La conjoncture s’annonce positive pour ces trois secteurs, dopés par les perspectives de croissance de l’économie américaine et les politiques de dérégulation tous azimuts que prévoit de mettre en place l’administration Trump.

2025 sera une année de rupture. Alors que la parenthèse des fêtes retombe et que l’économie reprend son rythme de croisière, nombre de regards sont dirigés vers les États-Unis, où Donald Trump entame un second mandat qui s’annonce plus disruptif que le premier, le président ayant cette fois-ci eu le temps de s’entourer de fidèles susceptibles de concrétiser sa vision politique, curieux mélange de populisme et de techno-libertarianisme.

Au-delà de Trump, l’Amérique demeure le moteur de l’occident, avec une croissance supérieure à celle de la plupart des économies développées. D’où l’importance de suivre de près ce qui s’y passe pour prendre le pouls des marchés. Alors que la nouvelle administration s’apprête à adopter ses premières mesures, trois secteurs sont bien partis pour tirer leur épingle du jeu en 2025: la banque, l’énergie et la consommation courante.

La banque et la finance portées par la baisse des taux d’intérêt

Tandis que les risques inflationnistes sont en recul dans la plupart des pays occidentaux, les banques centrales devraient relâcher la pression à cet égard, ce qui constitue une bonne nouvelle pour l’industrie bancaire. «La politique monétaire semble s’assouplir, aux États-Unis comme ailleurs, ce qui signifie des taux d’intérêt plus bas», note ainsi Lawrence J. White, professeur d’économie à la Sterns School of Business de l’Université de New York.

Autre bonne nouvelle pour l’industrie financière: l’approche dérégulatrice et “business friendly” de l’administration Trump 2.0. Dans le domaine bancaire, elle devrait notamment se traduire par un retard et un assouplissement de Bâle III Endgame, l’ensemble de règles visant à compléter et renforcer le cadre réglementaire Bâle III. Celui-ci a été adopté suite à la crise financière de 2009 pour améliorer la résilience du secteur bancaire. Bâle III Endgame, dont la Fed a prévu d’appliquer les recommandations aux États-Unis, a été critiqué par plusieurs grandes banques (le texte concerne celles qui détiennent plus de 100 milliards de dollars d’actifs).

Elles dénoncent notamment un volet visant à accroître la quantité de capitaux que seront tenues de détenir les banques, afin d’éviter qu’elles se retrouvent en faillite en cas de panique. Une crainte ravivée par la chute de plusieurs banques américaines début 2023, dont celle de Silicon Valley Bank. Les banques, elles, estiment qu’elles sont suffisamment capitalisées. «Il est très probable que la nouvelle administration Trump assouplisse les régulations prévues par Bâle III Endgame, et notamment qu’elle cherche un moyen de baisser les exigences de capital réglementaire. Or, celles-ci représentent un coût important pour les grosses banques, qui accueilleraient donc cette nouvelle avec enthousiasme», note Lawrence J. White. JP Morgan, Goldman Sachs, Citi Banks, BNP Paribas et autres peuvent dans ce contexte mettre le champagne au frais.

Selon l’économiste, la politique extérieure imprévisible de Trump, génératrice d’instabilité, constitue cependant un risque pour les banques. De même que les pressions que celui-ci pourrait exercer sur la Fed pour baisser les taux d’intérêt plus vite qu’elle ne le souhaite, ce qui pourrait entraîner une reprise de l’inflation, laquelle n’est jamais dans l’intérêt du secteur bancaire.

Un secteur de l’énergie à la fête sous Trump 2.0

Donald Trump n’a jamais caché son affection pour les énergies fossiles. Durant la campagne présidentielle, il a promis à l’industrie pétrolière de forer comme bon lui semble, ainsi que de favoriser la «domination énergétique» des États-Unis et la construction de gazoducs et de raffineries. Si son prédécesseur, Joe Biden, n’était pas un ennemi des énergies fossiles (la production pétrolière des États-Unis est actuellement à son plus haut niveau historique), il a également déployé des efforts pour inciter l’industrie américaine à se convertir aux énergies propres, notamment à travers l’Inflation Reduction Act. Trump, au contraire, souhaite maximiser la production énergétique, qu’elle soit fossile ou non.

