Les crypto-monnaies existent depuis un peu plus de 10 ans. Il est donc particulièrement intéressant d’observer comment elles réagissent à une inflation qui atteint des sommets jamais égalés depuis 40 ou 50 ans dans les économies développées.

Par Alan Boulhimez, Director Investment Strategy

 

Prenez le bitcoin, par exemple. Les investisseurs réalisent peu à peu que le bitcoin contrôle automatiquement sa propre inflation grâce à la façon dont il est conçu.

Ainsi, contrairement aux monnaies soutenues par les gouvernements comme le dollar ou le yen, dont la valeur peut être diluée, la production et le planning d’émission du bitcoin sont connus à l’avance.

2022.11.10.Inflation

Le résultat de ces facteurs macroéconomiques et des augmentations de taux d’intérêt des banques centrales ont conduit les investisseurs à liquider leurs actifs à risque comme le bitcoin, mais aussi les actions et obligations traditionnelles. Les acteurs du marché ont notamment massivement investi dans le dollar américain, compte tenu du renforcement de sa valeur par rapport aux autres monnaies fiat qui n’ont jamais été si faibles.

Dans les économies moins développées – notamment en Argentine et en Turquie – où l’inflation est proche ou supérieure à trois chiffres, le bitcoin conserve sa place en tant que couverture contre l’inflation face à la dépréciation de la monnaie, à la flambée du prix des biens de consommation et à la chute des marchés immobiliers.

Le bitcoin n’est en circulation que depuis 13 ans et il n’existe pas suffisamment de données économiques pour savoir comment il réagira à des scénarios apocalyptiques comme l’hyperinflation, la déflation ou une récession mondiale. Sa création est née de la grande crise financière, et sa montée en puissance s’est produite dans les années qui ont suivi la crise bancaire, lorsque la confiance dans les autorités centralisées était extrêmement faible.

Le prix du bitcoin s’est apprécié de plus de 250% au cours des cinq dernières années, alors que l’inflation a augmenté de 20 % aux États-Unis au cours de la même période. Cela suggère que si l’on se place dans une perspective à long terme, le bitcoin a été une parade adéquate contre l’inflation dans les économies développées.

En période de tensions financières, le dollar américain s’apprécie au détriment de tous les autres actifs « stables » tels que les actions de qualité, les obligations d’État et l’or. L’historique de rendements exceptionnels du bitcoin en fait un ajout judicieux au portefeuille de tout investisseur à long terme.

Il est important de regarder vers l’avenir et de reconnaître la pertinence des classes d’actifs émergentes. Les institutions restent confiantes dans l’utilité du bitcoin et des actifs numériques, car elles continuent d’adopter des formes naissantes de réserves de valeur décentralisées. Comme Morgan Stanley l’a noté dans une recherche récente, plus de 50% des 180 produits cotés en crypto sur le marché aujourd’hui ont été lancés pendant le marché baissier actuel.

Le récit entourant les crypto-actifs a également changé de manière spectaculaire depuis le dernier cycle de marché.

Des gestionnaires d’actifs de plusieurs milliards de dollars comme BlackRock offrent désormais à leurs clients une exposition directe aux produits d’investissement en bitcoins, la plus grande banque dépositaire au monde, BNY Mellon (qui a 43 000 milliards d’euros d’actifs sous contrôle), prend désormais en charge la custody de crypto-monnaies. Dans le même temps, les régulateurs tentent de soutenir, développer et comprendre un écosystème blockchain qui a créé, des paiements plus rapides et moins chers, de nouveaux modèles de prêt, de nouveaux droits de propriété numérique basés sur Internet par le biais de NFT.