Les marchés américains qui finissent au milieu de nulle part, l’Europe qui continue d’être « bon marché » selon les intervenants, le DAX qui passe les 22'000 pour la première fois de son HISTOIRE et Powell qui confirme qu’il n’y a pas le feu au lac en ce qui concerne la baisse des taux. Ce mardi 11 février, nous avons vécu une journée qui reprenait les mêmes codes que depuis quelques jours : une obsession intense pour l’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, des droits de douane qui trustent la plupart des conversations, tout comme Trump, Musk et Vance. Et puis à la fin Powell qui ne nous apprend rien, sauf que rien n’a changé. Reste à voir si l’inflation sera un électrochoc pour nous tous.
L’Audio du 12 février 2025
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Depuis le début
Depuis que Donald Trump est le 47ème Président des États-Unis, nous vivons au rythme de ses annonces fracassantes. Depuis le 27 janvier le monde est bercé par les déclarations d’un Président qui est complètement fou selon certains et qui est en train de mettre de l’ordre dans le monde selon les autres. Difficile de prendre parti, surtout qu’on ne nous demande pas de le faire. Néanmoins, il faut vivre avec. Dorénavant l’acier et l’aluminium sera taxé à hauteur de 25% et ce, depuis la mi-mars. Ça n’est plus une surprise et ça fait déjà deux séances que l’on vit avec. Le marché a d’ailleurs l’air de plus ou moins bien supporter la chose. En revanche, la grande question que l’on peut se poser, c’est : jusqu’à quand pourrons nous ignorer les conséquences réelles de ces hausses de tarifs et quelle sera la prochaine annonce, qui va être le prochain à prendre un coup de bâton ???
Quoi qu’il en soit, pour le moment, les indices mondiaux semblent immunisés. La performance des indices américains lors de la journée de mardi pourra être qualifié de sans intérêt, nous sommes toujours coincés dans un trading range latéral, que ce soit sur le S&P500, sur le Nasdaq ou sur le SOX. La seule différence entre ces trois indices, c’est que le SOX est bloqué depuis bien plus longtemps. Il est vrai qu’il n’est pas simple de choisir une direction alors que les valorisations sont extrêmement élevées mais que ça serait une folie d’aller short alors que le trublion de la Maison Blanche court dans tous les sens pour dire à qui veut l’entendre qu’il va rendre toute sa superbe à l’Amérique et qu’il va donner un job, une maison et de l’argent à tous les citoyens de son pays et – coup de maître – le tout sans faire monter l’inflation, voire peut-être même la faire baisser.
Vivement demain (enfin, aujourd’hui)
La séance d’hier aura donc été centrée sur les déclarations de Trump mais qui ne font plus peur à personne (pour l’instant) et pour le reste, on a continué à s’exciter sur la thématique de l’intelligence artificielle (sommet de Paris oblige) et comme d’habitude, tout le monde achète de l’Allemagne et de la France parce que c’est pas cher et que ça bat des records tous les jours. On aussi pris le temps d’analyser les publications de Coca-Cola, tout en attendant le témoignage de Monsieur Powell devant les instances supérieures de la nation. En ce qui concerne Coca-Cola, ils ont fait mieux que ce que le marché attendait et les ventes de Coca Zéro ont offert de bonnes surprises aux investisseurs. Le titre avait vécu un trimestre précédent relativement compliqué, mais on dirait que tout cela est dorénavant derrière eux. Le titre terminait en hausse de près de 5%, laissant derrière lui un gap énorme qu’il faudra peut-être combler un jour, mais on ne va pas gâcher la fête. Comme d’habitude Coca est une action de tendance qui doit être rachetée quand plus personne n’en veut, parce que quoi qu’on en dise, ça se vend partout dans le monde et qu’à la fin, c’est toujours les bulls qui gagnent avec Coca.
Un des autres axes centraux de ce mardi, c’était bien évidemment le témoignage de Jerome Powell devant la Commission Bancaire du Sénat. Selon son Président, La FED n’a aucune raison de se précipiter pour baisser les taux. Selon lui, l’économie étant « dans l’ensemble forte » et marquée par un taux de chômage faible, ne le justifie pas. Sans compter que l’inflation est toujours au-dessus de l’objectif des 2% qui est le sien depuis la nuit des temps. Le roi des banquiers du monde a expliqué aux politiciens qui ont passé la journée à lui poser des questions sur la nouvelle administration Trump qu’il ne faisait pas de politique et que son job était de gérer une certaine économie réelle sans se préoccuper des enjeux électoraux de ses interviewers. Il a expliqué que l’économie est globalement forte et a fait des progrès importants vers les objectifs qui avaient été fixés et qu’ils n’avaient (eux, les membres de la FED) AUCUNE raison de se précipiter pour ajuster la politique monétaire. On notera qu’il a bien spécifié « AJUSTER » pas baisser, ni monter les taux. C’est intelligent de se laisser une porte de sortie, juste au cas où. Les mots sont plus ou moins, pour ne pas dire EXACTEMENT LES MÊMES que lors de la réunion de la FED du mois de janvier.
