Si l’on se contente de regarder les chiffres, la séance d’hier n’aura pas été spécialement mémorable. On reprenait les mêmes thèmes que lors de la séance de lundi, la défense était à l’honneur – encore une fois – et la tech se faisait plaisir à nouveau. Mais pour le reste – pour le moment – les indices restent sur la défensive. Au plus haut de tous les temps un peu partout, mais sûr la défensive. Autrement, on parle de pourparlers de paix qui font plaisir à tout le monde sauf aux Européens, on parle investissements dans l’armement, on parle absorption d’Intel et on parle ENCORE une fois de droit de douane. Et puis les Allemands ont de l’espoir pour la semaine prochaine.

L’Audio du 19 février 2025

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Comme hier mais en moins bien

Les Américains sont donc revenus et finalement ça n’a pas changé grand-chose. Comme je vous le disais hier, le S&P500 a terminé la séance au plus haut de tous les temps et il a effacé le précédent record qui datait du 23 janvier des tabelles. Mais il faut reconnaître qu’il a fallu s’arracher, parce qu’à quelques poignées de secondes de la clôture, ça n’était pas encore fait. Il faut dire qu’il n’y a pas eu des tonnes de nouvelles ultra-motivantes depuis le retour du long week-end. Alors oui, Intel est en folie et a vécu sa meilleure séance depuis 5 ans avec une nouvelle hausse de 16%. On sait que Broadcom et TSM tournent autour de la légende des semiconducteurs, même si pour le moment, il n’y a rien de bien concret. Et puis du côté de l’IA, nous avions également Super Micro qui s’envolait encore une fois. La société est en folie depuis qu’elle est revenue « à peu près » dans les clous et le recovery est impressionnant, même si nous sommes encore loin des plus hauts historiques et qu’il faudra encore passer par les publications de Nvidia la semaine prochaine.

D’ailleurs du côté de Nvidia, la société a pratiquement tout récupéré la baisse de l’affaire DeepSeek et même si la journée d’hier n’était pas la meilleure de son histoire, le titre reste bien disposé et bien entouré, même si l’on sait que le 26 février prochain, il va falloir s’accrocher lors de l’annonce des chiffres de son trimestre, tout comme sur ses projections, puisque l’on sait qu’à ce niveau de valorisation ; rien ne sera pardonné. Pour le reste, les marchés américains avaient les yeux rivés sur deux choses : les négociations de paix du côté de l’Arabie Saoudite – puisque Rubio et sa clique ont commencé à discuter avec Lavrov et la sienne. Entre Rubio qui croit aux extra-terrestres et Lavrov qui croit en Poutine, il y a de l’espoir de voir une issue positive à ces négociations. En tous les cas, Trump a déjà déclaré qu’il était plus que probable qu’il devrait rencontrer Poutine avant la fin du mois de février. On peut penser ce qu’on veut, mais Trump va plus vite et semble plus efficace pour parler avec Poutine que n’importe quel membre du G-20 depuis 3 ans.

La liste

L’autre chose qui a bien occupé les investisseurs hier, c’était la publication des positions détenues dans les portefeuilles des grands pontes du monde de l’investissement. On ne va pas faire une liste exhaustive de toutes les positions des tous les grands gérants américains, mais disons que l’on peut retenir deux-trois choses importantes : chez Warren Buffet, on réduit toujours sur les bancaires et on liquide définitivement la position en Ulta Beauty. Par contre on renforce Occidental Petroleum, Verisign, Sirius et Domino. Terry Smith ajoute Medpace et Doximity à ses investissements mais réduit considérablement le reste de ses investissements. Étant également un « value player », il semble assez logique qu’il applique également le même type de stratégie que Buffet. On notera David Tepper qui augmente encore son exposition dans la tech ou encore Bill Ackman qui ne fait pas grand-chose si ce n’est augmenter sa position en Brookfield et en Nike, tout en réduisant Chipolte et Hilton. La liste est longue, mais ce qu’il faut retenir, c’est que la plupart des gérants n’ont pas fait de « gros changements » et restent fidèles à leurs stratégies de base.

