Les investisseurs ont accueilli 2024 avec une certaine prudence malgré l'optimisme soulevé par le rebond des principaux actifs en fin d'année 2023. En effet, les gains des marchés à la fin 2023 avaient été alimentés par la perspective d'un assouplissement de la politique monétaire des grandes banques centrales dès le premier trimestre 2024.

Par Patrick Chotard, CEO

 

Cependant, la probabilité effective d’un changement imminent de politique est désormais remise en question alors que les décideurs font preuve de circonspection. La Réserve Fédérale et ses homologues européennes ont maintenu leurs taux directeurs inchangés lors des trois dernières réunions, maintenant ainsi les coûts d’emprunt à un niveau élevé puisque l’inflation reste marquée dans de nombreuses économies. Dans l’attente de signaux sur le calendrier de la première baisse de taux, les dernières données économiques brossent une image plus trouble des perspectives inflationnistes et de la croissance.

Avec une inflation qui se montre tenace et une expansion mondiale perdant de son élan, les banquiers centraux ne semblent pas pressés d’assouplir les conditions financières. De ce fait, les investisseurs ont adopté une posture dépendante des statistiques, scrutant avec attention les chiffres de prix et les indicateurs de production pour déceler si l’inflation continuait de stagner au-dessus des objectifs ou si elle reculerait enfin. Une attention particulière est portée à la capacité des États-Unis à réaliser un atterrissage en douceur de leur économie, trouvant le bon équilibre entre maîtrise de l’inflation et croissance modérée, sous ses tendances.

Perspectives et risques émergents

Si les prévisions macroéconomiques n’augurent pas directement le pessimisme, des incertitudes planent dans un environnement politique sans précédent. Le FMI projette une croissance mondiale de 2,9% pour 2024, similaire à l’estimation de 3,0% pour 2023. L’inflation américaine et de la zone euro devrait également se stabiliser autour des objectifs. Cependant, les investisseurs redoutent que les banques centrales ne commettent d’erreur dans leur tentative d’obtention d’atterrissages en douceur, provoquant involontairement une récession par un resserrement excessif.

En raison des valorisations boursières élevées et des risques persistants liés aux taux d’intérêt, à la géopolitique et aux bénéfices, des turbulences sur les marchés sont anticipées. Les entreprises avec des bilans solides sont favorisées pour mieux résister aux éventuelles tempêtes. L’or demeure attractif en tant que valeur refuge pouvant compenser l’inflation si les rendements reprennent leur déclin.  D’autre part, il est conseillé de se montrer prudent vis-à-vis des titres obligataires liés (aussi appelés CLN) en raison d’un potentiel accroissement futur du risque de crédit. Il est avisé de gérer attentivement les investissements spéculatifs dans des actifs tels que le pétrole.

Des surprises à la baisse concernant la croissance pourraient affecter les prix des actifs à risque tels que les matières premières et les actions. Les attentes de baisse des taux reportée pourraient également entraîner une hausse des rendements Les prochains résultats financiers comportent des risques, car les estimations sont élevées, tandis que les élections politiques peuvent introduire de nouvelles dynamiques populistes. Le suivi continu de ces risques et opportunités émergents sera crucial dans l’évolution du paysage d’investissement en 2024.

Recommandations stratégiques de Lynceus Partners

Au vu des valorisations et des vents contraires persistants, la volatilité semble devoir perdurer. Deux thèmes se démarquent ce mois-ci. Premièrement, les entreprises dotées de positions financières solides et d’un faible endettement sont les mieux équipées pour résister à d’éventuels chocs. Deuxièmement, les dividendes offrent des flux de revenus fiables et servent de protection contre l’inflation, caractérisant de nombreuses entreprises positionnées de manière défensive.

Le niveau d’endettement des entreprises

Dans le contexte d’incertitude qui prévaut actuellement sur les marchés d’actions, marqué par la chorégraphie complexe des investisseurs cherchant à jauger le calendrier de la première baisse de taux des principales banques centrales et la menace persistante d’une hausse des coûts d’endettement des sociétés, notre recommandation stratégique fait écho à l’appel en faveur d’entreprises à bêta contenu. Ces entités ont prouvé qu’elles pouvaient non seulement résister à la volatilité des marchés, mais aussi de démontrer une capacité de croissance résiliente dans la durée.

