La société genevoise de gestion d’actifs QUAERO CAPITAL célèbre les 20 ans de son fonds amiral Quaero Capital Funds (Lux) – Argonaut, qui investit en micro caps européennes (incluant la Suisse et le Royaume-Uni). Géré selon une pure approche «value» par Philip Best et Marc Saint John Webb, Argonaut a obtenu, depuis son lancement à fin mai 2003, une performance cumulée s’élevant à +740.7% contre +514.9% pour l’indice EMIX Smaller European Companies Index NR EUR]. Alors qu’il a été longtemps fermé à de nouveaux investisseurs, Argonaut ouvre temporairement ses portes pour une durée et des montants limités.

Pourquoi avoir choisi cet univers d’investissement et en quoi votre «style» se différenciait par rapport aux fonds concurrents? 

Philip Best

Notre stratégie se repose sur deux piliers: le premier est que nous nous concentrons sur les micro caps, qui sont souvent laissées de côté par les autres investisseurs professionnels. De ce fait, ces «toutes petites» sociétés sont souvent mal-valorisées par les marchés et rarement suivies par les analystes. Le deuxième pilier est notre philosophie « Value » … un style d`investissement qui représente seulement 4% des fonds small & mid cap européens. Nous sommes convaincus qu’à long terme une approche «Value» apporte un meilleur rendement avec moins de risque. D’ailleurs, les résultats le prouvent[1]…

Est-ce que la barrière de la langue vous a empêché d’investir dans certains pays? 

Marc Saint Jhon Webb

Non – l’anglais est vraiment devenu la langue des affaires en Europe et au-delà. Cependant, nous avons récemment rencontré une société de blanchisserie industrielle italienne dont le CEO et le CFO ne parlaient pas anglais. Une première! Ils ont même eu recours aux services d’un interprète lors de notre rendez-vous. Le plus étonnant est peut-être qu’ils avaient des plans d’expansion en Amérique latine alors qu’aucun membre du management ne parlait l’espagnol.

2008 a montré que la liquidité était une notion importante. Avez-vous changé une partie de votre manière d’investir suite à cette crise? 

Non, pas du tout. Notre stratégie d’investissement reste inchangée depuis 2003. La liquidité a toujours été un problème dans ce segment de marché mais c’est un problème que nous savons gérer. Nous avons entendu un investisseur dire un jour: «Je n’investis que dans les small caps liquides». C’est un non-sens! Il faut juste savoir comment naviguer dans un univers peu liquide: trouver des contreparties adéquates et traiter un maximum hors-marché. Ce n’est pas toujours facile mais c’est l’illiquidité qui nous apporte des opportunités sous-valorisées. Une démonstration qu’un problème est aussi une opportunité…

L’ESG est devenu une notation incontournable pour une partie des investisseurs. Considérant votre univers d’investissement qui comporte des sociétés de petites tailles comment appliquez-vous les critères ESG? 

Les sociétés qui nous occupent sont, pour la plupart, non-suivies par les agences de notations ESG. Dès lors, nous faisons nos propres analyses ESG en collaboration avec l’équipe ESG de Quaero Capital, ce qui veut dire que nous sommes beaucoup plus impliqués dans la recherche ESG que si nous sous-traitions cette responsabilité à une ou des agences. Notre approche ESG comporte également une part importante d’engagement auprès du management des sociétés dans lesquelles nous percevons des besoins d’amélioration (en particulier pour ce qui concerne les pratiques ESG). Nous les assistons dans leur démarche de durabilité et les aidons notamment à obtenir une notation de la part des agences indépendantes.

Avez-vous changé de positionnement depuis la crise du covid et durant ces 12 derniers mois? 

Non! Encore une chose que nous n’avons pas changée depuis 2003! Notre intention est toujours d’identifier des sociétés mal-valorisées dont le bilan est solide, tout en offrant une «marge de sécurité» et un profil rendement/risque favorable.

Quels sont les principaux enseignements que vous avez tiré durant ces 20 années ? 

Que l’univers des small caps représente un vivier vaste et profond qui ne s’épuise pas. Il faut être clair sur les critères: les sociétés solides et faiblement valorisées représentent des opportunités. Il faut éviter les sociétés qui proposent des produits trop «sexy» et présentent des profils de croissance époustouflants – qui risquent de décevoir plus tard. Il vaut mieux privilégier les sociétés bon marché qui peuvent paraître «boring» mais dont les ambitions du management sont bien alignées avec les attentes des actionnaires.

Enfin, je dirais qu’il faut souvent faire preuve de patience. Rome ne s’est pas faite en un jour…

 

[1] La performance du fonds depuis le lancement le 31.05.2003 est de +741% (à fin avril 2023) par rapport à +515% pour son indice, EMIX Smaller European Companies Index NR EUR.