Une perte de $9’060 milliards en 45 jours. Voilà ce qu’illustre crûment le graphique de la capitalisation boursière du S&P 500 entre le 19 février et le 4 avril 2025. Cette chute vertigineuse de 17.42% ne représente pas seulement une volatilité passagère : elle incarne un gaspillage systémique et destructeur des ressources financières.

Par Bruno Gillet, Co-CEO de CAPAnalysis

 

À son sommet, le 19 février, les détenteurs d’actions du S&P 500 pensaient détenir une richesse cumulée de $52.03 trillions. Deux mois plus tard, ce chiffre s’est réduit à $42.97 trillions. Où est passé cet argent? Il ne s’est ni transformé en usines, ni en emplois, ni en innovations. Il s’est simplement… évaporé.

2024.05.15.SP500

L’illusion de richesse: un casino mondialisé

Ce type de correction boursière ne concerne pas seulement quelques spéculateurs malchanceux. Il affecte le quotidien de millions de personnes qui, croyant en la solidité de leurs actifs, planifient des achats, des projets de vie, voire leur retraite. Pour les plus chanceux, cela se traduit par des projets reportés. Pour d’autres, notamment les petits porteurs utilisant des leviers financiers, LA RUINE : tout leur capital, souvent emprunté a été balayé en quelques jours.

Les fonds de pension ne sont pas épargnés. En se basant sur des rendements boursiers passés pour projeter les rentes futures, ils misent sur une illusion de croissance perpétuelle. Quand cette croissance ne se matérialise pas, ce sont les retraités, qui ont travaillé toute leur vie, qui paient la facture.

La Bourse: une valeur sans travail

La promesse implicite des marchés actions est que l’argent placé «travaille». Mais que fabrique-t-on réellement lorsque des traders s’échangent des titres à la nanoseconde, misant sur des micro-écarts de prix? Rien. Aucun bien, aucun service. Simplement des paris, un casino, où les croupiers sont des algorithmes et où seuls les intermédiaires perçoivent des revenus en prélevant des commissions.

Cette illusion de création de richesse sans production réelle repose sur des valorisations souvent déconnectées: les entreprises sont achetées non pas pour ce qu’elles génèrent aujourd’hui, mais pour une hypothétique rentabilité dans 10, 20, parfois 100 ans (le fameux P/E ratio démesuré). Une aberration.

Et si on fermait les Bourses?

Les corrections boursières ne sont pas de simples accidents de parcours dans un système par ailleurs sain. Elles sont la manifestation d’un dysfonctionnement fondamental: la déconnexion entre les marchés financiers et l’économie réelle. Le gaspillage de ressources financières qu’engendrent ces corrections n’est pas seulement économique, il est aussi humain. Des millions de personnes voient ainsi leurs projets de vie anéantis, leurs retraites compromises, leurs économies disparaître, non pas à cause d’une catastrophe naturelle ou d’une guerre, mais à cause d’un système financier qui crée des illusions de richesse pour mieux les faire disparaître.

Et si l’on fermait ce casino mondial qu’est devenue la bourse pour revenir à un système financier qui servirait véritablement l’économie réelle? Un système où la finance retrouverait sa fonction première: financer par des dettes à taux d’intérêts appropriés les entreprises productives et leur croissance. Un système où la valeur travail serait au centre, et où la richesse créée serait réelle et durable, et non plus une illusion qui s’évapore à la première correction.

La récente chute de 17.42% du S&P 500 en seulement 45 jours devrait nous servir d’avertissement.

Radical? Sans aucun doute.

CAPAnalysis est un expert financier reconnu, Privé et Judiciaire, auprès des Tribunaux de Première Instance. La société est également spécialisée dans la consolidation et l’analyse de portefeuilles pour une clientèle privée qui lui confie le rôle de «garde du corps financier».

Domaines d’expertise: Analyse d’actifs multi-bancarisés | Conformité au profil de risque | Frais cachés | Benchmarking | Barattage | Effet de levier | Appels de marge | etc.

Les experts de CAPAnalysis interviennent régulièrement dans le cadre de médiations et sont auditionnés comme témoins lors de procédures judiciaires.