Les taux d’intérêt ont été relevés à l’échelle mondiale l’année dernière. L’année 2023 se caractérise par un climat économique plus froid, bien que le resserrement monétaire des banques centrales ralentisse et que les taux se stabilisent.

Les experts de nos équipes spécialisées dans les prêts seniors, les prêts directs et la dette décotée donnent leurs points de vue sur l’avenir et sur ce que cela implique pour les investisseurs en crédit privé.

Ils se penchent tout particulièrement sur:

  • L’environnement de marché actuel
  • Ce qu’il faudra surveiller dans les prochains mois

Prêts directs : des rendements attrayants si vous adoptez la bonne stratégie

Par Ron Kantowitz, Directeur de la gestion dette privée

Même si les mesures et les orientations monétaires de la Fed ont provoqué certaines turbulences sur les marchés publics, elles se sont traduites par une nette hausse des rendements des prêts directs. Les prêts directs affichent désormais des niveaux historiquement attractifs de 12 à 13% sans tenir compte du facteur d’endettement.

Dans le même temps, les risques ont également évolué sur le marché. Les emprunteurs du marché intermédiaire prennent toujours en considération les éléments suivants : les répercussions de la hausse des coûts d’emprunt; le stress lié à l’emploi et aux salaires; l’augmentation du coût des matières premières ; les perturbations au niveau de la chaîne d’approvisionnement; les difficultés économiques persistantes et une éventuelle récession.

Ces obstacles pourraient accroître le risque de défaut. Nous pensons, à ce titre, que les gestionnaires capables de tirer leur épingle du jeu seront ceux qui auront la bonne stratégie d’investissement, la bonne sélection d’actifs et la bonne structure. Nous les étudions plus en détails ci-dessous.

Une stratégie d’investissement défensive

Nous faisons appel à une approche conservatrice et défensive qui a fait ses preuves au cours du cycle. Nous ciblons les prêts garantis senior de premier rang.1 Nous nous concentrons en outre sur les entreprises de taille moyenne du marché «core» américain.2 Il est important de noter que nos investissements sont structurés de façon à présenter un faible ratio prêt/valeur, un endettement modéré et une documentation solidement construite assortie de clauses restrictives. Nous sommes convaincus que cette démarche conservatrice est adaptée à l’environnement actuel.

Choisir des entreprises ayant fait leurs preuves

Même si nous pensons que les conditions macroéconomiques resteront probablement difficiles, il est important de reconnaître que ce sont ces conditions de marché qui permettent de générer de l’alpha. La sélection des actifs est d’après nous primordiale dans ce type de contexte. Nous nous concentrons sur les entreprises ayant par le passé fait leurs preuves et capables de générer des revenus bruts stables et constants. Nous évaluons en outre les activités d’une entreprise par rapport à un ensemble complet d’hypothèses de départ peu favorables.

Réduire les risques grâce à une structuration conservatrice

L’environnement actuel est, selon nous, extrêmement favorable à l’exécution de transactions qui ont été structurées de manière conservatrice. Les niveaux d’endettement sur les nouvelles transactions ont diminué sur l’ensemble du marché, tandis que le ratio prêt/valeur s’est considérablement amélioré. Nous avons également pu négocier une protection favorable contre le rachat.3 Collectivement, ces éléments structurels conservateurs nous permettent de réduire considérablement les risques de nos investissements.

Prêts bancaires : les opportunités de rémunération sont toujours là

Par Kevin Egan, Co-directeur de la recherche crédit

Comme nous l’avons précisé plus haut, les taux à venir devraient rester élevés pendant une longue période. Mais les investisseurs nous demandent souvent ce qu’il advient lorsque l’économie commence à ralentir.

Dès lors que la Fed suspendra la remontée de ses taux, ces derniers devraient rester à ce niveau pendant un certain temps, et lorsqu’ils commenceront à baisser, il y a fort à parier qu’ils le feront lentement.

Pour illustrer cette opportunité, prenons une étude de cas historique. Depuis la crise financière mondiale de 2008, il y a eu quatre périodes au cours desquelles les taux de rendement des prêts ont dépassé les 8 % (ils avoisinent les 10% actuellement aux États-Unis et 9% en Europe). Or, on constate que le marché du crédit a fortement surperformé sur les 6 à 12 mois qui ont suivi ces périodes, avec un rendement à terme sur 12 mois de 10,69% en moyenne.4

Il s’agit selon nous d’une opportunité convaincante pour les investisseurs de long terme actifs sur les segments des prêts bancaires et des CLO («collateralised loan obligations»).

