Des turbulences sont annoncées ! On ne va pas se poser trop de questions en ce lundi matin, il est clair que ça va tabasser. Le Nikkei est déjà en baisse de 4% pour se « préparer » au « Liberation Day » de Donald Trump qui est prévu ce mercredi. Si trois jours AVANT on se prend déjà des claques comme ça, je n’ose même pas imaginer comment on va finir la semaine ! Et puis sans compter l’histoire de tarifs douaniers, il ne faut pas non plus oublier que nous sommes la première semaine d’avril et qu’il y aura donc les chiffres de l’emploi. Bref, si vous n’êtes jamais monté dans une machine à laver le linge en cycle essorage, c’est le moment de profiter de l’expérience.

L’Audio du 31 mars 2025

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C’est LA SEMAINE !

Depuis l’investiture de Trump, nous vivons dans une incertitude totale et cette dernière devient pesante. L’indicateur Greed and Fear de CNN pointe toujours en zone d’extrême PEUR et la volatilité, l’indice de la peur semble vouloir repartir à la hausse à toute vitesse. Et quand on voit la liste de tout ce qui nous attend cette semaine, on peut craindre que ça ne s’améliore pas de sitôt. Les marchés n’aiment pas l’incertitude et là, ils vont être servis ! Trump a déjà commencé à chauffer la salle ce week-end et les futures sont déjà en baisse de 0.8% à 5 heures du matin. Le Japon s’effondre et même les bons chiffres de la croissance de l’activité industrielle en Chine qui sont à leur plus haut depuis un an et qui démontrent que les mesures de stimulus misent en place par le gouvernement sont en train de fonctionner, ne suffisent pas à soulager le marché dans cette période compliquée. Il est vrai que si la croissance repart en Chine et que Trump leur colle 50% de taxes sur leurs exportations, ça ne va pas aller dans le bon sens !!!

Ce week-end, le Président américain est revenu sur plusieurs choses. Tout d’abord il est en train de se fâcher avec Poutine. Poutine qui ne veut pas faire tout ce que Trump désire en ce qui concerne l’Ukraine. Du coup, Trump a déclaré qu’il était « vraiment fâché » avec le Président Russe et qu’il pourrait répliquer massivement avec des taxes énormes sur le baril russe. Baril qui n’est d’ailleurs pas censé être exporté sauf erreur, mais passons. La bonne amitié entre les deux Présidents à vie semble être en péril. Je précise que si je dis « présidents à vie », c’est que Trump a également mentionné ce week-end qu’il envisageait déjà un troisième mandat. Quand on voit le bordel qu’il a réussi à mettre en deux mois, s’il doit EN PLUS changer la constitution pour rester encore 7 ans et 10 mois, on n’a pas fini de rire. Mais c’est pas tout ! Il se fâche aussi avec Zelensky par rapport aux terres rares et si l’on suit ce chemin, la paix promise en Ukraine semble déjà être reléguée aux oubliettes.

C’est pas tout !!!

Mais encore une fois, ça n’est pas tout !!! Trump s’en est également pris aux fabricants automobiles étrangers qui menacent de monter leurs prix. Le patron de la Maison Blanche a clairement répondu qu’il n’en avait « rien à foutre » et que si les prix des voitures étrangères étaient trop élevés, les Américains achèteraient des voitures américaines et d’ailleurs, ils en avaient plein à disposition… Pendant ce temps, les USA font aussi de l’ingérence dans les lois du travail en France en demandant aux entreprises qui font du commerce avec les USA ne de pas « favoriser l’inclusion » dans leur personnel et puis, pour terminer la liste des actualités du week-end, le Président a également déclaré que les USA allaient prendre possession du Groenland, n’excluant pas vraiment de le faire par la force si nécessaire. Mais bon, là on est tranquille parce que le clown des affaires étrangères en France, Jean-Noël Barrot, a dit que « la France ne laisserait pas faire ! ». Je ne sais pas vous, mais Barrot, il me fait super peur avec ses gros yeux en colère.

