Je vais tout de suite vous rassurer, on va rester en terrain connu et on ne va pas commencer à parler d’autre chose que ce dont on parle depuis le début de la semaine. Alors oui, c’est vrai, on parle un peu moins de DeepSeek, même si les conséquences se font toujours sentir, mais pour le reste, on a droit à du Trump à toutes les sauces, il est omniprésent et omnipotent. Il sait tout sur tout et annonce des nouveaux trucs toutes les cinq minutes. Pour l’instant ça fonctionne encore et le marché boit ses paroles comme si c’était de l’élixir de jouvence mélangé à de l’Ozempic, mais à force, ça pourrait commencer à fatiguer tout le monde.

L’Audio du 31 janvier 2025

Télécharger le podcast

La digestion de la veille

La première chose qu’il faudra retenir au sujet de la séance d’hier, c’est la digestion des chiffres qui ont été publiés mercredi soir. Meta continuait de battre des records, mais mollement, Tesla grimpait de 3% alors que la plupart des analystes ne comprennent pas la réaction du marché et qu’ils le disent. Tesla est donc officiellement devenu une société qui fait de l’intelligence artificielle et le reste de son business, tout le monde s’en tamponne. Les voitures sont devenues de la décoration et tout le monde se concentre sur ce qu’a dit Elon Musk ; « ils sont tellement leader dans l’IA, qu’on n’aperçoit même pas le second tellement il est loin derrière ». Donc clairement, Tesla se traite sur des multiples d’une société d’IA et la voiture électrique ? Tout le monde s’en fout.

Bon, en même temps, ça fait longtemps que Tesla n’est pas valorisée comme un constructeur automobile, parce que si l’on devait le comparer à un Volkswagen ou à un Stellantis : soit Stellantis et VW sont horriblement bon marché, soit Tesla est le short du siècle. Bref, Tesla était en hausse de 3% mais les têtes qui sont secouées en signe d’incompréhension sont légion. Et puis d’ailleurs, à propos de signes d’incompréhensions, on peut aussi parler de Microsoft. Là aussi, on s’est posé des questions : comment une boîte qui sort des chiffres globalement aussi bons, peut se faire démonter de 6%, pour une sombre histoire de ralentissement de croissance dans le secteur du Cloud. Je sais bien que le marché a toujours raison, mais pour le coup, hier, le marché était complètement con. Une fois n’est pas coutume.

Une séance de hausse après des chiffres pas trop mal et un Trump en verve

Tout ça pour dire que la séance d’hier aura été une séance haussière un peu partout dans le monde, même s’il a fallu un peu plus de temps à nos amis Américains pour finir dans le vert. En Europe, on a eu droit aux chiffres du PIB et globalement, s’il ne fallait retenir qu’une seule chose c’est que (pour le moment) l’Europe est tirée par les pays du Sud, l’Espagne, le Portugal et l’Italie s’en sortent clairement moins mal que les soi-disant « gros pays » de l’Union. La France et l’Allemagne ont d’ailleurs un PIB négatif et on les entend moins faire les malins depuis hier. Mais bon, peu importe le PIB pourvu qu’on ait l’ivresse de la BCE. OUUUUIIII, parce qu’hier nous avons eu l’ADORABLE Madame Lagarde qui nous a encore abaissé son principal taux directeur à 2,75 %. Depuis trois mois, l’inflation accélère à nouveau (péniblement et pas partout) et pourtant Christine Lagarde s’est montrée particulièrement confiante sur un retour de l’inflation à sa cible de 2 %.

S’il y a un truc qui était d’ailleurs assez marquant c’est la force de ses certitudes. On a l’impression qu’elle sait tout en avance et qu’elle revient d’un voyage dans le futur. L’assurance de la patronne de la BCE tranche avec les doutes que montre actuellement Jerome Powell. Elle a bien changé la patronne de la BCE, elle qui piquait les discours du patron de la FED il y a encore deux ans. Tout ça pour dire que la BCE a baissé les taux pour compenser les PIB merdiques de certains pays européens et tente d’éviter la récession par tous les moyens. Elle a aussi confirmé qu’elle allait continuer de baisser les taux encore et encore afin de sauver le soldat Allemagne et le caporal France. Autre certitude de Madame Lagarde, l’Europe n’aura jamais de réserve de Cryptomonnaie. Alors que le reste de la planète est en train de virer sa cuti – tout spécialement sous la houlette de l’agent orange de Washington – on espère qu’elle n’est pas en train de se gourer de trajectoire, parce que si le Bitcoin va effectivement à 500’000$ et que t’en n’a pas la queue d’un dans ton portefeuille, ça risque de faire mauvais genre. En résumé, la BCE a baissé les taux, les PIB ont connu des jours meilleurs, surtout en France et en Germanie et pourtant, le DAX vient d’aligner un nouveau record d’altitude et est déjà en hausse de 10% après un mois de trading.

