La semaine qui vient de se terminer aura été spectaculaire. Spectaculaire parce que nous avons appris que nous n’avons plus peur des droits de douane, plus peur de l’inflation et que plus les jours passent plus on se dit que l’intelligence artificielle est la solution à tous nos problèmes, sans compter que la paix en Ukraine, c’est pour bientôt et que Trump est un formidable accélérateur de processus. Pour ce qui est des marchés, la performance a été correcte, on n’arrête plus l’Europe et les USA butent sur les plus hauts et ce lundi, c’est fermé aux States. Pourquoi on est venu alors ?
L’Audio du 17 février 2025
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Comme un lundi
Le lundi ça n’est jamais facile de venir au travail – c’est jamais simple de revenir devant les écrans après le week-end, mais c’est encore plus compliqué quand tu dois revenir au bureau et qu’en plus, les Américains sont en train de saluer leurs Présidents et que, du coup, les marchés de là-bas sont fermés et que tu sais que les volumes seront merdiques et que ça risque d’être trop calme. Pourtant, je ne sais pas mais depuis le début de l’année on entend sans arrêt que l’Europe c’est pas cher alors il faut acheter alors peut-être que cette fois, ce lundi sans les Américains sera plus passionnant que d’habitude, parce que l’Europe ; c’est pas cher.
Franchement je n’en sais strictement rien, mais une chose est certaine, avec l’arrivée de Trump au pouvoir, la scission entre l’Europe et les USA n’a jamais été aussi marquée. On va donc donner une chance aux marchés européens en l’absence des Américains et se dire que – si ça se trouve – vu que c’est férié là-bas, Trump va en profiter pour se reposer, se taire et ne rien dire. En même temps, ça fait depuis le 26 janvier que le gars n’arrête pas et qu’on l’impression qu’il ne dort jamais. Avant les Américains avaient un Président qui donnait l’impression de dormir tout le temps, et maintenant, avec la version Trump 2.0, on a l’impression qu’il ne dort jamais.
Droits de douane et inflation
Nous allons donc commencer la semaine en douceur sans grands volumes, en attendant de voir quelles seront les préoccupations du marché. Au vu du départ tronqué de cette avant-dernière semaine de février, nous allons certainement nous concentrer sur les Minutes du FOMC Meeting qui sortiront mercredi soir, histoire de voir si l’on a raté quelque chose dans le sillage de ce que Powell avait dit dans son discours de clôture, tout en sachant que lors de son témoignage devant le Congrès la semaine dernière, il a déjà répété la même chose. En gros, les Minutes devraient être un gros non-évènement, vu que l’on sait presque déjà tout, mais comme il n’y a pas grand-chose d’autre à se mettre sous la dent, on va se dire que c’est important.
Après, vu que nous avons encore un peu (trop) de temps ce matin, on peut aussi se demander comment et pourquoi l’inflation est tellement passée inaperçue la semaine dernière. Pourtant, il y avait quand même de quoi s’inquiéter. Ça faisait plus de 8 mois qu’on ne l’avait plus vue au-dessus des 3%, le chiffre était nettement au-dessus des attentes et on voit clairement que le niveau des taux ne semble pas empêcher les prix de repartir à la hausse. Ce qui soulève immédiatement la question de la suite des décisions qui seront prises par les membres de la FED.
Des questions
Non, parce que si l’inflation monte alors que les taux n’ont pas bougé depuis quelques semaines on peut se demander si, petit (a), si l’inflation remonte parce que les taux ne sont pas assez hauts pour empêcher de d’emprunter et de dépenser à tort et à travers – sans compter que l’économie va bien et que donc, il y a quand même des Américains qui ont du fric à dépenser – ou alors, petit (b) – si la situation (de l’inflation) dans laquelle nous sommes ne pourrait pas – à terme – pousser la FED a repasser du côté « Hawkish » de la force et de devoir REMONTER les taux !!! Je sais que ça n’est pas le narratif que l’on nous vend depuis octobre 2023, mais force est de constater que, là tout de suite, l’inflation ne baisse plus. Bien au contraire.
Pourtant, la semaine dernière, le marché n’a pas bronché. Pour ne pas dire : le marché se fout totalement des chiffres de l’inflation, puisqu’entre deux, on a quand même les droits de douane qui ne font plus peur et Trump « la colombe de la paix » qui va stopper la guerre au nez et à la barbe des dirigeants européens qui ont attribué la moitié de leur PIB nationaux aux Ukrainiens depuis 3 ans. Il est vrai que lorsque l’on est confronté à ce genre de nouvelles passionnantes et disruptives, on a tendance à oublier assez rapidement la problématique de l’inflation qui repart à la hausse. Sans compter que les médias nous aident largement à nous faire comprendre que oui, l’inflation repart à la hausse, mais qu’en fait ça n’est pas si grave, ce qui nous permet de ne PAS PANIQUER sur le sujet.
En effet, alors qu’on pensait l’avoir enterrée six pieds sous terre, l’inflation revient plus forte qu’avant et plus coriace qu’un zombie dans « The Walking Dead ». Et la semaine dernière, on aura appris cinq choses essentielles sur le pourquoi du comment elle refuse obstinément de mourir et de revenir au FAMEUX 2% prévus par Powell.
