L’économie de la zone Euro est entrée dans une légère récession technique en mai. Le PIB s’est contracté de 0,1% au 1er trimestre 2023. Aux Etats-Unis, les données macroéconomiques solides ont renforcé les anticipations d’un resserrement supplémentaire de la politique de la FED.

Europe

L’économie de la zone Euro est entrée dans une légère récession technique en mai. Le PIB s’est contracté de 0,1% au 1er trimestre 2023. L’Allemagne notamment, plus grande économie d’Europe, s’est enfoncée dans la récession, plombée par un ralentissement de l’industrie et un marché immobilier difficile. Les économies européennes ont commencé à montrer des signes de désinflation. Toutefois, la publication des dernières données au niveau global, qui dépassent les anticipations, a rappelé aux investisseurs la nature persistante de l’inflation et la nécessité potentielle pour les banques centrales de maintenir des taux d’intérêt plus élevés pendant une période prolongée. La BCE a ainsi relevé ses taux de 25 points de base pour les porter à 3,25%. En outre, la BCE a laissé entendre que de nouvelles augmentations des taux d’intérêt étaient toujours d’actualité. Sur le front de l’énergie, la phase aiguë de la crise semble être passée, avec des prix du gaz naturel qui se sont stabilisés aux niveaux de 2021. Les performances des obligations d’entreprises en Europe ont été positives sur le mois, à la différence des autres zones, et en dépit des perspectives de croissance mitigées au niveau macroéconomique. L’inversion de la courbe des rendements s’est accentuée sur les obligations souveraines. Les rendements à 7-10 ans des pays du G7 ont légèrement augmenté, sauf en Allemagne. Le rendement du Bund allemand à 10 ans clôture le mois à 2,28%, relativement stable par rapport au mois précédent. Le rendement de l’indice corporate européen s’établit en fin de mois à 7,37%.

Etats-Unis

Aux Etats-Unis, les données macroéconomiques solides ont renforcé les anticipations d’un resserrement supplémentaire de la politique de la FED. La banque centrale pourrait maintenir ses taux d’intérêt à un niveau plus élevé et pendant plus longtemps que précédemment attendu. L’économie américaine fait preuve de résilience face à l’inflation persistante et aux hausses successives de taux d’intérêt. La Fed a annoncé une hausse des taux de 25 points de base lors de sa réunion du mois de mai. Dans le même temps, le pétrole a corrigé de plus de 11% sur le mois et le dollar s’est renforcé par rapport aux autres principales devises. Les bénéfices des entreprises ont dépassé les prévisions, en particulier ceux des sociétés technologiques. Le gouvernement actuel et les négociateurs républicains, après avoir fait l’objet de préoccupations, sont parvenus en fin de mois à un accord de principe pour relever le plafond de la dette pour une durée de deux ans.

Dans ce contexte, les marchés obligataires américains ont enregistré des performances négatives en mai. Les rendements des bons du Trésor américain à 2 et 10 ans ont brièvement frôlé leurs plus hauts niveaux depuis mars, avec une légère pentification de la courbe. Le 10 ans termine le mois en hausse de 22 points de base à 3,64%. Les obligations d’entreprises ont mieux résisté, bien que les spreads du Haut Rendement se soient élargis. Le mois de mai a été témoin d’un fort rebond du volume de nouvelles émissions. Les grandes entreprises américaines se sont lancées avec frénésie dans l’émission de nouvelles obligations, avec 155 milliards de dollars de dette Investment Grade émise en mai. Il s’agit du mois le plus important depuis 2020, lorsque la crise pandémique avait entraîné des volumes d’émission de dette record. Le rendement offert par l’indice corporate américain s’établit en fin de mois à 8,04%.

Marchés émergents

Sur les marchés émergents, l’inflation ralentit plus rapidement que dans les pays développés. Cela est dû en partie à la baisse des prix des matières premières. En outre, les prix des services commencent à revenir à des niveaux davantage compatibles avec les objectifs des banques centrales. Le resserrement des politiques monétaires semble en conséquence sur le point de s’achever dans de nombreuses régions du monde. Le différentiel de croissance entre les pays émergents et les pays développés continue de se creuser. Toutefois, les perspectives d’une reprise vigoureuse de l’économie chinoise ne se sont pas concrétisées. La faiblesse des données macroéconomiques dans le pays a déçu les marchés et a soulevé des interrogations sur le rebond post-Covid tant attendu. Les données récentes sur le marché immobilier chinois témoignent d’une situation incertaine et d’un secteur qui peine toujours à se stabiliser après ses différents déboires.

La dette d’entreprise des pays émergents affiche des performances négatives en mai. Les spreads sont restés globalement inchangés, mais les mouvements sur les rendements des bons du Trésor américain ont pesé sur ce segment. Les entreprises notées Investment Grade ont mieux résisté que le Haut Rendement, mais finissent également dans le rouge. L’un des principaux obstacles à la dette des pays émergents réside dans la force actuelle du dollar américain. Néanmoins, les valorisations restent attractives. De nombreuses économies émergentes continuent de reposer sur des bases fondamentales solides, et les plus fragiles d’entre elles bénéficient d’un soutien important de la part du FMI et d’autres organismes multilatéraux. Le rendement de l’indice corporate émergent termine le mois à 11,60%.

Entreprises en vue

Adler Pelzer (EU)

Adler Pelzer a remboursé son obligation à échéance 2024, suite à des résultats rassurants au 1er trimestre. Le fabriquant allemand de pièces automobiles a émis 400 millions d’euros d’obligations à 5 ans, à 92,5 avec un coupon de 9,5% pour un rendement de 12%. A l’aide d’un prêt d’actionnaires de 120 millions d’euros et de ses liquidités au bilan, la société a également remboursé son prêt à terme super senior de 40 millions d’euros en juin 2023, et remboursé 11 millions d’euros d’autres emprunts. Nous n’avons pas participé à la nouvelle émission car à ce stade, nous soulignons la visibilité limitée sur les bénéfices de 2023 et la détérioration significative de la couverture des intérêts de l’entreprise, compte tenu de l’importance du nouveau coupon.

Prime Healthcare (US)

Prime Healthcare, l’un des principaux exploitants d’hôpitaux de soins aigus aux États-Unis, a annoncé une croissance de ses bénéfices pour le 1er trimestre 2023. Alors que son chiffre d’affaires est resté stable en glissement annuel (à 957 millions de dollars), l’EBITDA ajusté a augmenté à 108 millions, contre 74 millions l’année dernière. Cette amélioration vient notamment d’une baisse significative des contrats de main-d’œuvre temporaire. Selon le management, l’EBITDA devrait se situer entre 420 et 430 millions de dollars pour l’ensemble de l’année. L’entreprise prévoie une baisse de son effet de levier net, dans une fourchette de 4x à 5x d’ici la fin de l’année. À plus long terme, l’objectif est de parvenir à un effet de levier de 3 à 3,5x.

Axtel (EM)

Axtel, le fournisseur mexicain d’infrastructures de télécommunications, a annoncé avoir obtenu une facilité de crédit syndiquée de 264 millions de dollars afin de refinancer ses obligations de premier rang à échéance 2024. Le management a indiqué que le remboursement de l’obligation s’effectuerait d’ici novembre de cette année, c’est-à-dire au moins un an avant son échéance. Dès le 29 mai 2023, Axtel a commencé à être cotée de façon autonome sur la bourse mexicaine, à la suite de sa scission avec le conglomérat Alfa.

 

Télécharger le Corporate Credit Monthly Update complet (pdf, 4 pages, en français)

Date de rédaction : 09/06/2023