Les USA n’iront plus en vacances au Canada. Ni au Mexique d’ailleurs

Du côté de chez Trump, alors qu’il continue de coller la responsabilité de tous les problèmes sur le dos des transgenres, des wokes et de ses prédécesseurs – oui parce qu’hier on a aussi appris que s’il y a eu un crash à Washington, c’est parce qu’Obama et Biden ont attribué des jobs a des gens qui n’avaient pas les compétences selon le Président Américain. Pourtant, là tout de suite, on dirait plutôt que c’est le pilote d’hélico qui n’avait pas les compétences et rien ne prouve qu’il s’identifiait à un homme, une femme ou un cheeseburger. Tout ça pour dire que Trump était de sortie hier et ce, comme tous les jours. Le grand patron était en mode « tarifs douaniers » puisqu’il s’en est encore une fois pris au Canada et au Mexique, leur reprochant de ne pas avoir stoppé les exportations de Fentanyl et de migrants illégaux et donc, en conséquence, dès ce samedi les tarifs douaniers seront mis en place à hauteur de 25%. Dans la foulée et puisqu’on y était, le Président a également prévenu que si les BRIC’s tentaient quoi que ce soit pour briser l’hégémonie du dollar, ils se prendraient des tarifs de 100% dans les dents.

Ces nouvelles annonces ont un peu freiné l’enthousiasme des marchés. Déjà que Nividia peine à se remettre de l’effet DeepSeek et que le secteur des semiconducteurs est toujours dans le coma, ça n’était pas FORCÉMENT la meilleure nouvelle qui pouvait nous tomber lsur e coin de la figure. La journée avait donc commencé dans le rouge et les chiffres du PIB US qui a ralenti de 3,1% à 2,3% et en dessous des attentes qui étaient de 2.7%, n’ont pas vraiment aidé à réchauffer l’ambiance. Heureusement, pour compenser un peu les Jobles sClaims étaient un peu mieux que prévu, bien que quand on voit ces chiffres tomber un à un, je me dis qu’il y a un job que je ne voudrais pour rien au monde ; c’est celui de patron de la FED. D’un côté tu te fais démonter par le Président qui te hais et de l’autre, t’as les chiffres économiques qui vont dans tous les sens et qui te rendent la tache encore plus complexe au niveau des taux. Tout ça pour dire que les marchés US ont pataugé dans le rouge toute la journée pour finalement réussir à se sortir de l’ornière à la toute dernière seconde et à finir en hausse. C’est un peu la même histoire pour Nvidia. Mais franchement, j’ai connu des séances plus motivantes et des marchés un peu plus dynamiques que celui d’hier.

L’Asie et les petites histoires du jour

Ce matin la Chine est fermée, tout comme Hong Kong. Le Japon vient de publier son CPI qui est de 2.5% en ligne avec les attentes. Le Nikkei est en forte hausse de 0.3%. De la folie. Pendant ce temps, le pétrole se comporte comme une boule de flipper dans un couloir très étroit et attend de voir ce qu’il va ressortir des droits de douanes de Trump, histoire de voir à quelle sauce il va être mangé. J’en profite pour rappeler que si l’on veut ramener l’inflation à 2% aux USA et en ne comptant QUE sur le baril, ça serait pas mal s’il pouvait descendre en-dessous des 20$ (et encore, je dis 20$, c’est pour être gentil pour Exxon et Chevron). À l’heure actuelle, le WTI est à 73.43$. La route est encore longue. Du côté de l’or, le métal jaune a bien aimé les déclarations de tonton Donald hier. Celles sur les droits de douane. Cette instabilité et cette incertitude, ainsi que ces risques d’inflation qui pointent à l’horizon comme un troupeau de marmottes qui aurait fini d’hiberner et qui sortiraient du terrier pour aller mettre le chocolat dans le papier d’aluminium, ont fait démarrer le métal jaune à la hausse et – par la même occasion – au plus haut historique. Ce truc est jaune, très lourd, fond comme une motte de beurre dès que tu l’expose un peu trop au chalumeau et n’a ABSOLUMENT AUCUNE compétence en Intelligence Artificielle et ne permet même pas de perdre du poids comme l’Ozempic et pourtant, ce matin ça vaut plus de 2’849$ l’once. Les 3’000 ne sont même plus une option. Pendant ce temps, le Bitcoin ne sert visiblement plus à lutter contre l’inflation, puisqu’il reste collé autour des 104’000$.

