Quelle est la marge de progression des bourses? telle est l'éternelle question sur les marchés financiers, qui se pose actuellement sous un nouveau jour. Dans quelles circonstances et pour quels investisseurs les investissements dans des actions à dividendes soigneusement sélectionnées peuvent-ils constituer une alternative dans le contexte de marché actuel?

Par Prof. Dr. Jan Viebig, Chief Investment Officer

 

Dr. Jan Viebig

Les actions à dividende sont intéressantes pour deux groupes d’investisseurs en particulier. Tout d’abord, elles s’adressent à tous les investisseurs qui tirent des revenus réguliers de leurs placements et qui souhaitent néanmoins participer aux opportunités offertes par les actions. Ensuite, les investissements en actions à dividende valent également la peine d’être envisagés du point de vue de la gestion des risques. En effet, les actions à dividendes peuvent contribuer à la diversification de nombreux portefeuilles d’actions et donc à la réduction du risque global du portefeuille.

…En période de fortes hausses de cours, les actions des entreprises qui distribuent régulièrement des dividendes élevés sont généralement peu recherchées. En effet, ces titres ont tendance à rester à la traîne du marché pendant les phases de hausse boursière. Mais dans les périodes où le risque de retournement des cours a augmenté, les actions à dividendes développent leurs atouts: Elles offrent aux investisseurs, indépendamment des fluctuations de cours, la promesse d’une participation régulière aux bénéfices de l’entreprise. Toutefois, comme tout investissement sur les marchés boursiers, l’investissement dans des actions à haut rendement en dividendes exige une discipline rigoureuse…

Tout d’abord, nous parcourons le marché à la recherche de « grandes entreprises » qui proposent des produits et des services avec une position concurrentielle forte. En outre, le rendement des capitaux propres doit être supérieur au coût des capitaux propres à long terme. Nous recherchons des entreprises qui utilisent leurs actifs de manière efficace, qui génèrent un chiffre d’affaires élevé et qui ont un endettement modéré. Avant d’investir dans une action, nous veillons toujours à son évaluation, notamment sur la base du rendement du cash-flow libre. Pour ce faire, nous mettons en relation le cash-flow libre d’une entreprise après investissement avec la valeur de marché des actions plus les dettes à long terme.

Seules quelques actions survivent à ce screening méticuleux. Pour nos stratégies d’actions à dividendes, nous sélectionnons dans cet univers les titres qui remplissent trois critères:

  • Le montant du dividende et le rendement du dividende qui en découle sont bien entendu des aspects importants.
  • Le dividende doit avoir été augmenté ou au moins maintenu au même niveau au cours des trois, cinq et dix dernières années.
  • Le taux de distribution doit se situer entre 40% et 70% des bénéfices. Dans cette fourchette, nous sommes convaincus que les actionnaires participent de manière modérée aux bénéfices et que cela laisse aux entreprises une marge de manœuvre pour investir.

Une conséquence de ces critères stricts dans la sélection des actions à dividendes est que la moyenne du retour sur capital investi (ROIC) – le rendement du capital investi – dans nos stratégies à dividendes est de 15,6 pour cent, alors que la moyenne du marché est de 9,6 pour cent. Les entreprises qui répondent à ces critères ont été par le passé, par exemple, le groupe d’assurance allemand Allianz, son concurrent français Axa, l’investisseur financier international Partners Group basé en Suisse, le fabricant français de verre plat et de matériaux de construction Saint Gobain ou encore le distributeur américain de climatiseurs, d’appareils de chauffage et de refroidissement Watsco…

Ces dernières années, les choses ont également beaucoup bougé dans le domaine des actions à dividendes. Aujourd’hui, même les entreprises technologiques procèdent régulièrement à des distributions de bénéfices à leurs actionnaires. Ceux-ci s’y étaient généralement refusés par le passé en invoquant les investissements importants nécessaires à leur croissance. Toutes actions confondues, les taux de distribution actuels par rapport au MSCI Europe sont actuellement relativement faibles en comparaison à long terme, ce qui laisse une marge de manœuvre pour augmenter les dividendes. La saison des dividendes (d’avril à juin) est encore devant nous et laisse espérer que les actionnaires participeront cette année encore relativement généreusement aux bénéfices des entreprises…