelle étape d’escalade pourrait ainsi être franchie, dont les conséquences pourraient affecter le monde entier. Par le passé, plusieurs conflits militaires au Moyen-Orient ont déjà ébranlé le monde:
- la guerre des Six Jours, du 5 au 10 juin 1967, …
La guerre des Six Jours a d’abord renforcé une tendance à la baisse du S&P 500 déjà existante, due à la récession. Assez rapidement après la fin de la guerre, les marchés boursiers américains se sont redressés – le S&P 500 a atteint un sommet annuel en septembre 1967.
- la guerre du Yom Kippour du 6 au 25 octobre 1973….
Les conséquences de la guerre du Yom Kippour se sont fait sentir partout dans le monde, puisqu’elle a déclenché la crise des prix du pétrole de 1973. Les pays arabes producteurs de pétrole réduisirent leur production et augmentèrent drastiquement leurs prix afin de faire pression sur l’Occident, qui soutenait principalement Israël lors de la guerre du Yom Kippour.
Le vendredi 6 octobre 1973, le S&P 500 était à 110 points. La bourse américaine est tombée à 62 points le 13 octobre 1974. Les conséquences de la crise des prix du pétrole ont pesé plus lourd que la guerre, qu’Israël a rapidement remportée. En raison de la stagflation qui a suivi le choc pétrolier, ce n’est qu’à l’été 1979 que le S&P 500 a retrouvé un niveau supérieur à celui du début de la guerre du Yom Kippour.
- la première guerre du Golfe de 1980 à 1988….
La révolution islamique en Iran en 1979 et la guerre avec l’Irak qui s’en est suivie ont déclenché le deuxième choc pétrolier. Le déclenchement de la première guerre du Golfe, le 22 septembre 1980, a laissé peu de traces sur les marchés boursiers. Le S&P 500 a d’abord continué à grimper jusqu’à un sommet cyclique de 113 points début décembre 1980 et n’a commencé à baisser qu’à partir de ce moment-là. Fin août 1982, le S&P 500 dépassa toutefois à nouveau la barre des 113 points et, sous l’effet de la lutte réussie contre l’inflation et des fameuses « Reaganomics », entama une hausse vigoureuse et durable.
- La deuxième guerre du Golfe de 1990/1991.
Lorsque la guerre a éclaté, le S&P 500 était déjà engagé dans un mouvement de baisse. L’indice a continué de chuter, passant de 345 points le 2 août 1990 à 295 points en octobre 1990. Mais l’entrée en guerre des États-Unis a déclenché une forte hausse sur les marchés boursiers américains, qui s’est poursuivie bien au-delà de la guerre.
- la troisième guerre du Golfe de 2003….
Les marchés boursiers américains ont réagi à l’entrée des troupes américaines par de fortes hausses de cours. Le S&P 500 est passé de 801 points le 11 mars 2003 à 1010 points à la mi-juin 2003 et a poursuivi son ascension au cours des mois suivants.
Quelles leçons peut-on tirer du passé?
1. la volatilité augmente typiquement juste avant et au début d’un conflit militaire. On observe de plus en plus souvent des fluctuations de cours très importantes à la baisse, mais aussi à la hausse. Le risque sur les marchés financiers augmente.
2) Une escalade au Proche-Orient peut provoquer de graves perturbations sur les marchés du pétrole et du gaz naturel. C’est précisément pour cette raison que nous observons actuellement ces marchés de manière particulièrement intensive. La situation sur les marchés de l’énergie est déjà tendue en raison de l’embargo contre la Russie et d’éventuelles autres sanctions contre le président vénézuélien Maduro. L’histoire le montre : les crises au Proche-Orient peuvent perturber considérablement l’évolution macroéconomique à court et moyen terme par le biais de chocs des prix de l’énergie et de goulets d’étranglement dans la chaîne d’approvisionnement.
3) Mais à très long terme, les cours des actions augmentent – comme le montre le graphique ci-dessous – malgré tous ces conflits militaires. Les investisseurs à long terme ont donc tout intérêt à garder la tête froide dans de telles crises. Garder la tête froide signifie pour nous: dans la situation actuelle, nous maintenons un positionnement neutre. Si les cours des actions qui présentent une qualité élevée chutent en dessous de leur valeur intrinsèque, nous les achèterons et les conserverons à long terme ».