Tout ça pour dire que Trump est en train de faire monter la pression sur tout et partout, alors que nous sommes à trois jours d’une journée historique en ce qui concerne les tarifs douaniers. Si vous n’étiez pas au fin fond de la cordillère des Andes, vous devez savoir que que ce mercredi les « Tarifs de réciprocité » seront annoncés et que ça pourrait faire très mal du côté de l’inflation et des dépenses du consommateur qui en a déjà pris plein la gueule ces 5 dernières années. Et cette crainte commence à peser très lourd dans les marchés, comme nous avons encore pu le voir vendredi dernier quand les indices américains se sont fait massacrer en ordre dispersé, lorsque le PCE est sorti plus fort que prévu et que les dépenses de consommation personnelles étaient également en berne. Il n’y avait pas besoin d’avoir de grandes capacités d’analyse de marché pour comprendre que les indices sont tout bonnement terrorisés par ce qui pourrait se passer mercredi. Sans compter que lorsque l’on voit où se sont arrêtés le S&P500 et le Nasdaq, on peut déjà se dire que la semaine qui commence sera la semaine du « ça passe ou ça casse ».

Oui, parce ce qui est bien dans le monde merveilleux de la finance, c’est que nous avons toujours tendance à « essayer d’anticiper ». Et quand on voit où nous sommes aujourd’hui, on peut se dire qu’on a déjà anticipé un bon paquet d’emmerdes économiques. Le Nasdaq est en baisse de 14% depuis ses records du mois de février et si l’on casse les niveaux de clôture de vendredi dernier cette semaine, on va commencer à parler de l’arrivée inévitable du Bear Market qui prendra ses fonctions dès que l’on aura passé la frontière des 20% à la baisse. Mais en revanche, si l’on survit à cette semaine – sachant que l’on a anticipé une montagne de news pourries – on pourrait peut-être se raccrocher au fait que le mois d’avril est un très bon mois pour les bourses mondiales.

En avril ne te découvre pas d’un fil

Alors que le mois de mars est en train de se terminer en mode : « on vend tout et on verra plus tard », beaucoup d’investisseurs se demandent si avril – historiquement l’un des meilleurs mois pour les actions américaines – va tenir son rang. Et surtout : est-ce qu’on est face à une vraie opportunité d’achat ou juste un rebond de chat crevé ? D’après le Stock Trader’s Almanac (oui, ça existe encore mais on le ressort en général seulement quand on est VRAIMENT désespéré), depuis 1971, avril est le deuxième meilleur mois pour Wall Street et ce, même en année post-électorale. Donc sur le papier, avril sent bon le rebond. Mais le marché, lui, a parfois un humour un peu particulier.

Côté sentiment, c’est pas la fête non plus, on ne va pas se mentir : les investisseurs individuels sont ultra-bearish, mais pour les contrariants (dont je fais partie), c’est plutôt une bonne nouvelle ! Néanmoins, l’indice de sentiment de l’AAII…

Petit intermède éducationnel :

AAII, ça veut dire American Association of Individual Investors. En gros, c’est une association américaine qui représente les investisseurs particuliers, ceux qui investissent leur propre argent (pas les pros ou les gérants de fonds). Ce qui est super connu chez eux, c’est leur sentiment survey, un sondage hebdomadaire dans lequel ils demandent à leurs membres s’ils sont bullish (optimistes), bearish (pessimistes) ou neutres sur les marchés pour les 6 mois à venir.

… Eh ben selon l’AAII, l’indice démontre que plus de 50 % des sondés voient le marché baisser sur les six prochains mois – et ça fait cinq semaines d’affilée que ça dure. Historiquement, quand tout le monde flippe autant, c’est souvent pile le moment où ça repart. Aaahhhh, esprit contrariant, quand tu nous tiens ! Je suis certain que Lorraine Goumot sur BFM Business va encore m’appeler comme ça ce matin !!!