En conclusion de ce témoignage, il faudra se souvenir que Powell a dit aux membres de la commission et au reste du monde que « de nouvelles baisses de taux étaient conditionnées à un recul PLUS MARQUÉ de l’inflation ET à la santé du marché de l’emploi ». En ce qui concerne le marché de l’emploi, il n’y a (pour l’instant), rien à redire, il est plutôt fort et pour ce qui est de l’inflation, ça tombe bien, elle sera publiée cette après-midi à 14h30. On va encore noter avec amusement que Powell s’est soigneusement abstenu de commenter les nouvelles mesures de rétorsion mise en place par Trump et les conséquences que ces dernières pourraient avoir sur l’inflation et donc, in extenso, sur une éventuelle baisse des taux.
L’inflation comme cible
Vous l’aurez donc bien compris, ce mercredi sera placé sous le signe de l’inflation, pour autant que Trump ou quelqu’un d’autre ne vienne pas casser l’ambiance avec une nouvelle annonce spectaculaire. Je ne sais pas moi, mais des droits de douanes de 25% sur l’Europe et de 50% pour la France parce que Manu Macron n’a pas été accueillir le Vice-Président Vance en haut des marches de l’Élysée. Ou Musk qui annonce qu’il veut racheter Ford parce qu’il veut récupérer leurs moteurs V8 pour les mettre dans les Tesla S pour rendre l’automobile américaine Great Again ou Zuckerberg qui annoncerait qu’il veut racheter Hawaii et Nvidia, parce que Meta vient d’enquiller sa 17ème séance de hausse consécutive. Il est vrai que ces derniers temps, la macro de base a souvent été mise de côté parce que les gens étaient trop occupés ailleurs. Souvenez-vous des chiffres de l’emploi de vendredi dernier, ils ont généré, auprès de la communauté financière, à peu près autant d’intérêt que j’en ai pour la reproduction des palourdes sur les côtes méridionales de la Nouvelle-Zélande.
Quoi qu’il en soit, cette après-midi nous saurons ce qu’a fait l’inflation sur 12 mois et si elle a enfin choisi de revenir à la maison, en direction des 2%. Si l’on regarde les attentes du marché, le CPI devrait sortir à 2.9% et le CORE CPI (celui qui ne contient que les trucs qui vont bien) devrait sortir à 3.2%. Pour notre culture personnelle, on retiendra quand même que le CPI n’a plus été vu au-dessus des 3% depuis juin 2024 et que si cela devait se produire cette après-midi, la possibilité d’une baisse des taux en 2025 serait réduite au même niveau que celle que j’ai de gagner le marathon de New York avec une cheville foulée, du verre pilé dans les baskets et un sac de pierre de 60 kilos sur le dos. Autrement dit : AUCUNE chance que cela se produise, à moins que Trump ne l’ordonne par décret présidentiel. Chose qui est interdite selon la constitution, mais après tout, la constitution c’est quand fait pour se faire marcher dessus. En revanche, si le CPI sort à 2.8% ou en-dessous des 2.8%, ça pourrait être spectaculaire et peut-être que, finalement, le S&P pourrait sortir de son range. Mais je ne mettrai pas 10$ sur cette éventualité.
L’un dans l’autre, ce qu’il faut retenir de la séance d’hier c’est que Powell attend de voir pour l’inflation, que le marché attend de voir pour l’inflation mais aussi pour ce que Trump pourrait nous faire. Tout le monde attend de voir pour en savoir plus et vu que personne ne voit rien, je commence à penser qu’acheter un labrador pourrait devenir une bonne option pour au moins se faire guider alors qu’on n’y voit pas grand-chose.
Et maintenant l’Asie et la géopolitique
Ce matin l’Asie est plutôt calme, mis à part Hong Kong qui est en hausse de 1.5%. On notera que l’on vient d’apprendre que Baidu prévoit de lancer la nouvelle génération de son modèle d’intelligence artificielle au cours de la seconde partie de l’année. L’info provient d’une source anonyme proche du dossier. Pas forcément des choses que l’intelligence artificielle américaine aime entendre. C’est d’ailleurs un peu dans la lignée de l’annonce d’Apple hier qui a annoncé sa collaboration avec Alibaba pour intégrer l’IA dans les iPhones chinois. La concurrence arrive et si elle est aussi forte que BYD qui pose des soucis à Tesla avec l’intégration de DeepSeeeeeek dans leurs nouveaux modèles autonomes, il y a quelques inquiétudes qui pourraient poindre à l’horizon. Hier Tesla s’est d’ailleurs fait ENCORE fois déglinguer à cause de BYD et à cause de Musk que tout le monde déteste.