Si l’on devait pousser l’analyse un peu plus loin, on dirait que « pour le moment » personne ne veut aller « contre la tendance haussière qui est la nôtre », mais qu’en revanche, on a quand même des doutes sur la suite des évènements, tout en ayant conscience qu’avec Trump au pouvoir, Powell qui ne veut pas baisser les taux et l’inflation qui refuse de baisser, l’année 2025 pourrait tout de même nous réserver bien des surprises. Bref, l’un dans l’autre, même si la performance de la journée n’était pas exceptionnelle, on a quand même eu des records, il y a des rumeurs avec le rachat d’Intel et des choses à raconter, comme le fait que Meta a finalement interrompu sa série de 20 séances de hausses consécutives en terminant en baisse de 2.76% hier soir.

En Europe, on se concentre sur l’Allemagne

Du côté de l’Europe, on a donc continué à se concentrer sur les valeurs de l’armement. Non, parce que tout le monde dit : « les titres du secteur de la défense », parce que la pilule passe mieux et que c’est bien plus POLITIQUEMENT CORRECT, mais à la fin ça reste des armes et je veux bien qu’on me dise que c’est pour maintenir la paix, je pense que si les pays du monde entier équipaient leurs armées avec des raquettes de ping-pong à la place des lance-missiles ou autre Kalachnikov, ça serait quand même bien plus long pour envahir un pays et je pense qu’ils se lasseraient assez rapidement et passeraient à autre chose. Mais peu importe, en ce moment, alors que Macron semble chaud-bouillant pour avoir le droit d’aller faire « sa guerre » en Ukraine au côté des Anglais, le reste de l’Europe continue de vouloir renforcer ses lignes de défenses et c’est les gens qui paient des impôts qui vont cotiser pour ça. Oui, parce que la dernière fois que j’ai checké, le coût d’un char d’assaut était un poil supérieur à un Classe G de chez Mercedes, même avec la finition AMG.

Donc hier nous avons continué sur le même « mood » que la veille, au son du canon et d’une bonne vieille marche militaire histoire de motiver les troupes. Le CAC40 ne parvient toujours pas à clôturer au plus haut de tous les temps, mais on se rassure comme on peut parce que le CAC Global Return, lui est au plus haut de tous les temps depuis deux-trois jours déjà. On se rassure comme on peut en ressortant les indices qu’on ne regarde presque jamais, tout en justifiant la chose, parce que « tu comprends, dans le CAC Global Return, c’est une version du CAC avec les dividendes réinvestis, ce qui nous permet de NOUS COMPARER – NOUS LES Français, avec le DAX qui lui intègre d’office les dividendes ». Oui, d’ailleurs le DAX lui aussi a terminé au plus haut de tous les temps hier, là aussi, la défense, l’armement, la guerre en Ukraine, etc… permettaient d’expliquer la hausse. Il y avait ça et aussi le fait que le ZEW est sorti nettement mieux que les attentes. Et surtout nettement mieux que le mois dernier.

L’espoir d’un gouvernement de droite (mais pas trop)

Le ZEW, c’est un indice qui mesure le moral des investisseurs en Allemagne – qui exsite dorénavant aussi dans l’EUROPE entière. Concrètement, on demande à des experts financiers s’ils sont optimistes ou pessimistes sur l’économie allemande pour les prochains mois. Perso on m’a jamais demandé, mais je dois être trop amateur. Pour faire simple : Si l’indice est haut, ça veut dire que l’avenir est rose. Mais en revanche, Si l’indice plonge, ça veut dire « galères à venir ». Hier on l’attendait à 19.90, il est sorti à 26 et le mois dernier, il était un poil au-dessus des 10. La raison de ce « retour de la confiance en l’avenir » doit clairement être cherché du côté des élections de ce week-end, puisque l’on espère un virage à droite et un gouvernement qui offrirait, ou qui offrira un peu plus de soutien à l’économie, puisqu’à priori, Scholz devrait se faire dégager. La seule chose qui fait peur aux observateurs, c’est la montée en puissance de l’extrême droite.

En résumé, hier c’était bien parce qu’on a battu des records, c’était bien si vous étiez investis dans le secteur de l’armement et c’était encore mieux si vous aviez de l’Intel et du SMCI achetés il y a trois semaines, dans votre portefeuille. Maintenant, pour ce qui est d’aujourd’hui, on repart sur la thématique des droits de douane, parce que quand même, ça faisait hyper-longtemps qu’on n’avait plus abordé le sujet. Ce matin, si vous regardez les marchés asiatiques, vous verrez que le secteur automobile est sous pression. Le Nikkei est en baisse de 0.3%, le Hang Seng recule de 0.5% et Shanghai avance de 0.5%. Mais si vous grattez à l’intérieur des composants des indices, vous verrez que les constructeurs de voitures ne sont pas à la fête. Alors ne cherchez pas plus loin, ne cherchez pas un résultat pourri, une guidance réduite ou un pneu crevé, il faut aller chercher de l’autre côté de l’Atlantique.

