Ajouter des obligations de pays émergents à votre portefeuille peut contribuer à limiter l’érosion de votre patrimoine en période d’inflation. Tout en allouant du capital à de nouveaux investissements.
Par Claudia Calich, Head of Emerging Market Debt
Pour protéger son patrimoine contre l’inflation, la dette émergente n’est probablement pas la première classe d’actifs à venir à l’esprit. Il est vrai qu’une série de crises de change et de phases d’augmentation démesurée du niveau des prix ont marqué l’histoire de certains pays et laissé des traces dans la mémoire collective. Avec une expérience de près de 25 ans de ces marchés, au travers de plusieurs cycles économiques et politiques, je peux témoigner des possibilités qu’offre ce secteur pour vous aider à protéger vos actifs contre l’inflation ou pour vous permettre d’obtenir des rendements plus élevés.
Obligations indexées et standard
Les premières d’entre elles pourraient être à puiser dans le gisement des obligations indexées, même si tous les pays émergents n’y ont pas recours. Corrélés aux indices de prix à la consommation, ces emprunts ont été lancés à partir des années 1980 dans les régions où l’inflation était forte. Autrefois plébiscités par les investisseurs, ils restent intégrés aux programmes de dette de pays comme le Brésil, le Mexique, le Chili ou encore l’Uruguay. La Pologne et la Turquie proposent également ce type de souches, avec toutefois une moindre liquidité.
Mais c’est avant tout sur les obligations standard que je voudrais attirer votre attention. Vigilantes face à l’abondance des liquidités disponibles, plusieurs banques centrales ont en effet agi de façon proactive, comme en Amérique Latine, en durcissant leurs conditions de crédit dès 2021. Ces banques centrales ont agi avant même leurs homologues des pays développés (BCE, Réserve fédérale américaine, Banque d’Angleterre) pourtant tenues par les ciblages et leurs stricts mandats.
Non seulement ces obligations offrent des rendements nominaux exceptionnels mais aussi, et surtout, des rendements réels remarquables, selon moi. Cela peut notamment le cas en Amérique Latine où les anticipations d’inflation ont chuté ces derniers mois et également, dans une certaine mesure, en Afrique du Sud.
Les banques centrales locales doivent s’affirmer
Nous trouvons actuellement des opportunités d’investissement intéressantes en Amérique Latine. L’Europe de l’Est commence également à occuper une place plus importante dans nos portefeuilles. Mais cela dépendra de la poursuite du resserrement de la politique monétaire par les banques centrales locales et de la poursuite de la baisse de l’inflation.
Nous sommes beaucoup plus prudents sur l’Asie, et notamment la Chine, où l’inflation est restée très faible ces dernières années et où les rendements obligataires ne nous semblent guère attrayants. Dans cette partie du monde, nous apprécions néanmoins l’Indonésie, où des taux nominaux élevés se conjuguent à des perspectives économiques favorables et à un faible déficit budgétaire.
Les investisseurs ne devraient donc pas négliger la dette des marchés émergents pour protéger leur portefeuille contre l’inflation grâce à un confortable coussin de rendement. Mais ce n’est pas tout. Ce que j’ai toujours apprécié dans cette classe d’actifs, ce sont les nombreuses exceptions à la situation générale. Exceptions qui pourraient offrir de nombreuses opportunités et sources de diversification, que ce soit dans les emprunts d’Etat ou les obligations d’entreprises. Un même événement peut affecter les économies de façon très différente. Par exemple, une hausse des cours du brut aura des effets opposés sur les pays importateurs et exportateurs de pétrole, généralement au détriment des premiers et au profit des seconds.
Terres de contrastes
Tant en termes de croissance que d’inflation, le paysage de la dette émergente est marqué par de forts contrastes entre zones géographiques. Alors que certaines régions ralentissent, d’autres enregistrent de bonnes performances en raison de leur éloignement du conflit en Ukraine ou de leurs politiques budgétaires expansives. La reprise plus faible que prévu au deuxième trimestre 2023 de la Chine est compensée par la stabilité relative des marchés frontières comme l’Afrique, dont le taux de croissance moyen est de 3 à 4 %. Partout où nous investissons, nous analysons les perspectives inflationnistes aussi précisément que possible. Cependant, la manière dont un gérant de dette des marchés émergents effectue ses analyses comporte plus de dimensions que celle d’un investisseur spécialisé dans les marchés occidentaux, où l’inflation est le principal facteur décisif.
Pour tenter de se protéger contre les défauts de paiement, d’autres critères essentiels doivent être intégrés, comme la croissance économique, le déficit budgétaire et les réserves de change. Les dynamiques sont différentes d’un pays à l’autre. Les forces et vulnérabilités de chaque pays doivent être analysées de très près.
Les informations fournies ne doivent pas être considérées comme une recommandation d’achat ou de vente d’un titre particulier. La valeur liquidative des fonds pourra aussi bien baisser qu’augmenter. Ainsi, la valeur de votre investissement pourra aussi bien baisser qu’augmenter et il est possible que vous ne récupériez pas la totalité de votre investissement initial. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. Les opinions exprimées dans le présent document ne sauraient en aucun cas constituer des recommandations, des conseils ou des prévisions.