Le régime macroéconomique à long terme se caractérise par des cycles économiques irréguliers et volatils. Les facteurs suivants auront un impact négatif sur la croissance potentielle: la faiblesse des principaux facteurs structurels (démographie, endettement excessif et productivité), les risques asymétriques de déflation ou d'inflation, le rythme incertain de l'adoption de l'intelligence artificielle (IA). Questions relatives au financement du déficit et à la réduction de la dette.
Perspectives cycliques. Phase initiale de reflation mondiale mouvementée. Les États-Unis, la Chine et le Japon seront les moteurs de la reprise de 2025. L’Europe connaîtra une reprise plus progressive, et les marchés émergents auront des trajectoires mouvementées. La forme des nouvelles politiques économiques américaines établira le cadre d’un S2 plus incertain. La nouvelle coalition allemande pourrait avoir des implications positives pour l’UE.
Géopolitique. Les dés sont jetés. La nouvelle administration américaine opère des changements audacieux. La probabilité d’événements inattendus augmente. La probabilité d’une désescalade dans les conflits en Ukraine et au Moyen-Orient est plus élevée, mais quelles en seront les implications?
L’élan des liquidités mondiales va progressivement s’affaiblir. Les conditions de liquidité sont encore favorables. Mais une décélération est imminente.
La corrélation négative entre les actions et les obligations se maintient, pour l’instant. L’attente d’un CPI américain inférieur à 3% au cours des prochains trimestres reste valable, mais fragile. Une reflation plus active en Chine et dans l’UE ne la compromettrait pas. Le Japon reste un cas dangereux à part, à surveiller.
Sentiment des investisseurs et flux de capitaux très volatils. La complaisance des investisseurs privés s’est finalement évaporée. Leur désendettement et d’autres ventes forcées sont possibles à court terme.
Pas d’omelette sans casser des œufs. Une période de transition d’environ 100 jours est offerte au nouveau gouvernement qui s’installe. La lune de miel a été de courte durée. Les récentes fluctuations du marché et les enquêtes d’opinion suggèrent que l’optimisme qui a caractérisé T4 24 touche à sa fin. C’est la fin de la période ¨re-risking with Donald¨. Thriving in Chaos, le guide de management à succès de T. Peters, théorise et promeut les vertus de l’adaptation et de la flexibilité, en particulier dans les périodes difficiles/incertaines. Il repose sur trois postulats: A) le changement incrémental entrave la véritable innovation, B) les entreprises excellentes considèrent l’amélioration continue comme la voie à suivre, et non l’excellence comme l’objectif à atteindre, C) un environnement en constante évolution ne conduit pas nécessairement au chaos; cela signifie que les entreprises peuvent gérer le changement avec succès.
Sa politique n’étant pas encore finalisée, il serait prématuré de la rejeter d’emblée. Toutefois, cette approche ne fera qu’aggraver les relations internationales.
Économie américaine. De Boucles d’or aux craintes sur la croissance? Les fréquentes apparitions et déclarations du président et de M. Musk ont aggravé la confusion. Le lancement de deux crypto-monnaies par le président et la première dame a représenté le point culminant d’événements « exceptionnels ». Ces actions se sont avérées écrasantes, éclipsant l’impression rassurante créée par le secrétaire au Trésor Bessent et son discours articulé et cohérent. Les acteurs du marché s’inquiètent désormais d’un ralentissement de la croissance américaine et de la persistance de l’inflation.
Le calendrier prévisible des émissions futures du Trésor américain et l’importance de ses réserves (TGA) devraient maintenir la stabilité des taux d’intérêt. C’est une bonne nouvelle, car une surchauffe de l’économie en 2025 créait le risque de conséquences désastreuses.
De grandes manœuvres – énigmatiques – en préparation. Les États-Unis lancent une nouvelle vague de protectionnisme en menaçant d’imposer diverses formes de barrières tarifaires. Les objectifs sont nombreux et variés: renflouer les caisses publiques, réindustrialiser, poursuivre des objectifs stratégiques (défense), etc. Cependant, il improbable que tous ces objectifs soient atteints, en particulier à la lumière des mesures de rétorsion qui seront prises par leurs partenaires commerciaux. Les barrières tarifaires sont souvent contournées. Les chaînes de production décentralisée ne sont pas substituables. Le protectionnisme entrave le commerce, en réduisant les volumes, en faussant les prix et en décourageant les investissements. Cette situation est préjudiciable à l’économie mondiale.
Une répétition de l’accord du Plaza de 1985 est impensable, compte tenu de la nature non coopérative des relations internationales. D’autres rumeurs font état d’un « accord de Mar-a-Lago ». Il consisterait essentiellement à forcer les pays étrangers à investir aux États-Unis ou à participer à un échange de dettes désavantageux. Les États-Unis proposeraient d’échanger les bons du Trésor détenus par les pays étrangers contre des bons du Trésor à très long terme ne portant pas intérêt. Les participants éviteraient les droits de douane et/ou bénéficieraient de la protection de la défense américaine. Les États-Unis réduiraient l’offre de bons du Trésor négociables, maîtriseraient les taux d’intérêt et affaibliraient le dollar.
Après une brève introduction, la nouvelle administration a commencé à dévoiler ses intentions, très fermement. Son mode opératoire, fondé sur l’intimidation, l’effet de surprise et le rapport de force brutal, constitue une sérieuse source de déstabilisation et d’incertitude politique, économique et financière.
Recommandation d’allocation d’actifs. Il est indéniable que l’incertitude augmente dans de nombreux domaines. Mais attention à ne pas réagir de manière excessive! La première phase positive du cycle de reflation est toujours en vigueur dans le monde, les liquidités sont abondantes et les risques de surchauffe aux États-Unis ont diminué. De plus, l’activité spéculative baisse, car les investisseurs privés deviennent plus prudents. Si une approche légèrement plus prudente de l’allocation d’actifs est justifiée, l’accent devrait être mis sur le repositionnement actif des secteurs et des pays.
Les attentes déraisonnables à l’égard de l’exceptionnalisme américain ont été modérées.