Les pressions inflationnistes, issues des prix des matières premières et de la dynamique salariale, devraient maintenir l’inflation à un niveau élevé au cours des premiers mois de 2024. Cela se traduira par une conjoncture où certaines sociétés pourraient avoir du mal à refinancer leur dette à des niveaux plus élevés que ceux observés au cours de la dernière décennie. La conjonction de taux d’intérêt élevés et d’une trajectoire de croissance mondiale décélérée pourrait assombrir les bénéfices et les valorisations d’entreprise. . La justification de préconiser des entreprises avec des ratios d’endettement faibles réside dans leur position avantageuse pour obtenir un financement externe à un coût moindre, renforcée par la perception d’un risque réduit par les créanciers. Cette démarche stratégique leur permet de soutenir leur croissance et leur développement sans compromettre leur pérennité, les distinguant de leurs concurrents aux prises avec des défis de refinancement. Les secteurs susceptibles de bénéficier de cette recommandation comprennent les services publics, les biens de consommation de base, l’aérospatiale/défense, l’énergie et la santé.

Dividendes

Quant à la deuxième recommandation, elle vise également à promouvoir les entreprises capables de faire face à l’incertitude de l’environnement macroéconomique actuel. Les sociétés faisant preuve d’une capacité constante à verser des dividendes supérieurs à la moyenne du marché émergent comme un phare de stabilité dans les périodes économiques mouvementées.

Les investisseurs optant pour des entreprises offrant des rendements élevés en dividendes peuvent tirer parti d’une combinaison puissante de flux de revenus fiables et d’une protection contre l’érosion du pouvoir d’achat. Cette stratégie apporte non seulement un sentiment de sécurité dans un contexte économique difficile, mais positionne également les investisseurs pour capitaliser sur le potentiel de croissance à long terme inhérent aux sociétés versant des dividendes. Les analyses de Morgan Stanley soulignent qu’en particulier dans un environnement où l’inflation dépasse le seuil des 2% avant d’entamer un reflux, les titres à hauts dividendes ont tendance à afficher de solides performances.

Les entreprises affichant une politique de dividendes pérenne font souvent preuve d’une situation financière saine, reposant sur un modèle commercial mature et des flux de trésorerie suffisants pour assurer le paiement régulier de dividendes. Dans un contexte de projections tablant sur une augmentation de 5% du taux de dividende pour les sociétés européennes en 2024, les dividendes apparaissent résilients face aux cycles de ralentissement économique. Dans la mesure où les bénéfices des entreprises pour l’exercice 2024 devraient être inférieurs aux prévisions, adopter les stratégies d' »Aristocratie des Dividendes » et de « Rois des Dividendes », privilégiant les sociétés affichant depuis des décennies des hausses constantes de dividendes, s’impose comme un choix prudent. Pour les investisseurs prudents, les titres versant des dividendes représentent un placement à faible volatilité, générant des flux de trésorerie réguliers et prévisibles. Les principaux bénéficiaires de cette recommandation comprennent des secteurs tels que l’énergie, la finance, la santé, les services publics, les biens de consommation de base et les équipementiers.

En centrant ses recommandations sur la résilience financière des entreprises et leur capacité à verser des dividendes, Lynceus Partners cherche à naviguer au milieu des turbulences macroéconomiques actuelles et à aider les investisseurs à traverser les périodes d’incertitude de l’année à venir. Dans l’ensemble, 2024 s’annonce avec davantage de points d’interrogation qu’une dynamique manifeste. La patience et la sélectivité serviront mieux les investisseurs qu’une exposition généralisée. Les sociétés à faible risque, générant une croissance organique et/ou des versements de dividendes semblent les mieux adaptées à cette opacité ambiante. Si les données macroéconomiques ou de bénéfices venaient à s’améliorer, des opportunités émergeront probablement pour réallouer des capitaux vers des valeurs plus cycliques. Pour l’instant, la prudence demeure l’approche optimale.

Rester informé et rechercher des conseils professionnels

Les investisseurs doivent rester informés et consulter des professionnels de la finance avant de prendre des décisions d’investissement L’environnement de marché peut évoluer rapidement et il est essentiel de comprendre les implications des développements en cours. Pour des discussions approfondies sur la manière de tirer parti des conditions actuelles du marché, les lecteurs sont encouragés à contacter un représentant Lynceus Partners ou à envoyer un email à info@lynceus-partners.com.

 


Veuillez noter que cet article est uniquement à des fins informatives et ne doit pas être considéré comme un conseil financier ou une recommandation pour aucune stratégie d’investissement spécifique.