À Hong Kong, les auditeurs voient leurs carnets de commandes se remplir, mais leurs honoraires sont mis sous pression, ce qui compromet la qualité de leur travail. Le risque pour les actionnaires pourrait offrir l’occasion de remanier la gouvernance d’entreprise en leur faveur.

Par Tina Chang, Associate Director, et Noah Sin, Investment Writer

 

Tina Chang

Les bouleversements sur le marché immobilier chinois ont tellement fait couler d’encre qu’ils ont noyé un scandale dans le domaine de l’audit, dont les investisseurs paient pourtant le prix fort. L’autorité de réglementation chinoise a accusé le promoteur Evergrande, dans la tourmente, d’avoir gonflé ses revenus de 78 milliards d’USD en 2021. L’entreprise fait l’objet d’une enquête d’un organisme de surveillance de l’audit qui jouit de pouvoirs disciplinaires étendus à Hong Kong, où Evergrande est cotée. La disgrâce a été fulgurante pour une action qui, à son point culminant, dépassait 300 milliards de HKD (38,4 milliards d’USD) de capitalisation boursière. Aujourd’hui, l’entreprise ne vaut pratiquement plus rien.

Evergrande est un cas extrême et le cinquième plus grand marché boursier du monde n’a pas encore livré tous ses secrets. Il illustre néanmoins la difficulté structurelle à séparer le bon grain de l’ivraie sur un marché concurrentiel. Il suffit d’observer les comptes des auditeurs de Hong Kong eux-mêmes. Entre 2010 et 2021, le chiffre d’affaires moyen des sociétés cotées a grimpé de 67% et leurs actifs totaux moyens ont gonflé de 91%, alors que les honoraires d’audit moyens n’ont augmenté que de 9%. Il peut en être déduit que les auditeurs s’engagent en moyenne dans un plus grand nombre de projets complexes sans que leur charge de travail plus lourde se reflète dans leur rétribution. À mesure que les entreprises grandissent et que leur complexité s’accroît, par exemple, lorsqu’elles s’étendent à l’étranger, le travail d’audit soulève de plus en plus de défis. La concurrence féroce pousse certains auditeurs à accepter des missions impliquant des juridictions dans lesquelles ils n’ont parfois qu’une mince expérience, ce qui entraîne des problèmes dans la qualité des audits.

Porte-parole des investisseurs

Noah Sin

La situation à Hong Kong rappelle aux investisseurs du monde entier que quelques signes de «maturité» (capitalisation boursière, liquidité élevée, etc.) ne protègent pas les marchés des capitaux des risques liés à la gouvernance d’entreprise. Dans un classement de la gouvernance d’entreprise établi récemment par l’Asian Corporate Governance Association (ACGA), la qualité des audits s’est avérée moins bonne dans la métropole que sur de plus petits marchés asiatiques, comme la Malaisie et Taïwan, et chez ses rivaux régionaux, le Japon et Singapour. Les sociétés cotées rechercheront toujours les audits les plus économiques – à juste titre d’ailleurs. Dans cette quête, elles ne doivent toutefois pas sacrifier la qualité, surtout sur une place financière mondiale comme Hong Kong.

Les actionnaires ont une bonne raison d’intervenir: les audits médiocres mettent leurs capitaux en péril. Ils se heurtent cependant au manque de transparence sur le marché hongkongais. En dehors du nom de l’auditeur désigné et des honoraires payés pour les services d’audit et autres, ils ne peuvent recueillir que peu d’informations utiles.

Heureusement, le gros du travail a été abattu pour les investisseurs qui aspirent à un changement. Il y a trois ans et demi, Hong Kong a créé une instance de réglementation indépendante pour les auditeurs, l’Accounting and Financial Reporting Council (AFRC), mettant ainsi fin à un conflit d’intérêts de longue date, dans lequel l’organisation sectorielle surveillait ses propres membres. Fait important, l’AFRC fournit un registre des auditeurs qui contient des informations sur les mesures disciplinaires, les rapports d’inspection et une série de lignes directrices. Malgré tout, et même si ces lignes directrices constituent un bon point de départ, il serait opportun que les actionnaires se concentrent sur trois exigences spécifiques dans leurs relations avec des sociétés sur des questions d’audit.

Trois axes de réforme

En tout premier lieu, l’urgence est d’assurer la transparence du processus. Les équipes de gestion doivent expliquer le raisonnement sous-jacent aux décisions du comité d’audit à la fois lorsqu’il désigne un nouvel auditeur et lorsqu’il renouvelle le mandat d’un auditeur existant. Les investisseurs doivent également être informés de tout changement dans les honoraires, les attributions de leur auditeur attitré, les partenaires d’engagement et leurs résultats pertinents. Ils doivent en outre savoir comment le comité d’audit a sélectionné et évalué l’auditeur chargé de leur dossier.

En matière d’audit, l’objectivité est primordiale. Afin de prévenir les conflits d’intérêts, les auditeurs qui pratiquent d’autres activités que l’audit doivent être limités. Si un auditeur démissionne, la société doit s’assurer que le nouvel auditeur qui le remplace dispose d’au moins trois mois pour mener un audit détaillé, et non imposer une flopée de tâches de dernière minute à ses autres auditeurs.

Des modifications subtiles suffiraient à faire évoluer grandement la qualité des audits. Lors du recrutement d’auditeurs, les sociétés devraient masquer les renseignements sur les honoraires afin que le meilleur candidat soit embauché. Il peut aussi être problématique qu’un auditeur reste trop longtemps dans une société, car cela pourrait susciter des conflits d’intérêts. Le Code d’éthique des comptables de Hong Kong suggère de désigner un nouveau partenaire d’engagement tous les sept ans, mais les entreprises devraient réaliser un examen proactif de la fonction des auditeurs et démontrer comment leur indépendance est assurée.

Les sociétés devront payer plus cher. Cependant, le coût de l’inaction – la perte de confiance des investisseurs – est beaucoup plus élevé pour tous les acteurs du marché. En unissant leurs efforts, les autorités de réglementation, les auditeurs, les entreprises et les investisseurs peuvent hisser le marché de Hong Kong à de nouveaux sommets.

 


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