Je viens de faire le tour des infos de la nuit et du dimanche soir, il semblerait que Trump se soit abstenu de nous faire une déclaration cinglante depuis plus de 48 heures. En tous cas pas de déclaration qui aurait de l’influence sur les marchés et qui serait susceptible de nous mettre la tête sous l’eau pour commencer la semaine, comme on en a pris l’habitude depuis l’arrivé au pouvoir du Président Américain. Nous devrions donc commencer la semaine sur les mêmes bases que la fin de la semaine dernière et en espérant que le pire est derrière nous et surtout ; qu’après la pluie, le beau temps !
L’Audio du 24 mars 2025
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Rien ne change
Techniquement, les marchés sont bien survendus et nous sommes à des zones qui restent critiques. Pour l’instant on a l’air d’avoir limité la casse et finalement, nous ne sommes pas si loin des plus hauts de tous les temps et il ne faudrait pas grand-chose pour que la météo des marchés passe de l’alerte tempête à une tempête de ciel bleu. Pourtant, les raisons qui nous ont amené ici restent toujours bien présentes et sont toujours une sacrée épine dans le pied. Les TARIFS sont notre obsession et devraient le rester encore un bon moment. Au début du mois d’avril, Trump devrait mettre en place la réciprocité des tarifs douaniers avec plusieurs pays, mais on n’y voit toujours pas très clair et jusqu’à maintenant, les problématiques douanières ne sont pas encore réglées, que ce soit avec l’Europe ou le Canada. Ou encore la Chine et le Mexique. Pour faire simple, on en parle, mais on ne sait plus trop quoi en faire étant donné le manque de clarté, tant au fait de la mise en place des tarifs, mais aussi à l’éventualité qu’ils soient levés, réduits, augmentés, modifiés. En résumé, c’est ce que l’on appelle L’INCERTITUDE et mis à part en causer tous les matins, pour le moment il n’y a pas vraiment d’espoir d’y voir plus clair.
La bonne nouvelle, c’est que « pour le moment » on a l’air d’avoir « digéré » la chose et tant que la Maison Blanche n’annonce pas des tarifs exceptionnels sur les exportations de camembert français, les choses pourrait bien ne pas empirer. Si l’on regarde le comportement des analystes et autres stratégistes, on voit que l’on a déjà commencé à réduire les attentes pour l’année, mais que l’un dans l’autre, nous ne sommes pas non plus en train de tomber dans le pire des marasmes économiques. La semaine dernière nous avons quand même entendu de bonnes choses du côté de l’intelligence artificielle – je pense aux chiffres trimestriels de Micron qui confirmaient que le secteur était en plein boom. Chose qui n’est pas vraiment reflété dans le comportement des Magnificent Seven en général et de Nvidia en particulier, puisque depuis quelques jours, les investisseurs restent quand même très prudents sur la thématique technologique. ON sait qu’à ces niveaux c’est une belle opportunité de revenir dessus, mais pour l’instant, l’appétit au risque reste modéré.
La confiance ou pas
Il faut dire que l’hémorragie a été stoppée, mais que (pour le moment), le rebond est aussi dynamique qu’un spaghetti trop cuit qui aurait été oublié au fond d’une casserole d’eau bouillante pendant une semaine. On a donc vraiment besoin d’une confirmation de ce rebond et pas ce truc poussif auquel on assiste depuis trois-quatre jours. Et la première pierre d’achoppement pour pouvoir espérer voir quelque chose de plus franc se dessiner, passera peut-être par les chiffres de la confiance du consommateur qui seront publiés mardi soir aux États-Unis. En effet, il ne vous aura pas échappé que la croissance américaine n’est qu’un mythe si l’Américain moyen ne passe pas ses soirées sur Amazon pour acheter tout et n’importe quoi. Surtout n’importe quoi. Or, depuis quelques temps, on sent que le cœur n’y est plus et le consommateur semble plus enclin à passer son temps libre sur Vinted que sur l’Apple Store pour commander DEUX nouveaux Mac’s et trois iPhone’s.
On l’a vu et entendu la semaine dernière ; FedEx ne voit pas l’avenir en rose et Nike a laissé entendre que cette année, « ça ne sera pas facile ». Ces quelques déclarations sont autant de signes qui laissent à penser que le consommateur consomme moins et que quand le consommateur consomme moins, la croissance américaine ne le vit pas bien et on risque le pire. Cependant, le chiffre qui sortira demain, aura le pouvoir de nous rassurer ou de nous enfoncer. S’il sort en berne, on va s’inquiéter très fort et on va se souvenir que selon « certaines données communiquées ces derniers temps », on s’autorise à penser dans les milieux autorisés – qu’une éventuelle récession pourrait se pointer d’ici l’été et je n’ai pas besoin de vous expliquer ce qui va se passer si l’on commence à insister lourdement sur la possibilité de voir arriver une récession au galop avec sa faux et sa capuche noire. Finalement, la seule bonne nouvelle que l’on pourrait aller chercher dans ce cas de figure ; c’est si la consommation venait à ralentir et que le consommateur devenait frileux, ça serait du pain béni pour espérer voir l’inflation se retirer en direction des 2%.
