En Europe, la croissance économique reste en demi-teinte et peine à suivre le rythme des Etats-Unis. Aux Etats-Unis, l’économie continue à croître à un rythme soutenu. Plusieurs chiffres macroéconomiques ont à nouveau déjoué les pronostics en octobre, qu'il s'agisse de l'emploi, de l'inflation, des dépenses de consommation ou du PIB.
Europe
En Europe, la croissance économique reste en demi-teinte et peine à suivre le rythme des Etats-Unis. Le PIB de la zone euro a néanmoins progressé de 0,4% au 3e trimestre par rapport au trimestre précédent, malgré la faiblesse des indicateurs macroéconomiques. Cependant, des divergences notables subsistent entre les économies de la région. L’Allemagne en particulier demeure à la traine et pèse sur l’ensemble de la zone. L’inflation s’est renforcée pour atteindre 2% en octobre, contre 1,7% en septembre (pour rappel, son niveau le plus bas depuis avril 2021). Cette évolution met en lumière la persistance des pressions inflationnistes, même si celles-ci se sont bien atténuées par rapport aux niveaux élevés d’il y a quelques mois. La BCE et la Banque d’Angleterre ont conservé le cap d’une politique monétaire plus accommodante afin de soutenir la croissance. La BCE a abaissé en octobre son taux directeur de 25 points de base, en ligne avec les attentes du marché.
Sur les marchés, les rendements des obligations souveraines européennes ont connu une hausse en octobre, bien que moins marquée que celle observée aux États-Unis. Le rendement des Bunds allemands à 7-10 ans a fini le mois en hausse de 28 points de base, à 2,33%. Dans le même temps, le marché du crédit corporate européen a montré des signes de résilience, particulièrement sur le segment Haut Rendement. Celui-ci affiche une progression de 0,60%. Il surperforme ainsi à la fois son équivalent américain et l’Investment Grade européen, qui recule de -0,52%. Le rendement de l’indice corporate européen s’établit en fin de mois à 5,54%.
Etats-Unis
Aux Etats-Unis, l’économie continue à croître à un rythme soutenu. Plusieurs chiffres macroéconomiques ont à nouveau déjoué les pronostics en octobre, qu’il s’agisse de l’emploi, de l’inflation, des dépenses de consommation ou du PIB. Le taux de chômage reste faible et proche de ses plus bas historiques, à 4,1%. L’inflation se rapproche de l’objectif de 2% de la Fed. Les premières estimations du PIB pour le 3e trimestre indiquent une croissance de 2,8% sur douze mois, illustrant cette dynamique robuste. En parallèle, le prix du pétrole a progressé de 1,6% au cours du mois, sous l’effet des tensions persistantes au Moyen-Orient et des craintes d’une perturbation des approvisionnements. Le dollar américain s’est renforcé de plus de 3% par rapport aux principales devises, enregistrant ainsi sa meilleure progression mensuelle depuis deux ans. Cette appréciation s’explique par la vigueur de l’économie américaine comparée à celle des autres pays, ainsi que par la réélection du président Trump, dont les politiques sont considérées comme favorables aux taux d’intérêt.
Sur les marchés américains, les performances ont été globalement négatives en octobre, tant pour les actions que les obligations. Elles restent cependant en territoire positif sur l’année 2024. Les obligations souveraines ont notamment connu leur plus forte perte mensuelle en deux ans. Les données macroéconomiques plus solides que prévu ont alimenté les inquiétudes quant au rythme des futures baisses de taux de la Fed. Les anticipations au niveau politique ont également pesé sur le marché. Les perspectives de réductions d’impôts et de droits de douane renforcés sous une deuxième administration Trump ont alimenté les craintes d’inflation, contribuant à faire grimper les taux. Les rendements des bons du Trésor américain ont ainsi enregistré une hausse marquée sur l’ensemble de la courbe. Celui du 7-10 ans a notamment augmenté de 52 points de base pour atteindre 4,26%. Les spreads de crédit se sont resserrés à la fois pour l’Investment Grade et pour le Haut Rendement, sans toutefois contrebalancer le mouvement sur les taux. L’Investment Grade a davantage souffert en conséquence (-2,34% contre -0,62% pour le Haut Rendement). Le rendement de l’indice corporate américain s’établit à 7,03% en fin de mois.
Emergents
Dans les pays émergents, l’inflation constitue toujours une préoccupation majeure. Le mouvement sur les marchés de taux dans les économies développées, notamment aux États-Unis, a exercé une pression importante sur les banques centrales émergentes. Celles-ci sont contraintes de stabiliser leurs devises et de limiter l’inflation, tout en essayant de soutenir la croissance économique. Dans ce contexte, certains pays d’Amérique latine, comme le Brésil et le Chili, tirent leur épingle du jeu grâce à des politiques monétaires fermes. En revanche, plusieurs pays en Asie et en Afrique rencontrent encore des difficultés à endiguer les hausses des prix. En Chine, après un regain d’optimisme lié aux annonces politiques de septembre, le mois d’octobre a été marqué par une période d’attentisme. Les signes de prudence s’accumulent chez les investisseurs face aux incertitudes concernant la reprise économique du pays.
