La claque attendue est donc arrivée. Pire que DeepSeek, pire que la première mise en place des tarifs douaniers, le fait que Trump n’ait PAS prononcé le mot « RÉCESSION », mais que SURTOUT, il n’ait pas réfuté la POSSIBILITÉ d’une RÉCESSION aura eu raison de toutes les belles théories sur la croissance infinie, la machine à pognon qu’est l’intelligence artificielle, le fait que les ROBOTAXIS vont faire monter Tesla à 1’500$ et que la tech – à ces niveaux-là – c’est quand même pas cher ! Sans oublier, le fait que : « La FED est notre amie et qu’ils vont (bientôt) baisser les taux !!! Le marché vient de vivre sa pire journée depuis 3 ans et je ne suis MÊME pas encore dans l’avion !!!

L’Audio du 11 mars 2025

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Les Magnificent Seven bien moins magnifique

Nous ne sommes pas encore en mode KRACH boursier et nous n’y serons probablement pas de sitôt, puisque depuis hier, tout le monde le craint, que les niveaux de trouille sont immenses et que la volatilité frise les 30% – niveau qui est souvent utilisé pour « racheter le marché ». Mais disons que la CLAQUE monumentale d’hier a fait prendre conscience que OUI, le marché peut encore baisser. Après pratiquement 18 mois d’invincibilité contre les vendeurs et de rebonds réguliers générés par des acheteurs plus que convaincus qu’après 5% de baisse : « c’est quand même pas cher, DEBLEU »… Voici que le Nasdaq entre violemment en zone de correction et vu l’ampleur du mouvement d’hier, les médias spécialisés sont même carrément en train de parler de BEAR MARKET – je rappelle, pour mémoire, que la zone de correction c’est 10% de baisse depuis les plus hauts et que le territoire des ours, autrement dit : le BEAR MARKET, c’est 20% depuis les plus hauts.

Actuellement, le Nasdaq 100 est en baisse de 12.6% depuis les plus hauts, le Composite abandonne déjà 13.5% et le SOX est en baisse de 25% depuis ses records du mois de juillet dernier ! Mais le problème, dans ce bain de sang technologique, c’est que les MAGNIFICENT SEVEN se sont fait littéralement massacrer depuis quelques jours et qu’à eux SEPT, ils pèsent tellement lourd que l’on commence à prendre conscience de la problématique de la concentration. Ça n’est pas que nous n’ayons jamais abordé le sujet, bien au contraire, mais là nous sommes en train de MIEUX comprendre le principe « par la pratique ». Nvidia a perdu 28% depuis ses records de début janvier et EN PLUS, ils ont sorti des chiffres excellents au mois de février. Qu’est-ce que ça aurait été si ça avait un profit warning. Microsoft a sorti des chiffres excellents aussi mais le titre est en baisse de 18% depuis les plus hauts. L’addition se monte à 19% pour Meta, 12% pour Apple, 20% pour Amazon, 19% pour Google et pour ce qui est de Tesla, c’est le bain de sang total, puisque la société qui était et qui est toujours censée inonder le marché de taxis qui roulent tout seuls et qui bossent pour leurs propriétaires, Tesla est en baisse de 53% depuis les plus hauts du mois de décembre, rien qu’hier la société de Musk s’est faite massacrer de 15% sur la séance, après que l’analyste de l’UBS ait slashé ses attentes de ventes de véhicules de 20%, puisque plus personne ne veut rouler en Tesla et que les autocollants : « J’ai acheté une Tesla AVANT qu’Elon devienne dingue » se vendent de plus en plus pour déculpabiliser les propriétaires actuels !

Les peurs de la récession

Bref, hier la tech s’est fait massacrer – les SEPT MAGNIFIQUES ont perdu collectivement plus de 750 milliards de market cap – ça fait quand même un paquet de yachts et de Bugattis qui sont partis en fumée dans la nuit et tout le reste du marché a suivi comme un seul homme. Les banques se sont fait allumer « parce que ça sera les premières à souffrir si nous rentrons en récession ». Delta Airlines a plus ou moins fait un « profit warning » après avoir déclaré qu’ils ressentaient « que la confiance du consommateur était en train de s’éroder ». Novo Nordisk a publié les résultats de son nouveau médicament contre l’obésité, le CagriSema, et les résultats de l’étude sont décevants, parce qu’il ne permettrait de ne perdre « que » 15.7% du poids de corps en 68 semaines, alors que les « experts » tablaient sur une perte de 20%. Donc le titre s’est pris 10% dans la gueule parce qu’un type qui pèse 120 kilos et qui prend du CagriSema ne perdra « que » 18.84 kilos en 16 mois alors que l’on espérait qu’il en perdrait plutôt 24… Novo Nordisk a perdu 10% de sa valeur, parce qu’un mec ne perdra pas assez de poids dans les 16 prochains mois. S’il y a une nouvelle qui prouve que ce marché est complètement débile, c’était peut-être bien celle-là. Quoi qu’il en soit, depuis le début de l’année, les marchés cryptos, plus les bourses américaines ont effacé 5’500 milliards de capitalisation, tout cela s’est volatilisé en quelques semaines à cause de deux choses :