C’est pour la fin de la semaine
Et l’inflation, on va en parler à la fin de la semaine puisque nous sommes dans la semaine « PCE » et que c’est là que l’on va voir si tout s’imbrique dans la bonne direction et si l’on doit se dire que ce ralentissement économique induit par le consommateur et la baisse de l’inflation sont le prix à payer pour permettre à Powell de baisser les taux ET de relancer l’économie, pendant que Trump récupèrera du pognon avec ses tarifs. Il est encore un peu tôt pour porter des jugements ou prendre des paris pour la suite, mais les chiffres qui seront notre pain quotidien cette semaine, pourraient peut-être nous permettre d’y voir un peu plus clair et d’aligner quelques informations supplémentaires dans l’équation de la finance mondiale.
Je ne me permettrai pas de dire que la semaine qui nous attend sera une semaine « charnière », mais disons que ces quelques chiffres qui ont l’air anodins au premier abord, pourraient peut-être nous aider à sortir de ce labyrinthe composé de tarifs douaniers, de guerre sur les taux d’intérêts et de lutte permanente contre l’inflation. La semaine qui nous attend sera également intéressante à observer du côté géopolitique, parce qu’on en a peu parlé la semaine dernière et le cessez-le-feu entre la Russie et l’Ukraine commence à se faire désirer. Pour ce qui est de celui de Gaza, on a déjà visiblement oublié comment ça s’écrit. En bref et pour faire simple, les investisseurs sont en plein doute et attendent des preuves concrètes pour affirmer le rebond ou pour se dégonfler définitivement. Oui, parce qu’il faut quand même faire très attention, puisqu’en cas de déception et d’un éventuel retour sur les bas du 15 mars et une éventuelle cassure du niveau des 5’500 sur le S&P500, on pourrait bien se retrouver dans une situation que l’on pourrait bien qualifier « d’hallali financier ». Mais ne vendons pas la peau de l’ours avant de l’avoir buté. Pour le moment, les futures montrent une ouverture en fanfare à Wall Street, mais si Trump a mis son réveil très tôt en cet avant-dernier lundi de mars, n’oublions jamais qu’il a la capacité de nous faire tourner la veste et l’optimisme 22 fois dans la même journée.
Asie et le reste
Du côté de l’Asie, ce matin il ne se passe strictement rien et les trois indices principaux de la région sont dans l’immobilisme le plus total. S’ils devaient jouer à 1-2-3 soleil, ils seraient imbattables. Le Nikkei est inchangé, malgré Les indices du PMI Manufacturier et des services japonais qui se contractent en mars à cause de vents contraires insistants liés au commerce et à l’inflation. Et puis, le Hang Seng est légèrement en baisse de 0.12%, tout comme Shanghai qui recule de 0.2%. En résumé, c’est super-chiant et on attend d’en savoir un peu plus pour y voir plus clair ! Rien n’a changé depuis quelques jours : nous surnageons entre les tarifs, l’incertitude et la confiance. Là tout de suite, il y a des rumeurs persistantes comme quoi les tarifs que Trump va mettre en place le 1er avril « pourraient » être moins pire que prévu. Mais là aussi, vous noterez l’utilisation insistante et immodérée du conditionnel, parce que pour être franc – là tout de suite on navigue en plein brouillard et ça serait bien que ça se « lève » un peu. C’est comme à ski : personne n’aime le jour blanc.
Du côté des nouvelles du jour, j’ai dû m’y reprendre à deux fois pour être sûr que nous étions lundi tellement il n’y a rien à dire. On notera que le Premier Ministre Canadien veut organiser des élections anticipées, que François Bayrou à atteint les 100 jours comme Premier Ministre, comme quoi même les miracles sont possibles en politique et tu peux être un tocard incompétent notoire et avoir une montagne de casseroles au cul que même tes casseroles ont des casseroles et quand même rester Premier Ministre pendant 100 jours. Sa technique ? Ne pas écouter les critiques et faire la sourde oreille aux reproches. Autrement le pape a quitté l’hôpital. C’est vous dire s’il n’y a rien à dire. Être obligé de parler du pape pour meubler trois lignes dans ma chronique !
Côté chiffres
Du côté des chiffres de la journée, c’est la saison des PMI’s, il y aura les versions PMI Manufacturier en France, en Allemagne, en Europe et aux USA et puis il y aura la même chose en version PMI des services aux même endroits. Ensuite, il y aura Bostic et Barr de la FED qui parleront et puis demain on reparlera de l’état psychologique du consommateur. D’ici-là, on a connu des débuts de semaine plus excitants.
Puisque c’est calme, j’en profite pour vous signaler qu’un de mes partenaires, le magazine Bilan, organise une conférence qui a pour thème : « Comment la technologie démocratise l’investissement des jeunes ». Conférence qui aura lieu à l’Uni Dufour à Genève, ce mercredi 26 mars de 18h30 à 21h. Je serai un des participants à cette conférence. L’entrée est gratuite mais c’est mieux de s’inscrire. Vous trouverez le lien pour l’inscription ci-dessous :
Conférence les jeunes, l’argent et la technologie
Au plaisir de vous y rencontrer. D’ici-là, excellent lundi à tous et on se revoit demain pour la suite de cette semaine qui s’annonce passionnante. Ou pas.
Thomas Veillet
Investir.ch
“Don’t look for the needle in the haystack. Just buy the haystack.” — Jack Bogle