Malgré les incertitudes politiques en France, ODDO BHF estime qu'un certain nombre de raisons plaident actuellement en faveur des petites et moyennes capitalisations européennes, c'est-à-dire des titres dont la capitalisation boursière se situe entre 200 millions et 10 milliards d'euros.
Par Laurent Denize, Co-CIO
L’entrée dans le cycle de baisse des taux d’intérêt soutient les petites et moyennes capitalisations, notamment en Europe
Début 2022, la BCE a lancé le cycle de hausse des taux d’intérêt le plus rapide et le plus étendu de l’histoire de l’Europe. Il a été l’une des principales raisons de la sous-performance des petites et moyennes capitalisations, car elles financent généralement davantage leur croissance par l’emprunt que les grandes capitalisations. Avec l’assouplissement de la politique monétaire qui s’amorce, les effets de ces deux dernières années seront inversés. Cela devrait profiter aux petites et moyennes entreprises.
Les petites et moyennes capitalisations profitent de la hausse des données conjoncturelles
Compte tenu des bonnes surprises concernant les données macroéconomiques « douces » et d’une conjoncture intérieure plus forte en Europe par rapport aux États-Unis, les petites et moyennes capitalisations européennes devraient en profiter. Les indices des directeurs d’achat (PMI), qui présentent une forte corrélation avec la performance des petites et moyennes capitalisations, constituent un indicateur avancé important. Une amélioration de ces indices, comme nous avons pu l’observer ces derniers temps, est pour Denize un signal supplémentaire de hausse des cours des petites et moyennes capitalisations. Le fait que les cours des petites capitalisations européennes ne reflètent pas encore la tendance à la hausse des indices des directeurs d’achat laisse présager une reprise encore plus forte.
L’évaluation relative des petites et moyennes capitalisations presque à son plus bas niveau depuis 20 ans
La décote de valorisation des petites et moyennes capitalisations par rapport aux grandes capitalisations a atteint un niveau tel qu’un retour à la moyenne semble inévitable, en particulier en Europe », écrit le stratège en chef des investissements. Actuellement, le ratio cours/bénéfices des petites et moyennes capitalisations européennes est de 12,5, ce qui correspond à une décote d’environ 5% par rapport aux grandes capitalisations. Sur les 17 dernières années, le Stoxx Mid 200 affiche une prime de 12% par rapport au Stoxx Large 200. Actuellement, il se négocie toutefois avec une décote de 4%. Une correction de cette nette sous-évaluation semble plus que nécessaire. En conséquence, nous pensons qu’à l’avenir, les petites et moyennes capitalisations se négocieront à nouveau avec une prime par rapport aux grandes capitalisations, ce qui représenterait un potentiel de surperformance à deux chiffres.
La performance des petites et moyennes capitalisations reste en deçà de la forte dynamique des bénéfices
Les révisions de la croissance des bénéfices constituent un signal important pour un retour sur le segment des petites et moyennes capitalisations. En Europe comme aux États-Unis, il y a des raisons d’être optimiste à cet égard, car les révisions à la hausse des estimations de bénéfices sont nettement plus importantes que pour les grandes capitalisations. En Europe, les prévisions de croissance des bénéfices pour 2024 sont de +8% pour les petites capitalisations et de +13% pour les moyennes capitalisations. Pour les grandes capitalisations, les estimations sont inférieures à +3%. Tout porte à croire que la longue période de vaches maigres pour les petites et moyennes capitalisations est terminée.
Il est temps de se positionner sur les petites valeurs
On peut suggérer aux investisseurs de se repositionner sur le segment des petites et moyennes capitalisations, avec une préférence pour les moyennes capitalisations, qui offrent une meilleure dynamique de croissance des bénéfices avec des décotes de valorisation comparables. Les bilans sont également plus solides. Au niveau régional, l’Europe peut être préférée tactiquement aux États-Unis. En ce qui concerne les secteurs, il faut revenir de manière sélective dans la classe d’actifs. Il faut privilégier les secteurs qui bénéficient d’une reprise économique et d’une baisse des taux d’intérêt. Il s’agit notamment des titres des secteurs de l’industrie, de la santé, de la technologie, des biens de consommation cycliques et des matériaux de base. La préférence va aux entreprises présentant un faible risque de refinancement et des bénéfices en hausse, qui devraient profiter d’une amélioration de l’environnement macroéconomique. Les modèles commerciaux disruptifs et rapidement évolutifs sont également intéressants. Les entreprises devraient également être en mesure d’autofinancer leur croissance et de rester rentables quel que soit le contexte économique. Dans le cadre de ces garde-fous, le moment est bien choisi pour investir à nouveau dans les petites et moyennes capitalisations. Pour les valeurs françaises, la patience est de mise après la dissolution de l’Assemblée nationale: Il ne s’agit pas seulement des titres représentés dans les indices français, mais aussi de la part du chiffre d’affaires qu’ils réalisent en France. Si des opportunités se présentent après les élections, il sera encore temps de les saisir.