– L’incertitude liée aux droits de douane – puisque personne ne comprend où veut en venir le Président Américain et surtout quand est-ce qu’il va nous lâcher avec ses histoires de tarifs
– Et les « craintes subites » de Récession. On va surtout s’attacher à cela…

Si hier les marchés se sont fait déglinguer c’est surtout à cause de l’histoire de Trump. Le Président a donné une interview dans laquelle il a refusé de dire que nous allons entrer en récession, mais il a également refusé de dire que NOUS N’ALLONS PAS ENTRER en récession non plus. Et comme le marché est un peu pénible et très intolérant au manque de clarté en ce moment, tout est parti en vrille. Pour être très franc, je n’ai pas l’impression que nous avons eu une ÉNORME nouvelle qui a tout foutu par terre, c’est plus à cause de la lassitude. Tout le monde en a marre de danser sur un pied et sur l’autre en attendant que l’équipe de psychopathes de la Maison Blanche se mettent d’accord sur les droits de douane contre qui et à quelle date. Et encore, si l’on se contentait d’avoir des tarifs qui sont fixés une fois pour toute, on aurait pu encore s’en accommoder !

Mais là, depuis le mois de janvier c’est : ça s’en va et ça revient, un coup je te colle des tarifs, un coup je te les enlèves, tu avances et je recule et puis demain on refera la même danse mai dans l’autre sens !! »… Les marchés en ont plein le cul de ces tergiversations… Excusez-moi pour le vocabulaire, mais il n’y a pas de traduction ou de synonyme « acceptable ». Si je vous dit : HOULALA, les marchés sont lassés de tout ce qui se passe !!! », c’est pas assez fort. Donc, on a en eu marre et ça a donné une journée en mode « bain de sang » sur les bourses mondiales, tout ça parce que Trump a donné une interview dans laquelle il a bien expliqué qu’au vu du chantier mis en place pour « reconstruire la richesse américaine », il y aurait des moments compliqués et que ça ne serait pas simple. Traduction : si l’on prend le temps de lire entre les lignes, il se pourrait bien que le temps que les choses se mettent en place, l’économie puisse – éventuellement peut-être, à un certain moment : entrer en récession.

Et maintenant ? Stop ou encore ?

La réaction et la facture a donc été présentée hier et ce matin nous retrouvons avec un marché paré de rouge et tout un pan du secteur technologique qui est complètement sinistré. Alors maintenant que nous sommes au fond du bac et qu’on s’est pris la claque de l’année, claque que l’on n’avait plus prise depuis 2022, que le Nasdaq a baissé de 12 % en 13 jours de bourse que le volume total des puts sur le marché US vient d’atteindre son plus haut niveau historique, que de nombreuses grandes capitalisations technologiques sont en baisse de plus de 30 % par rapport à leur plus haut niveau historique et que la volatilité et le Greed and Fear atteignent des niveaux extrêmes, on peut quand même se demander si nous ne sommes pas mûrs un « short-squeeze massif » ces prochains jours.

D’ailleurs, si l’on regarde le future Nasdaq depuis la clôture hier soir où il était franchement en baisse, depuis, il a repris près de 350 points et se retrouve en terrain positif. Sans vouloir trop s’avancer on peut clairement se dire qu’hier a été une grosse journée d’interrogations avec un vent de panique sur le thème de la récession, mais concrètement, j’ai quand même l’impression que le « Sell Off » d’hier a surtout été initié par un ras-le-bol général de ne pas savoir où l’on va au niveau des tarifs douaniers et que l’interview de Trump aura surtout servi de prétexte pour aller chercher les stop-loss et faire paniquer tout le monde. La suite de la semaine nous permettra d’y voir plus clair et j’ai l’impression que mes vacances vont surtout se passer sur mon écran à surveiller ce qui se passe, histoire de voir s’il n’y aurait pas une bonne histoire à vous raconter.

L’Allemagne, le fonds de soutien économique et les écolos

Pendant que les Américains se transformaient en ours et simulaient la panique totale, l’Europe devait aussi gérer ses propres problèmes. Et un des problèmes de l’Europe, c’était le fonds de soutien de l’Allemagne. Vous savez ce fameux fonds qui a été annoncé en grandes pompes la semaine dernière. Et bien depuis hier, on commence à douter que l’on puisse le mettre en place, puisque pour cela, le nouveau gouvernement allemand a besoin de la majorité des deux-tiers au parlement pour valider la signature du chèque de 500 milliards et depuis hier, les écologistes ont mis les pieds au mur estimant que ce projet est mal ficelé. Et sans les écolos, le projet mirifique de la droite, pourrait rester dans les cartons. Inutile de vous dire que si les 500 milliards promis pour « macht Deutschland wieder groß» ne sont pas mis sur la table comme prévu, ça risque de piquer pour certains investisseurs qui comptaient dessus pour justifier les valorisations de certaines actions allemandes !