Statut «senior garanti» : intéressant durant les périodes de turbulences

Lorsque l’économie se tasse, on peut s’attendre à une hausse des défauts de paiement. En plus des taux variables qui les accompagnent, les prêts seniors sont garantis et permettent donc de limiter les pertes.

Historiquement, cela s’est traduit par des taux de recouvrement relativement élevés (60-70%) par rapport aux autres classes d’actifs subordonnées, telles que les obligations à haut rendement (30-40%).5

Cette situation pourrait se révéler particulièrement intéressante pour les investisseurs si l’économie venait à entrer en récession.

Dette décotée et situations spéciales : des opportunités de plus en plus nombreuses au sein du segment des petites entreprises

Par Paul Triggiani, Directeur de la gestion dette décotée et situations spéciales

Les petites entreprises se heurtent souvent à des difficultés, quelle que soit la conjoncture économique. C’est l’une des principales raisons pour lesquelles elles figurent au cœur de nos portefeuilles de dette décotée et de situations spéciales. Elles créent des opportunités en renouvellement perpétuel qui nous permettent d’investir dans des entreprises de secteurs divers et variés.

Saisir les opportunités

En outre, les conditions économiques actuelles, difficiles, contribuent à élargir l’univers d’investissement pour ces classes d’actifs. Nous pensons par ailleurs que plusieurs facteurs favorables restent en place pour nos portefeuilles. Le marché des prêts à effet de levier, qui pèse aujourd’hui près de 6’000 milliards de dollars, est assez vaste en termes absolus.

Par conséquent, quand bien même nous tablerions sur un taux de défaut de 5% (approximativement deux fois plus faible que le taux de défaut observé durant la crise financière mondiale de 2008), nous nous attendons à ce que les opportunités soient plus nombreuses que lors de n’importe quel autre cycle.

Maturités et dynamique d’émission favorables

Par ailleurs, près de la moitié des prêts senior et des obligations à haut rendement arrivant à échéance dans les 36 prochains mois sont notés B. Nous assisterons potentiellement à une hausse du nombre d’émetteurs de sociétés en difficulté/dont la note a été dégradée si l’environnement de marché continue à se détériorer.

L’important pour nous, c’est que plus de 40% de ces entreprises présentent un endettement inférieur à 500 millions de dollars, preuve qu’elles s’inscrivent bien dans notre zone cible des petites capitalisations. De même, des pourcentages importants (30 à 40%) des nouvelles émissions récentes sur ces marchés se situent dans la même situation. En d’autres termes, elles sont soit notées B3, B-, ou non notées, et émises par des sociétés plus petites.

La prévalence des CLO

Une période de dégradations de notes significatives pourrait entraîner des pressions vendeuses pour de nombreux détenteurs initiaux ou «au pair» de cette dette, en particulier les CLO, qui représentent près de 70% du marché des prêts à effet de levier et dont le montant de dette notée CCC qu’ils sont en droit de détenir est limité. Dans ce contexte, nous restons confiants dans notre capacité à identifier de bonnes entreprises présentant des valorisations attractives.

 

1 La dette de premier rang a la priorité sur la garantie, par rapport à la dette de deuxième rang, dont la priorité arrive en deuxième place.
2 Le marché intermédiaire « core » regroupe les entreprises dont la valeur d’entreprise est comprise entre 100 millions et 750 millions de dollars US et qui génèrent des revenus annuels compris entre 10 millions et 1 milliard de dollars américains. Par rapport au marché intermédiaire inférieur, les entreprises du marché intermédiaire « core » disposent d’une infrastructure et d’une gouvernance plus solides et ont donc tendance à être moins exposées aux événements idiosyncrasiques négatifs.
3 La protection contre les rachats peut contribuer à réduire le risque en limitant les conditions dans lesquelles un émetteur d’obligations peut « racheter » (rembourser) une obligation avant sa date d’échéance spécifiée.
4 Source : Données JP Morgan Leveraged Loan Index. À partir de l’analyse approfondie réalisée en janvier 2023. Les performances passées ne présagent pas des performances futures.
5 Source : J P Morgan, mai 2023.


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Données au 30.09.2023 sauf indication contraire.

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Les points de vue et les opinions sont basés sur les conditions de marché actuelles et sont susceptibles d’être modifiées.