Les évènements récents ont eu un impact important sur les marchés financiers et aussi sur l’inflation. Le gestionnaire du fonds ClairInvest Cosmopolitan Global met en évidence quelques points saillants.
Sanctions contre la Russie
Les sanctions financières infligées à la Russie affecteront non seulement le pays mais, par effet de ricochet, d’autres états. Les entreprises européennes auront du mal à compenser les ventes perdues et la perte potentielle d’activités en Russie, tandis que les banques de l’UE qui sont des acteurs importants du financement du commerce des matières premières, avec une exposition substantielle à la Russie, ressentent déjà les effets des sanctions sur leur chiffre d’affaires.
Un autre effet pervers est celui qui affecte le marché de l’énergie. Par exemple, l’Allemagne dépend à 60% du gaz russe. Si la Russie interrompt ses livraisons à l’Allemagne, son économie pourrait s’arrêter complètement en moins d’un mois.
Politique des banques centrales
La Fed et la BCE ont dû réévaluer leur politique de resserrement monétaire en raison de la crise en Russie et en Ukraine. Les deux responsables politiques deviennent moins belliqueux. Ils doivent trouver le bon dosage entre des taux plus élevés et la préservation de la croissance et éviter une stagflation. L’inflation (matières premières agricole et énergie) causée par la guerre ne peut être maîtrisée par une simple hausse des taux d’intérêt.
La Fed a décidé de ne relever les taux que de 25 points de base, comme prévu. Les marchés ont pleinement intégré deux autres hausses de 25 points de base en juin et juillet. Nous ne pensons pas que la Fed sera en mesure de faire beaucoup plus dans ce cycle sans risquer une récession. La croissance mondiale est frappée par une perturbation durable de la chaîne d’approvisionnement, l’inflation dans l’alimentation et l’énergie, tandis que les mesures de relance et d’assouplissement quantitatif sont sur le point de disparaître.
Ces hausses des taux directeurs influencent directement les marchés obligataires; les obligations à rendement négatif dans le monde semblent appartenir au passé: d’un sommet de 18 trillions, seuls 3,5 trillions sont encore négociés négativement.
Quelques autres faits marquants
1. Nasdaq: bain de sang dans l’indice, plus de 1600 titres ont perdu 50% ou plus, un record de 13 ans.
2. Inflation: nous avons probablement atteint les sommets de l’inflation pour ce cycle. À moins que les prix des matières premières en général ne fassent un nouveau bond en avant, les effets de base feront baisser le niveau. De plus, la crainte d’une hausse des taux et d’une réduction de l’assouplissement quantitatif par les banques centrales réduira également la croissance du PIB, les dépenses de consommation et le prix des actifs.
3. Pétrole: nous avons eu une poussée initiale causée par le conflit en Ukraine et maintenant les prix se consolident vers les 100 dollars le baril. Nous pensons que nous n’avons pas encore atteint les sommets, car de multiples facteurs pèsent sur les contraintes de l’offre: l’industrie américaine de la fracturation vient d’être touchée, un tribunal fédéral ayant révoqué des concessions pétrolières et gazières dans le golfe du Mexique; les sanctions russes retirent le pétrole du marché au pire moment; l’OPEP dispose de peu de capacités de réserve pour remplacer le pétrole russe; le nombre d’appareils de forage n’est que de 840, soit 38% de moins que le pic décennal; enfin, les grandes compagnies pétrolières ne prévoient pas d’augmenter leur production. À ce stade, seule une récession pourrait faire baisser les prix du pétrole.
Changements dans le positionnement du fonds
1. Actions US: prise de bénéfices partiels sur le long Energy & Gas. Prise de bénéfices et fermeture des positions longues sur CRB. Je reste long sur l’inflation via les majors pétrolières et les métaux précieux/industriels. Ajout d’une position longue sur les technologies et les moyennes capitalisations américaines.
2. Actions Europe: nous avons couvert et clôturé nos positions courtes sur l’Italie et la Suisse. Position longue sur les secteurs GNL, Utilities, Auto, Telecom et Energie. Ajout d’une position longue sur le Dax.
3. Actions émergentes: pas de position.
4. Taux: ajout d’une position longue sur les obligations américaines à 10 ans et à 2 ans.
5. Devises: position longue d’un quart sur l’euro.
6. Liquidités et titres à court terme: augmentation à 19,50%.
Sentiment de marché
Capitulation à court terme dans la vente d’actions, la volatilité ayant grimpé à 40. La Chine a mis un frein à la chute de son marché boursier. La dernière réunion de la Fed a été moins belliqueuse que ce que le marché attendait. La priorité numéro un est de trouver une solution diplomatique au conflit ukrainien, faute de quoi les marchés pourraient connaître une nouvelle baisse et briser le plancher trouvé lors de ce repli. Plus les sanctions seront maintenues, plus les conséquences économiques seront graves dans le monde entier. L’Ukraine et la Russie sont de gros exportateurs de céréales, de blé et d’énergie, qui ne peuvent être remplacés par d’autres nations.