Mais attention : malgré ces signaux techniques et saisonniers qui rendent les dépressifs moins dépressifs, il reste un gros décalage entre les données économiques (qui montrent une consommation toujours solide mais qui commence à vaciller) et le moral des ménages (au plus bas depuis deux ans). En gros, les gens dépensent mais ils ne dépensent pas en rigolant, on sent que ça devient compliqué ! Bref, si l’on doit faire le résumé de tout cela en quelques lignes, on dira que les investisseurs ont la trouille de ce que Trump va nous sortir mercredi, mais que quand on a très peur c’est souvent le moment de racheter, c’est Buffet qui le dit et c’est aussi les statistiques qui disent que le mois d’avril c’est pas si mal. Mais n’oublions pas que nous avons également un paquet de chiffres économiques liés à l’emploi et que les tarifs de Trump vont inévitablement terroriser les gens sur le sujet de l’inflation !!!

Même Goldman

D’ailleurs, Goldman Sachs a déjà prévenu que, selon eux, les droits de douane imposés vont faire grimper l’inflation, freiner la croissance et augmenter les risques de récession. Pas de quoi se rouler dans le caviar au petit déjeuner. Pourtant, comme dans tout ce que l’on fait et dans tout ce que l’on vit dans la finance, il y a toujours une petite lueur d’espoir dans les tunnels les plus sombres, puisque la banque d’affaire américaine a profité de ce message profondément déprimant pour ajouter qu’ils augmentaient de facto, le nombre de baisses de taux attendus en 2025. On passe de 2 à 3. Selon Goldman Sachs, la FED DEVRAIT donc baisser les taux en juillet, en septembre et en novembre. Vous voyez, il n’y a pas non plus que des mauvaises nouvelles ce matin !

Bon, d’accord, on va se faire secouer cette semaine, mais comme on le dit toujours : après la pluie, le beau temps et après une pétée de gueule monumentale, le marché finit toujours par remonter. Et puis l’intelligence artificielle n’a pas encore rendu son dernier souffle, n’oubliez pasles perspectives dithyrambiques de Nvidia et des autres qui nous ont fait vibrer depuis des mois !

Conclusion

En conclusion, ce matin l’Asie a donné le ton : la semaine sera compliquée, le Nikkei recule de 3.8%, Hong Kong de 1.6% et la Chine ne perd que 0.3% grâce à ses bons chiffres économiques. Le pétrole est à 69$ et l’OPEP va booster sa production en avril, ce qui va bien aider le cours de l’or noir. L’or est à 3’139$ et le Bitcoin est à 81’500$, après un sale week-end. Après, on peut chercher les « news du jour », il y a Novartis qui a chopé l’approval de la FDA pour son médicament contre le cancer de la prostate – le Pluvicto. Et puis BOC Aviation à Singapour, vient de commander 120 Boeing, pendant que les médicaments anti-diabétiques et anti-obésité de Novo-Nordisk réduisent également le risque de problèmes cardiaques de 14%. C’est LE MÉDICAMENT miracle de la décennie, manquerait plus qu’il fasse aussi le retour de l’être aimé et qu’il répare les fuites d’huiles sur les voitures…

Côté chiffres du jour, nous aurons les ventes de détail et le CPI en Allemagne. Il y aura aussi le Chicago PMI. Et puis c’est surtout le reste de la semaine qui va être chargé avec les ISM et les JOLTS demain, les chiffres de l’emploi ADP mercredi, RE-ISM jeudi et Non Farm Payrolls qui sont attendus à 139’000. Bref, je vais vous dire une chose, on va se marrer cette semaine !!!

En attendant, parlons conférence. Si cela vous intéresse, demain à 17h00 je serai à l’UNIL à Lausanne, la conférence s’intitulera : 2024 : on n’a rien compris. Et ça risque de pas être mieux en 2025 – le lien pour l’inscription est ici :

Voilà, je crois que ça suffit comme échauffement pour ce matin ! Moi je vous souhaite un excellent lundi et un très bon début de semaine et on se retrouve demain pour un nouveau round d’une semaine qui s’annonce spectaculaire !

Excellente journée !

Thomas Veillet
Investir.ch

“Knowledge is power: you hear it all the time but knowledge is not power. It’s only potential power. It only becomes power when we apply it and use it. Somebody who reads a book and doesn’t apply it, they’re at no advantage over someone who’s illiterate. None of it works unless you work. We have to do our part. If knowing is half the battle, action is the second half of the battle.” ― Jim Kwik