Une économie en forme, c’est de l’inflation assurée
La Fed a sorti l’artillerie lourde en matraquant les taux d’intérêt, histoire de calmer l’excès de fièvre économique. Résultat ? Le chômage reste bas, les gens continuent de claquer leur pognon, et l’inflation fait du trampoline. Apparemment, les consommateurs n’ont pas reçu le mémo expliquant que tout devait ralentir et que ça serait quand même bien s’ils se calmaient au niveau des dépenses. Le problème reste toujours le même, quand t’as du fric à dépenser – quand toute ta vie on t’as coaché en te disant « spend, baby, spend », pas facile d’arrêter.
Les services coûtent une blinde
Les prix des gadgets high-tech ont un peu freiné, mais les Américains ont décidé de se rattraper sur les vacances, restos et assurances hors de prix. Et comme personne ne prend un crédit pour aller dîner ou s’épiler le dos, la Fed est impuissante face à cette fièvre dépensière. On le voit très clairement, c’est sur le côté de services que ça pousse à la hausse. On se calme sur le concret, sur le solide, mais comme il n’y a pas de mal à se faire du bien, on va se faire masser à la place
L’inflation est déjà dans les tuyaux
Les prix des matières premières s’envolent plus vite qu’une fusée de chez SpaceX. Pétrole, blé, cacao… tout y passe. Ajoute à ça des taxes sur l’acier et l’aluminium, et tu obtiens un cocktail molotov parfait pour nourrir l’inflation pendant un bon moment.
Les droits de douane ? Pas encore la panique, mais…
Les entreprises transpirent en voyant Trump agiter la menace d’une nouvelle guerre commerciale. Pour l’instant, tout va bien, mais elles restent en alerte. L’idée, c’est d’être prêtes à répercuter les hausses de coûts sur le consommateur… Comme d’habitude. Oui, parce qu’en même temps, personne n’a envie de payer le supplément dû à l’inflation, alors autant que ça soit le consommateur !
Janvier, le mois le plus trompeur
Et puis janvier, aaaahhhh, janvier, c’est quand même le mois où les entreprises balancent leurs hausses de prix, histoire de bien commencer l’année. Ça fausse complètement les chiffres, mais les économistes s’amusent à lisser tout ça. Problème : quand ils se plantent, ça donne des indicateurs plus flippants que la réalité. Conclusion ? Il faudra probablement attendre les prochains mois pour y voir plus clair et surtout ; avant de paniquer (ou pas). En résumé, la Fed rame, l’inflation résiste, et tout le monde retient son souffle. La suite au prochain épisode…
En Asie ce matin
Ce matin l’Asie est ouverte. Pas de « President Day ». Les mouvements ne sont pas spectaculaires et on va dire que tout est légèrement en hausse et la seule chose qu’il faut retenir, c’est que le PIB japonais était bon. Voire un poil trop bon. Parce que du coup, comme c’est trop bon, on craint le retour de la hausse des taux au Japon. Ça fait un moment qu’on en parle et on a l’impression que la lame du couperet se rapproche. Autrement l’or est 2’910$, le pétrole se bat avec les 70$ et le Bitcoin est à 96’500$.
Dans les news du jour, on notera que l’on s’autorise à penser dans les milieux autorisés que Taïwan Semi’s et Broadcom seraient en train de réfléchir à racheter Intel – chacun de leur côté – puis ensuite à casser la boîte en deux. Broadcom lorgne sur la division design d’Intel mais ne bougera que s’il trouve un partenaire pour la fabrication. TSMC, de son côté, s’intéresse aux usines, potentiellement via un consortium. Aucune alliance entre eux, juste des discussions séparées, mais l’idée d’un Intel éclaté n’a jamais été aussi crédible. Autrefois intouchable, le géant pourrait être contraint de choisir : fabriquer ou concevoir, mais plus les deux. Le début de la fin ? Peut-être. Le début du découpage ? Probablement, c’est en tous cas ce qui ressort du Wall Street Journal ce week-end. Autrement on a le Dieu Macron, Saint Patron des Européens qui organise une réunion d’urgence des pays Européens pour discuter de ce qu’il faut faire pour participer aux discussions sur l’Ukraine afin de ne pas être (trop) ridicules. Et si vraiment, ils veulent que la guerre s’arrête. Il y a aussi le leader Ukrainien qui déclare ce week-end que l’intention de Poutine, c’est de déclarer la guerre à l’OTAN. Ce qui est assez drôle, c’est que tous les jours on nous dit que la Russie est au bout du rouleau, tellement ils sont affaiblis par les sanctions, mais en même temps, ils voudraient se fritter avec l’OTAN, frontalement.
Bref, tout ça pour vous dire que ce matin, c’est très calme, que les Ricains sont fermés, qu’il n’y a pas de chiffres économiques et que la semaine va commencer demain pour de vrai, mais qu’au vu de la passion qu’il y a actuellement pour les titres européens, on pourrait avoir des surprises quand même ! Passez une excellente journée et on se voit mardi matin. Autrement dit : À demain !
Thomas Veillet
Investir.ch
“In the middle of every difficulty lies opportunity.”
– Albert Einstein