En 2022, le fonds Alken European Opportunities a enregistré l’une des meilleures performances des fonds d’actions européennes. Rencontre avec Nicolas Walewski, le fondateur d’Alken Asset Management et gérant par délégation des stratégies actions de l’Alken Fund.
Votre gestion sur les valeurs décotées (value) vous permet de figurer parmi les meilleurs gérants d’actions européennes. Comment expliquez-vous cela?
La patience nous a récompensé. Nous sommes des investisseurs de long terme. Nous achetons des sociétés qui nous semblent décotées. Historiquement, la gestion value surperforme sur le long terme le style croissance. Durant la dernière décennie, le style croissance a surperformé à cause de l’importante création monétaire des banques centrales. Mais c’est un phénomène qui est appelé à se normaliser ces prochaines années.
Mais après vos bons résultats, on pourrait penser que la value a moins de potentiel, non?
Si vous partez du principe que l’avenir est par nature incertain, investir dans des valeurs peu chères vous offre une plus grande marge de sécurité. Au-delà de ça, il me semble que le style value n’est qu’au début d’un phénomène de rattrapage qui devrait durer de nombreuses années. Aujourd’hui, l’écart entre les valeurs aux plus hauts multiples et celles aux plus bas multiples se situe très largement en dehors des moyennes historiques de long terme. Or depuis deux ans, on assiste à une remontée des taux d’intérêt. Mathématiquement, cet écart aurait dû se resserrer. Il est donc fortement probable que privilégier dans ses portefeuilles des titres bas multiples devrait conduire à une forte surperformance.
A vous écouter, il suffirait donc de mettre des titres du secteur de l’énergie dans un portefeuille et d’attendre, c’est bien cela?
Nous ne sommes pas des investisseurs thématiques. Nous investissons dans des sociétés qui nous semblent attractives. Comme l’énergie a été délaissée depuis de nombreuses années, elle présente actuellement des valorisations attractives. Ceci dit, nous trouvons pour notre portefeuille des valeurs value dans tous les segments de la cote.
Ces 5 dernières années ont quand même été difficiles pour les spécialistes des valeurs décotées et force est de constater qu’une société comme LVMH trône au sommet de la capitalisation boursière européenne. Que répondez-vous à ceux qui vous le font remarquer?
Le secteur du luxe a bénéficié, comme souvent historiquement, d’un effet richesse au niveau mondial. Les bénéfices du luxe ont d’ailleurs connu une forte accélération ces trois dernières années. Nous ne sommes pas sûrs que cela soit soutenable si l’effet richesse s’estompe.
Vers quels secteurs convient-il de se tourner aujourd’hui?
Nous privilégions ce qui a été sous-investi et de ce point de vue-là, les opportunités ne manquent pas. Songez à l’énergie avec une société comme TotalEnergies dont la capitalisation boursière de 150 milliards d’euros génère un retour pour l’actionnaire de 17% par an, le tout avec un pétrole à 85 dollars. En Europe, les banques voient leurs marges augmenter. Dans la distribution, certaines entreprises sont en train de gagner des parts de marché dans un contexte où le consommateur cherche à préserver au mieux son pouvoir d’achat.
L’inflation justement. Pensez-vous que ce soit un phénomène déjà sous contrôle?
Le marché anticipait récemment une normalisation de l’inflation à des niveaux inférieurs à 2% d’ici début 2024. Ce scénario reste incertain. La transition énergétique et le manque de main-d’œuvre constituent autant de phénomènes inflationnistes à surveiller. Nous restons donc vigilants.