Le président républicain a d’ores et déjà pris soin de s’entourer de personnalités proches de l’industrie des énergies fossiles. Chris Wright, à la tête d’un géant américain de la fracturation hydraulique, doit diriger le Département de l’Énergie, tandis que Doug Burgum, gouverneur du Dakota du Nord et fervent défenseur des énergies fossiles, doit occuper la position de «Tsar de l’énergie» (architecte de la politique énergétique de la future administration). «Trump a pris soin de s’entourer d’individus compétents, qui maîtrisent bien les rouages de l’industrie de l’énergie et le fonctionnement des marchés», note Frank Maisano, expert énergie chez Bracewell, un cabinet d’avocats texan spécialisé dans les questions énergétiques.

Parmi les mesures qui pourraient réjouir les géants de l’énergie que sont ExxonMobil, Shell, BP, TotalEnergies ou Chevron, l’administration Trump 2.0 a notamment prévu une vague de dérégulations. Le nouveau président a ainsi promis de supprimer un moratoire sur l’attribution de permis pour les projets de gaz liquéfiés voués à l’exportation, mis en place par Joe Biden. Une tarification sur le méthane, incluse dans l’Inflation Reduction Act, pourrait également être supprimée.

Autre piste que devrait explorer le nouveau gouvernement : la suppression des entraves administratives à la mise en place de nouveaux projets autour de l’énergie, en accélérant l’attribution de permis. «Une réforme à ce niveau-là est probablement l’action la plus importante susceptible de donner un coup de pouce à l’industrie: nombre de projets peinent à décoller, car ils ne parviennent pas à obtenir les autorisations adéquates», affirme Frank Maisano.

Enfin, l’administration Trump promet d’autoriser davantage de projets fossiles sur les terres détenues par le gouvernement fédéral, qui représentent près de 30% de la superficie du territoire américain.

La consommation courante tractée par une économie américaine qui reste en pleine forme

Standards & Poor prévoit 2,7% de croissance aux États-Unis l’an prochain: il est ainsi fort probable que le pays demeure la locomotive du bloc occidental, alors que la croissance prévue dans la zone euro devrait rester modeste. Une croissance tractée par un marché du travail dynamique et une consommation en plein essor.

«Les dépenses de consommation devraient demeurer le cœur de la croissance, soutenues par des revenus réels en hausse, grâce à un marché du travail solide. Leffet de richesse devrait apporter un coup de pouce supplémentaire», note ainsi David Mericle, économiste chez Goldman Sachs Research, dans une étude sur l’économie américaine en 2025. Une tendance susceptible de bénéficier à des entreprises comme Amazon, Nike ou encore Starbucks, vers lesquelles se tournent les consommateurs lorsqu’ils ont un surplus de cash à dépenser.

Certaines politiques incluses dans le programme de Donald Trump pourraient donner encore davantage de pouvoir d’achat aux consommateurs américains, donc renforcer les dépenses de consommation courante. Une politique d’abondance énergétique contribuerait par exemple à abaisser la facture énergie des ménages et donc à renforcer leur pouvoir d’achat. Trump a également promis de prolonger les baisses d’impôts mises en place lors de son premier mandat, censées expirer en 2026 (un processus habituel aux États-Unis, où la plupart des mesures budgétaires ont une date d’expiration), et même annoncé des baisses supplémentaires, une autre mesure susceptible de doper la consommation.

La nouvelle présidence porte également toutefois des risques pour la consommation. La volonté de Donald Trump d’imposer des tarifs supplémentaires d’au moins 10% sur tous les produits importés constitue le danger principal, selon l’étude de Goldman Sachs, susceptible de relancer l’inflation et ralentir l’économie. «Le plus gros risque réside dans des tarifs douaniers généralisés, qui handicaperaient sévèrement la croissance», lit-on ainsi dans le rapport.