Sur les marchés, le mois d’octobre a été marqué par une volatilité accrue. Les tensions géopolitiques au Moyen-Orient, combinées aux anticipations sur les taux américains, ont conduit les investisseurs à réévaluer leurs positions, notamment sur les actifs à risque. Dans ce contexte de nervosité, la dette des marchés émergents a enregistré une performance en recul, rompant avec la tendance positive des mois précédents. Toutefois, l’amélioration globale des perspectives macroéconomiques a contribué à un resserrement des spreads de crédit sur la dette d’entreprise, notamment sur le segment Haut Rendement, ce qui a partiellement compensé l’impact négatif des fluctuations des rendements du Trésor américain. Conséquence logique, le Haut Rendement émergent (-0,11%) a surperformé l’Investment Grade (-1,92%), plus sensible aux fluctuations de taux. A fin de mois, le rendement de l’indice émergent s’établit à 7,89%.
Entreprises en vue
Azelis (EU)
Azelis, leader mondial dans la distribution d’ingrédients alimentaires, a publié des résultats plutôt bons pour le 3e trimestre et les neuf premiers mois de l’année 2024. Sur ces neuf premiers mois, le chiffre d’affaires s’élève à 3,2 milliards d’euros, en hausse de 0,6% en glissement annuel. Le bénéfice brut a augmenté de 3,1% en glissement annuel pour atteindre 783 millions d’euros, soit une marge brute de 24,5%. L’EBITA ajusté a quant à lui diminué de 1,6% à 369 millions d’euros, avec une baisse de la marge de 26 points de base à 11,5%. Ceci est dû en grande partie à un moindre impact des mesures de contrôle des coûts par rapport à l’année précédente, ainsi qu’à une dilution de la marge en raison des contributions plus élevées des activités d’Azelis en Amérique latine, au Moyen-Orient et en Afrique. L’endettement a augmenté à 2,9x, contre 2,6x à fin septembre 2023. Les liquidités s’élèvent à 868 millions d’euros, en cash et en RCF non utilisé à ce jour.
Pitney Bowes (US)
Pitney Bowes, société américaine spécialisée dans la logistique, l’affranchissement et les services de tri préliminaire du courrier, a publié de bons résultats pour le 3e trimestre et les neuf premiers mois de l’année 2024. Depuis le début de l’année, le chiffre d’affaires est en baisse de 3% à périmètre constant (T3 2024: -1% en glissement annuel), en ligne avec les attentes du management. L’EBITDA ajusté est en hausse de 17%, soutenu par des mesures de réduction des coûts sur ses activités cœur de métier. Pour rappel, l’entreprise s’est retirée de son activité déficitaire de commerce électronique au début de l’année 2024. Le management prévoit d’achever ce désinvestissement d’ici la fin de l’année. Malgré des coûts de restructuration significatifs depuis le début de l’année, le FCF est redevenu positif (+45 millions de dollars), une amélioration par rapport aux -14 millions rapportés pour les 9 premiers mois de 2023. Le management a confirmé ses prévisions d’une baisse à un chiffre des revenus pour l’exercice 2024, mais a revu à la hausse son objectif de profitabilité, visant désormais entre 355 et 360 millions de dollars d’EBIT (contre 340 à 355 millions précédemment).
Aragvi/Trans-Oil (EM)
Aragvi (Trans-Oil), entreprise agro-industrielle basée en Moldavie, a annoncé une nouvelle émission obligataire senior sécurisée (SSN) à 5 ans pour refinancer ses obligations à 8,45% arrivant à échéance en avril 2026. A la suite de cet exercice de refinancement, S&P a placé sa note B sous perspective positive, quelques mois après que Fitch a relevé sa note à B+. Pour l’exercice fiscal 2024 (clos en juin 2024), l’émetteur a enregistré une augmentation de son chiffre d’affaires de 8% à 2,31 milliards de dollars, grâce à un meilleur portefeuille d’activités (augmentation de la part de concassage et de raffinage). L’EBITDA a également progressé de 14,4%, atteignant 212 millions de dollars, avec une marge de 9,2%. Bien que la génération de FCF ait souffert au cours de l’exercice 2024 en raison d’une utilisation accrue du fonds de roulement ainsi que de coûts d’intérêts plus élevés, la société a réussi à réduire son levier net (ajusté par les inventaires facilement commercialisables) à 1,56x, contre 1,64x en 2023.
Date de rédaction : 14/11/2024
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