Hier l’Allemagne a baissé de « seulement » 1.69% et on est impatient de suivre la suite du drama qui est en train de se dérouler au Bundestag. Mais je dois dire que ça deviendrait tout de même risible si un gouvernement de droite élu par le peuple pour relancer l’économie ne pouvait pas mettre ses réformes en place à cause d’une équipe d’écologistes qui ne peuvent même plus acheter de Tesla parce qu’Elon Musk est un con et qu’en plus, ça remettrait également en question les achats d’armements qui ont été prévus pour sauver le monde la menace russe – oui, parce que dans la foulée, les écolos proposent de resserrer les boulons des dépenses sur l’armement. En résumé, si la droite veut passer son plan de relance, il va falloir que l’armée allemande aille se battre contre les Russes en vélo pour leur lancer des tomates et des légumes avariés, parce qu’il ne faut pas trop dépenser… Concrètement, je pense que la journée d’hier est une aberration technique et qu’il y a de l’espoir, mais d’un autre côté, je me demande ce qu’ils fument dans certains gouvernements pour qu’à chaque fois, ça frise le ridicule. Et visiblement, ça n’est pas qu’en France.

Pour le reste

Ce matin le Nikkei est en baisse de 1.5%, Hong Kong recule de 0.9% et la Chine limite bien la casse, même si tout le monde parle de « déflation » et qu’ils vont tous mourir. Le marché chinois est en baisse de 0.5% pour le moment. La croissance du PIB japonais au Q4 2024 a été révisée à la baisse, passant de 2,8 % à 2,2 %, le responsable c’est la consommation qui ralenti. Mais malgré cela, la Banque du Japon devrait procéder à des hausses de taux d’intérêt, compte tenu de la résistance de l’économie et de l’inflation persistante. Le pétrole se fait massacrer également, puisque les PEURS DE RÉCESSION d’hier soir ont déclenché le vieux réflexe qui dit que si RÉCESSION il y a, les gens ne vont plus mettre d’essence dans la voiture, voter écolo et aller bosser en trottinette. Du coup, le baril est à 65.93$ et l’or est à 2901$. Même lui n’arrive plus à monter.

Du côté du Bitcoin et des cryptos, je ne vous fais même pas un dessin, le Bitcoin a cassé les récents plus bas établissant un nouveau bas à 76’600$. Pour l’instant le BTC rebondit et se traite à 80’000$ et des poussières, une chose est sûre, même si les marchés se sont fait défenestrer hier, je n’ai pas l’impression que l’on commence la journée en étant terrifiés, bien au contraire. Là tout de suite, je suis à deux doigts d’acheter de calls sur Tesla !!!

Les réflexions du jour

En ce qui concerne les nouvelles du jour, il n’y a virtuellement pas grand-chose à se mettre sous la dent, si ce n’est que tout le monde est en train d’analyser ce qui s’est passé hier et la journée d’aujourd’hui sera destinée à essayer de savoir si nous venons d’assister à un incident de parcours et que tout va rentrer dans l’ordre dans les jours qui viennent ou si c’est vraiment le début de quelque chose de plus intense. Souvenons-nous tout de même que la semaine dernière, les données de la FED d’Atlanta, le GDP NOW, nous disait quand même que la récession était à nos portes, reste maintenant à savoir ce que nous allons en faire. Non, parce que je me dis un truc : si l’économie US entre en récession à cause des mises en chantier de Donald Trump et que l’inflation se pète la gueule comme le prévoient les chiffres du Truflation, il se pourrait bien que la FED arrive à la fin du trimestre sur son cheval blanc pour baisser les taux et ressortir le bon vieux « put de banques centrales ». Ensuite, il ne manquerait plus que le plan de Trump fonctionne à plein régime dans les 9 prochains mois et nous aurons notre nouveau bull market…

Oui, je reconnais que mon plan est tiré par les cheveux, mais en même temps, j’ai dix jours de vacances pour peaufiner ma stratégie. Du côté des chiffres économiques du jour, nous attendrons les JOLTS avec impatience, histoire de voir si notre théorie de ralentissement de l’emploi, de hausse du chômage et de RÉCESSION à venir est plausible et ensuite, il ne restera plus qu’à attendre le CPI de demain… Mais moi je ne serai pas là !

Il me reste donc à vous souhaiter une excellente journée (quand même) et on se revoit le 24 mars au matin pour de nouvelles aventures. Si ça se trouve d’ici-là, le S&P500 sera de retour au-dessus des 6’000, puisque sur ces trois dernières années, il n’est jamais resté très longtemps sous la moyenne mobile des 200 jours. Pourvu que ça dure ! Très bonne semaine et à dans 13 jours !!!

Thomas Veillet
Investir.ch

“I make no attempt to forecast the market—my efforts are devoted to finding undervalued securities.”

Warren Buffett