Du côté de l’or, après avoir presque touché le Graal des 3’000$, le métal jaune s’est arrêté de monter autour des 2’940$ et a décidé de reculer pour mieux sauter la prochaine fois. Actuellement, l’or est à 2’910$. Le Bitcoin est à 95’600$ et ne semble pas en grande forme. On a connu des jours meilleurs sur la crypto. Par contre, il faut qu’on parle du pétrole. L’or noir remonte gentiment depuis quelques jours et même si depuis hier soir il y avait quelques vendeurs à cause de chiffres d’inventaires un peu hauts, le baril se traite quand même à 73$, alors que jeudi dernier nous étions encore à 70.43$. On sent que les tensions géopolitiques au Moyen Orient redonnent un peu la joie de vivre au baril. Oui, parce qu’il ne faut pas oublier que si les cinglés du Hamas ne rendent pas les otages israéliens avant samedi midi, Trump fera sauter le cessez-le feu et les travaux de terrassement à Gaza vont reprendre immédiatement. Ce retour de flamme dans la région ne serait et n’est pas bien perçu par les traders sur le pétrole et cela pourrait faire remonter encore une fois le prix de l’essence.
Pour le reste des choses qu’il faut savoir
En dehors des aspects droits de douane, des élucubrations journalières de Musk, de Tesla qui se fait exploser chaque jour un peu plus et qui a tout de même perdu 25% depuis l’investiture (qui est complètement survendue), en dehors des mots de Powell et des attentes obsessionnelles du CPI, il y avait quand même quelques chiffres de sociétés qui sont sortis et il faut tout de même en parler. Tout d’abord on peut revenir un peu plus tôt hier matin et parler brièvement de Kering. L’autre société du luxe français a vu son résultat opérationnel chuter de 46%. Ils affichaient une marge opérationnelle de 14,9% en 2024, contre 24,3% en 2023. Les chiffres sont moches et les incertitudes toujours bien présentes, mais ce qui a sauvé François Pinault après ces chiffres médiocres, c’est que les analystes attendaient pire. Gucci ne va pas toujours pas très bien et c’est toujours aussi moche (mais c’est personnel), en revanche, la restructuration continue et on espère une amélioration.
Chez Super Micro, ça n’est pas le marché qui espère une amélioration, c’est la société elle-même. Hier SMCI a raboté ses prévisions pour 2025 et publié des chiffres en-dessous des attentes, celles du marché et les leurs. Dans un premier temps, le titre s’est fait massacrer. Il avait pourtant baissé de 10% DURANT la séance, mais il en perdait encore 10 de plus after close. Et puis ils ont sorti un JOKER de la manche et ont déclaré qu’ils s’attendaient à avoir un chiffre d’affaires de 40 milliards en 2026 alors que le marché n’attendait « que » 29 milliards. Sur cette annonce spectaculaire, le titre a rebondi violemment et terminait son hors-bourse en hausse de 9%. Je garderais pour moi ce que je pense des prévisions à long terme sur ce genre de boîte, mais passons. Avant 2026, Super Micro va quand devoir remettre ses états financiers au Nasdaq d’ici au 25 février. Ils assurent que tout va bien se passer. À écouter le CEO, SMCI est à nouveau le compte de fée qu’il était avant que Ernst & Young claque la porte.
Et puis autre publication a retenir ; hier soir DoorDash a annoncé un bénéfice plus faible que prévu pour le Q4 2024, mais la société qui te livre des plats froids dans des assiettes en carton pour t’éviter de lever le cul de ton canapé à tout de même battu les attentes des analystes en termes de revenus. Et devinez ce que notre bon vieux marché bipolaire a choisi de regarder ??? Eh oui, vous avez raison ! Les revenus ont fait suffisamment les yeux doux aux traders pour que ça cartonne after close et le titre était en hausse de 11%. Plus de revenus et plus d’assiettes en carton, je suis sidéré.
Les chiffres du jour
Côté chiffres du jour, nous aurons la suite du témoignage de Powell et le CPI. Je crois que vous l’aurez compris. Il y aura aussi les inventaires pétroliers qui devraient être plus forts que prévu et puis c’est tout. Pour ce qui est des sociétés, nous aurons des sociétés comme Biogen, Cisco, Reddit ou Robinhood. Il y aura aussi Heineken ou encore Schindler.
Je crois que c’est tout pour ce matin, moi je vais aller mettre mon compte à rebours et je vous retrouve très bientôt, mais pas demain ! Belle journée à tous !
Thomas Veillet
Investir.ch
“Don’t find fault, find a remedy: anyone can complain.” – Henry Ford