En Europe, les économies ont démarré l’année sur la même tendance en demi-teinte que l’année dernière. Aux Etats-Unis, le début de l’année a été marqué par l’investiture du nouveau président.

Europe

En Europe, les économies ont démarré l’année sur la même tendance en demi-teinte que l’année dernière. L’ensemble de la zone Euro a enregistré une croissance du PIB de 0,9% en 2024. Toutefois, des disparités persistent parmi les principales économies. L’Allemagne a notamment connu une contraction de -0,2%, tandis que la France a affiché une croissance modeste de 0,7%. L’incertitude politique en Allemagne, où des élections fédérales sont prévues le 23 février, accentue les tensions économiques. Si l’Union chrétienne-démocrate (CDU), principal parti de centre-droit, devrait obtenir le plus grand nombre de sièges au Bundestag, la formation d’une coalition stable reste incertaine, notamment en raison de la montée en puissance de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), un parti d’extrême droite, qui pourrait arriver en deuxième position selon les sondages. Sur le front de l’inflation, la hausse des prix à la consommation a atteint 2,5% en glissement annuel en janvier en Europe. Face à ces différents facteurs, la Banque centrale européenne a abaissé son taux directeur de 25 points de base, le ramenant à 2,75%. Christine Lagarde a néanmoins adopté un ton prudent, soulignant la nécessité de suivre l’évolution des prix et de la croissance avant d’envisager un nouvel assouplissement.

Les marchés obligataires ont connu un début d’année volatil, du fait notamment de tensions sur les dettes souveraines européennes. Les rendements des Bunds à 7-10 ans ont progressé pour finir à 2,36% en fin de mois, tandis que le marché du crédit corporate a affiché une résilience notable. Soutenu par des perspectives de résultats solides des émetteurs et un recul du risque de défaut, le segment du Haut Rendement a continué à surperformer. Le rendement de l’indice corporate européen s’établit en fin de mois à 5,36%.

Etats-Unis

Aux Etats-Unis, le début de l’année a été marqué par l’investiture du nouveau président. L’administration Trump a signé une série de décrets dès sa prise de pouvoir. Cependant, des incertitudes politiques et économiques persistent, notamment au sujet des droits de douane. L’économie américaine continue d’afficher une dynamique robuste, avec une croissance du PIB réel de 2,8% pour 2024. Le marché de l’emploi reste solide, comme en témoignent le taux de chômage bas et des demandes d’allocations chômage stables. L’industrie manufacturière amorce une sortie de contraction après plus de deux ans de repli, contribuant à la progression des bénéfices des entreprises. A mi-parcours de la période de publication des résultats pour le 4e trimestre 2024, les bénéfices dépassent les attentes, avec une hausse de plus de 10% en moyenne en glissement annuel. L’inflation a enregistré une légère augmentation ces dernières semaines, mais les projections tablent à moyen terme sur un retour à une tendance baissière. Lors de sa réunion de janvier, la Fed a maintenu son taux directeur inchangé, estimant que les risques pour l’inflation et l’emploi sont globalement équilibrés. Les prix du pétrole ont progressé de 1,1% en janvier. Le dollar américain a enregistré une légère baisse face aux principales devises, notamment car le rythme de mise en œuvre des droits de douane pourrait être plus lent qu’escompté.

Les marchés américains ont rebondi en janvier après des résultats mitigés en décembre. Les rendements des obligations du Trésor ont subi d’importantes fluctuations tout au long du mois. Ils ont initialement connu une hausse en réponse à des indicateurs favorables sur le marché du travail, avant de reculer après la publication de chiffres d’inflation inférieurs aux prévisions. Ces fluctuations ont entraîné de la volatilité sur l’ensemble des marchés obligataires mondiaux. En fin de mois, les rendements à 7-10 ans s’établissaient à 4,51%, en recul de 4 points de base. Sur le marché du crédit corporate, les spreads se sont resserrés sur l’ensemble des notations, engendrant des performances positives à la fois pour les segments Investment Grade (0,58%) et Haut Rendement (1,38%). Ce dernier continue de surperformer. L’offre sur le marché primaire s’est renforcée sous l’effet des tendances saisonnières, soutenue par la demande des investisseurs à la recherche de rendements élevés. Le rendement de l’indice corporate américain s’établit à 6,93% en fin de mois.

