Les mesures japonaises visant à améliorer les déclarations d’émissions de carbone sont devenues inséparables des efforts liés à la réduction des participations croisées et pourraient finir par accélérer leur élimination.

Par Tomohiro Ikawa, Head of Engagement et Portfolio Manager & Yi Hu, Investment Writer

 

Tomohiro Ikawa

Les participations croisées sont un vestige de la triste époque d’esprit de clan des entreprises japonaises, où les grandes sociétés prenaient des participations stratégiques les unes dans les autres pour se défendre contre des rachats hostiles et contrôler au maximum les décisions d’entreprise, souvent au détriment des intérêts des petits actionnaires. Si l’étendue de ces participations croisées a diminué ces dernières années, elles représentent toujours plus de 8% du total des capitaux propres sur le marché japonais et restent un casse-tête en matière de gouvernance d’entreprise.

Un remède improbable à ce problème est apparu dans le cadre des efforts déployés par le Japon pour améliorer la déclaration des émissions de carbone. Selon les nouvelles normes proposées, les sociétés japonaises devraient prendre en compte l’empreinte carbone de leurs partenaires en participations croisées aussi bien que la leur, tout en divulguant aussi les émissions au long de leurs chaines de valeur. Une analyse de Fidelity International a montré que, d’après les nouvelles règles de déclaration, les émissions bondiraient pour les entreprises japonaises avec des participations croisées importantes.

Le plan de durcissement de la divulgation des émissions conformément aux normes internationales mettra la pression sur les entreprises japonaises pour qu’elles réduisent encore leurs participations croisées, ce qui pourrait enfoncer un nouveau clou dans le cercueil de ce problème de gouvernance de longue date au Japon. Les investisseurs pourraient saisir cette occasion pour s’engager dans la décarbonisation avec les entreprises et dénouer en même temps les participations croisées.

Les régulateurs serrent la vis

Yi Hu

En juin 2023, l’International Sustainability Standards Board a publié de nouvelles directives sur la façon de déclarer les risques et les opportunités liés au climat, rendant obligatoire la divulgation des émissions de scope 3, qui comprennent les émissions de gaz à effet de serre produites par les fournisseurs ou les clients d’une entreprise tout au long de sa chaine de valeur. Lors du calcul du scope 3, une entreprise devrait inclure les émissions attribuables aux sociétés dont elle détient des participations. La version japonaise de ces directives, qui a des exigences similaires, est en cours d’élaboration par le Conseil des normes d’information sur la durabilité du Japon. Les sociétés japonaises devraient appliquer ces règles dès l’exercice fiscal se terminant en mars 2026.

Or, selon une analyse de Fidelity sur 30 sociétés dont les participations croisées comptent parmi les plus importantes sur le marché boursier japonais, ces nouvelles normes augmenteraient considérablement l’empreinte carbone de certaines entreprises. Les émissions des cinq sociétés les plus touchées feraient plus que doubler après l’ajustement dû aux participations croisées. Sur une base médiane, les émissions augmenteraient d’un tiers pour les 30 sociétés étudiées.

Dans un cas extrême, un fabricant de médicaments basé à Osaka verrait les nouvelles règles multiplier par 16 ses émissions annuelles, qui passeraient de 80’000 tonnes à 1,3 million de tonnes, principalement en raison de sa participation dans un producteur de climatiseurs qui compte parmi les plus gros émetteurs de carbone du Japon. Les participations croisées représentent environ 15% des capitaux propres totaux du fabricant de médicaments.

Les efforts des entreprises japonaises en matière d’ESG se sont intensifiés au cours des deux dernières années, avec des progrès significatifs dans la divulgation des informations relatives au climat, ainsi que des réformes visant à renforcer la gouvernance. Le Japon compte davantage de signataires du groupe de travail sur la publication d’informations financières relatives au climat que n’importe quel autre pays du monde. Les autorités de réglementation ont restructuré le marché boursier japonais en trois segments en 2022, avec des normes de gouvernance plus élevées pour le segment dit «supérieur». De plus, la bourse de Tokyo encourage le dialogue constructif entre les sociétés cotées et les investisseurs.

Le code de gouvernance des entreprises japonaises exige que les sociétés évaluent annuellement le caractère approprié de leurs participations croisées. Les sociétés cotées doivent examiner les risques opérationnels associés à de telles structures d’actionnariat, mais les risques liés au climat devraient également être évalués dans le cadre de ce processus.

Accélération du changement

Le Japon rattrape d’autres régions du monde développé où l’actionnariat des entreprises a déjà été réformé. L’Allemagne a fini de démêler un réseau complexe de participations croisées il y a plus d’une décennie, la Deutsche Bank vendant par exemple ses parts dans Daimler en 2009.

Pour les grandes entreprises japonaises, les facteurs E et G de l’investissement durable sont imbriqués, l’amélioration de la divulgation des émissions dépendant partiellement des efforts déployés pour réduire les participations croisées. Pour les investisseurs, cette situation est l’occasion d’adopter une approche holistique de l’engagement ESG. En mettant cette approche judicieusement en œuvre, le Japon pourrait faire d’une pierre deux coups.


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