Une gestion de conviction indépendante.
Par Nicolas Walewski Gérant du fonds Alken Fund European Opportunities
Vous êtes le fondateur d’Alken AM. Quelles ont été vos motivations pour créer cette société de gestion?
Après avoir été successivement analyste puis gérant pour d’autres groupes de gestion, j’ai créé Alken AM en 2005 avec la volonté de proposer une gestion de conviction pleinement indépendante. Au regard des bonnes performances obtenues sur la durée quel que soit le cycle de marché, nous avons depuis été suivis par de nombreux investisseurs. L’équipe s’étant étoffée, nous avons aujourd’hui l’opportunité de déployer notre offre auprès des conseillers en gestion de patrimoine.
Quelle est votre philosophie de gestion?
Nous sommes des stock-pickers, c’est-à-dire que nous sélectionnons une à une les valeurs duportefeuille. Dans cette démarche, nous n’hésitons pas à nous éloigner de notre indice de référence, l’indice Stoxx Europe 600 Net Return. La part active du portefeuille, c’est-à-dire celle qui ne correspond pas à la composition de l’indice de référence, est actuellement supérieure à 95%.
Quel est le profil des entreprises que vous intégrez au portefeuille et quelles sont celles que vous évitez?
Nous privilégions les entreprises les mieux gérées, qui bénéficient d’une bonne gouvernance et dont on comprend parfaitement le métier. Concernant les valeurs que nous évitons, en plus des exclusions normatives et sectorielles liées à nos engagements en matière de finance responsable, nous refusons d’investir dans des valeurs dont le business model est soit trop récent soit trop peu clair, ainsi que dans celles dont le métier présente trop d’aléas. C’est le cas, par exemple, des firmes de biotechnologie et de certaines entreprises récemment introduites en bourse. Nous évitons également les firmes qui manquent de transparence ou dont la multiplicité d’activités ne permet pas d’avoir une vision claire de la stratégie. En résumé, nous privilégions les firmes dans lesquelles nous avons de fortes convictions, dont la valorisation est attractive et dont le potentiel d’appréciation est significatif. Cela apporte à notre portefeuille un haut degré de sécurité qui joue pleinement son rôle dans les périodes de marchés incertains.
Combien de lignes compte actuellement votre portefeuille?
Comme il s’agit d’une gestion de conviction, le portefeuille est construit autour de quelques dizaines de valeurs. Il comprend actuellement 54 lignes. Pour une bonne maitrise des risques, nous veillons néanmoins en permanence à ce qu’il fasse l’objet d’une véritable diversification que ce soit d’un point de vue sectoriel ou géographique.
Dans quels pays êtes-vous investis?
Nous sommes investis dans de nombreux pays européens dont les dynamiques économiques sont différenciées. Nous détenons ainsi des titres cotés en France, en Allemagne, au Royaume-Uni, en Irlande, en Italie, en Espagne, au Benelux, ainsi qu’en Grèce, en Suède et en Norvège.
Et en termes sectoriels, quelle répartition résulte de votre stock picking?
Toujours dans un esprit d’optimisation, nous veillons à être investis dans de nombreux secteurs tels que, actuellement, la consommation discrétionnaire, l’e-commerce, la finance au travers des titres de groupes d’assurance ou encore l’énergie. De manière plus tactique, nous sommes également présents sur quelques valeurs industrielles et de services.
Comment est structurée votre équipe de gestion?
Notre équipe de gestion est basée à Londres. Elle est composée de 2 gérants, Marc Festa et moi-même, de 2 analystes, Reda Karkar et Brice Ferrandez. Nous sommes épaulés par deux analystes-consultants basés à Paris, Pierre Bosset et François de Nanteuil. Il s’agit d’une gestion pleinement collégiale.
Quelles sont vos idées d’investissement du moment?
On peut mentionner la compagnie aérienne low cost Ryanair qui a bien su appréhender à la fois la période de pandémie et l’évolution de la facture pétrolière. Dès lors, elle présente aujourd’hui une bonne visibilité sur son activité. Sa flotte d’avions est bien gérée, de même que ses ressources humaines et ses différents accès aux aéroports. La reprise progressive des transports aura pour effet de limiter les annulations qui pénalisent actuellement les résultats. Les prix des billets vont augmenter au cours des prochaines trimestres, ce qui permettra de consolider le bilan alors que certains de ses concurrents s’orientent indubitablement vers la faillite.
Et parmi les valeurs françaises?
Nous nous intéressons au constructeur automobile Renault. Le groupe, qui part de plus loin que ses concurrents, se restructure et apporte de nombreuses améliorations en interne. Au regard des progressions attendues sur les marges, le parcours boursier promet d’être intéressant sur les moyen et long termes d’autant que la filiale du groupe, Dacia, qui propose de bonnes voitures à moindre prix est bien positionnée dans le contexte inflationniste actuel. La faible valorisation du titre constitue par ailleurs un facteur de soutien.
Vous évoquez plus haut votre engagement en matière de finance responsable. Comment s’articule votre approche ISR?
Notre engagement ISR date de 2012, date à laquelle nous avons signé les PRI. Depuis, nous avons intégré dans l’équipe une personne à temps plein qui produit des analyses et filtre les entreprises en fonction de la qualité de la gouvernance. Nous sommes également signataires de la Task Force on Climate-related Financial Disclosures (TCFD) et nous avons intégré les principes du Pacte global des Nations unies, ainsi que les Objectifs de développement durables (ODD) à notre gestion. Cette démarche nous conduit à avoir une vision plus complète de chaque dossier. Elle nous amène également à avoir un dialogue constructif avec les entreprises.
Celles qui constituent aujourd’hui notre portefeuille contribuent fortement à l’amélioration de l’environnement et à une conception durable de l’économie. 98% du portefeuille a un rating ESG A ou B. Le fonds est classifié article 8 selon la nomenclature SFDR.