Emergents

Dans les pays émergents, les différentes économies connaissent des situations contrastées. En Chine, les mesures de relance mises en place à l’automne 2024 ont permis d’atteindre in extremis l’objectif de croissance annuel. Le PIB ressort en hausse de 5% sur l’année. En Amérique latine, les politiques monétaires ont divergé suivant les pays. Le Pérou a procédé à une réduction de ses taux, considérant l’inflation comme maîtrisée, tandis que le Brésil a opté pour un relèvement afin au contraire de contenir les pressions inflationnistes. En Argentine, l’annonce d’un excédent budgétaire pour 2024 souligne une amélioration notable des finances publiques. Au Liban, la formation d’un nouveau gouvernement, associée aux perspectives d’amélioration du contexte géopolitique, alimente des perspectives prudentes de stabilisation politique et de réformes économiques attendues. Les secteurs technologiques ont quant à eux été impactés par les incertitudes liées aux avancées chinoises en matière d’intelligence artificielle avec Deepseek, susceptibles de modifier l’environnement concurrentiel global.

Le marché de la dette corporate émergente a également affiché des performances positives en janvier. Ce marché s’est montré particulièrement résilient face à la volatilité sur les obligations d’État au début du mois. Les spreads de crédit se sont resserrés, portés par une confiance accrue des investisseurs mondiaux. Le mois a également été marqué par un volume important de nouvelles émissions, qui ont rencontré une forte demande des investisseurs. Le segment du Haut Rendement a bénéficié de cet engouement, enregistrant une progression de +1,21%, contre +0,63% pour l’Investment Grade. En fin de mois, le rendement de l’indice des obligations des marchés émergents s’établit à 8,05%.

Entreprises en vue

2025.02.18.Emissions primairesKiloutou (EU)

Kiloutou, entreprise française de location de matériel pour les chantiers, a émis 400 millions d’euros d’obligations au taux fixe de 5% sur 6 ans, ainsi qu’un ajout de 150 millions d’euros sur son obligation à taux variable (FRN) à échéance juillet 2030, au prix de 100,25. Les fonds levés grâce à ces émissions ont été utilisés pour le remboursement de la dette existante, notamment les 460 millions d’euros d’obligations garanties de premier rang arrivant à échéance en 2026. Cette opération illustre à quel point les conditions de refinancement sont actuellement favorables pour les émetteurs de titres à Haut Rendement.

Axalta (US)

Axalta, l’un des principaux producteurs mondiaux de peinture, a annoncé un EBITDA ajusté record pour le 4e trimestre 2024 (275 millions de dollars), dépassant les attentes du consensus, grâce à la solide performance des revêtements pour la mobilité. L’effet de levier net a été réduit à 2,5x à la fin de l’année 2024 et Axalta prévoit une nouvelle année de croissance en 2025. L’EBITDA ajusté devrait atteindre la fourchette de 1 150 à 1 175 millions de dollars (contre 1 116 millions en 2024), sur un chiffre d’affaires de près de 5,54 milliards de dollars, en hausse de 100 millions. Selon le management, l’entreprise est relativement bien à l’abri de l’impact des tarifs douaniers et la faiblesse de la demande sur le secteur automobile reste gérable, d’autant plus que son récent programme de réduction des coûts devrait fonctionner à plein régime en 2025.

Total Play Telecomunicaciones (EM)

Total Play Telecomunicaciones, fournisseur mexicain de fibres optiques, a annoncé l’échange réussi d’environ 94% de ses obligations non garanties de premier rang à échéance 2028, contre de nouvelles obligations garanties à échéance 2032. Cette offre d’échange sur la dette, qui comprenait des liquidités supplémentaires fournies par les détenteurs actuels des obligations, améliorera considérablement le profil de liquidité de l’émetteur, comme le soulignent les agences de notation.

Date de rédaction : 13/02/2025

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