Le retour du prophète

Oui, je vous le disais hier matin, Donald Trump devait parler hier soir. Et il l’a fait. Ce faisant, il a annoncé la prochaine mise en place de tarifs douaniers autour de 25% pour les importations de voitures et autour de 25% avec une augmentation progressive au fur et à mesure de l’année, sur les importations de médicaments. Ces tarifs douaniers prendront vie au début du mois d’avril. Trump a expliqué qu’il donnait ce « délai » aux sociétés concernées AVANT de les taxer, pour leur laisser le temps de relocaliser leurs usines aux États-Unis, leur permettant du même coup, de ne rien payer comme droits de douane et d’engager des ouvriers américains tout en licenciant là où étaient les usines auparavant. Pour être très franc, l’impact de cette nouvelle annonce semble relativement limité. Tout d’abord il y a un temps de latence qui permet aux compagnies concernées de se retourner et de trouver d’autre solution ou de striker un deal avec les USA. Et ensuite, on a bien compris que ces techniques de négociations via les tarifs douaniers allaient dorénavant être récurrents et qu’il allait falloir trouver des solutions pour lutter contre ou s’adapter.

Pour le moment, les futures sont légèrement en hausse et on voit que le traumatisme des droits de douane a été totalement intégré par les marchés. Le pétrole est à 72.05$, l’or est à 2’949$ et le Bitcoin est dans le coma. Autant dire que l’impact de la NOUVELLE ANNONCE de Trump est quasi-nul, démontrant encore une fois les brillantes capacités d’adaptation du marché, tout comme sa résilience. On signalera encore que Trump ne voit pas d’objection si l’armée européenne mettait les pieds en Ukraine. Pas sûr que Poutine pense la même chose, mais peu importe, les mots du Président Américain devraient permettre au secteur de l’armement de vivre sa meilleure vie jusqu’à la fin de la semaine, Macron et Starmer doivent se sentir tout émoustillés par tant de compassion de la part de Trump.

Des nouvelles ?

Dans les nouvelles du jour, la France, par la voix de son porte-parole, Emmanuel Macron, a annoncé que de nouvelles « négociations sur la sécurité de l’Europe » allaient se tenir à Paris aujourd’hui. Visiblement, ils veulent finir les restes du repas de lundi pour ne pas gâcher. Autant vous dire que le thème de l’Ukraine va rester d’actualité aujourd’hui et je pense qu’il serait bon que l’Europe annonce des investissements massifs dans l’IA, EN UKRAINE, ce qui devrait sûrement accélérer le processus de paix. Toujours sur le même sujet, Trump estime que l’Ukraine devrait tenir des élections dans le cadre des négociations de paix. Pas sûr que Zelensky fasse partie du processus de paix à terme. Il pourra toujours demander l’asile à Brigitte et Emmanuel, ils ont l’air de super-bien s’entendre. Autrement, la Nouvelle Zélande a baissé les taux pour la quatrième fois de suite, espérant relancer une économie qui se traîne. HSBC annonce un rachat d’actions de 2 milliards, alors que son bénéfice annuel augmente de 6,5 %.

Du côté des chiffres du jour, on va se concentrer uniquement sur les Minutes du FOMC Meeting. Encore une fois, entre le discours post-meeting, les chiffres économiques qui sont sortis depuis et les discours et autres témoignages de Powell et de sa clique, il serait étonnant qu’il y ait quoi que ce soit de réellement sexy dans les Minutes de ce mercredi, mais on va faire comme tout le monde et se dire que ça doit être SUPER-IMPORTANT et attendre la transcription avec impatience tout en espérant trouver un message codé inclus dans le texte qui va nous donner les dates et le nombre de baisses des taux en 2025.

Les marchés mondiaux restent toujours dans la même thématique : géopolitique ukrainienne, investissement dans la défense et longue vie à l’intelligence artificielle. En attendant on bat des records tous les jours et c’est plutôt cool. Passez une excellente journée et nous on se retrouve demain matin, comme d’habitude !

Thomas Veillet
Investir.ch

“Winning isn’t everything, but wanting to win is.” – Vince Lombardi