Tout cela mis à part, il y a UNE chose que l’on attendait super-fort hier soir ; c’est les publications trimestrielles d’Apple. Il faut dire qu’il y avait un soupçon de méfiance chez les investisseurs, puisque depuis quelques temps, on savait que les ventes d’iPhone c’était pas Byzance en Chine. Et au vu des chiffres publiés hier soir, c’était évident que l’iPhone et la Chine, ça n’est plus une histoire d’amour. Mais la bonne nouvelle, c’est que ça ne ralenti qu’en Chine et que dans le reste du monde, nous sommes toujours suffisamment fans pour claquer 1’500 balles tous les 18 mois pour jouer à Candy Crush ou publier des messages débiles sur Snapchat en se filtrant tellement que personne ne nous reconnaîtra s’il nous croise dans la rue. Le géant californien a annoncé un résultat en hausse de plus de 7% sur le Q4 à 36,33 milliards. C’est légèrement mieux que le consensus qui tablait sur 35,6 milliards. Le chiffre d’affaires est en hausse de près de 4%, à 124,3 milliards et conforme aux attentes. C’est d’ailleurs un nouveau record historique pour Apple. Les revenus de l’iPhone étaient en baisse de 1% – mais comme ça n’est dû qu’à la Chine, c’est pas grave. En revanche, les Macs et les iPads ont fait un carton, mais c’est surtout la division des « services d’Apple » qui a fonctionné comme principal relais de croissance avec des revenus records de 26,34 milliards en hausse de près de 14% sur un an. Pour faire simple : des chiffres qui ne sont pas bons partout, mais là où ça pêchait, on trouvait des compensations ailleurs. L’un dans l’autre, le trimestre a été apprécié par les analystes et le titre prenait 3% after close. Et puis ce matin, puisqu’un des problèmes d’Apple c’est la concurrence avec les Chinois et Samsung, eh bien Samsung vient de publier des chiffres en demi-teinte qui laisse à penser que le monde du smartphone n’est facile pour personne. Samsung est en baisse de 2.5% à Séoul ce matin.

Les histoires du jour

Dans les autres histoires du jour, UPS a annoncé jeudi un bénéfice plus élevé que prévu pour le dernier trimestre de 2024, mais ses prévisions de chiffre d’affaires et de résultat d’exploitation pour 2025 se situent en deçà des estimations des analystes. Sans compter qu’ils ont décidé de revoir leurs partenariats et ils comptent réduire leurs business avec Amazon de 50% parce que les marges sont merdiques et afin de se concentrer sur des clients plus « rémunérateurs ». Les intervenants n’ont pas aimé la partie de la phrase où ils disaient : « réduire le business de 50% AVEC AMAZON » et le titre s’est fait pulvériser de 14%. Par contre, pour ceux qui sont patients et qui croient en la stratégie d’UPS, le rendement du dividende (dividende qui n’est pas remis en question et qui a été confirmé par le management), est de 6%. Alors faites-vous plaisir. Autrement ; ServiceNow a plongé de 11 % après avoir annoncé des revenus de 2,86 milliards de dollars pour le quatrième trimestre, légèrement inférieurs aux estimations de Wall Street. Et puis le bénéfice et le chiffre d’affaires de Lam Research, ont augmenté par rapport à l’année précédente, ce qui a fait grimper l’action de 7,4 %. Le bénéfice ajusté de 91 cents par action a dépassé les attentes de 88 cents, tandis que le chiffre d’affaires a augmenté de près de 17 %. Cigna a chuté de 6,7%. L’assureur santé a foiré ses estimations de bénéfices trimestriels et a publié des prévisions modestes dans un contexte de hausse des coûts médicaux. Whirlpool est passé dans les chiffres rouge. Ils ont annoncé une perte et le titre était en chute libre de 16%, Comcast a également complétement raté ses chiffres et reculait de 11%. Et puis Caterpillar prévient que ses revenus seront « légèrement inférieurs » en 2025, la faute aux inquiétudes concernant la demande qui pèsent sur les perspectives du marché de l’équipement lourd. Globalement les chiffres étaient meilleurs que les attentes, mais les inquiétudes ont pesé plus lourd, d’où la baisse de près de 5% hier.

En revanche, il n’y avait pas que du mauvais, puisque Las Vegas Sands a bondi de 11 % après que la société de casinos et de centres de villégiature a annoncé des résultats trimestriels en demi-teinte, mais a déclaré que la reprise à Macao s’est poursuivie au cours du quatrième trimestre et que son centre de villégiature Marina Bay Sands à Singapour « a continué d’offrir des performances financières et opérationnelles exceptionnelles ». Et pour surfer sur la vague du bonheur, on retiendra encore qu’Intel a publié des chiffres que l’on ne va pas qualifier d’extraordinaires, mais en revanche, les analystes semblent plutôt satisfaits des restructurations mise en place et le titre prenait quand même 3.65% after close et after Apple. Pour terminer les chiffres, on notera que Visa et Mastercard se sont montrés très heureux de leurs chiffres trimestriels, puisque les dépenses via cartes de crédit ont continué de croître. Les volumes sont en hausse, les Américains s’endettent avec des taux d’usurier, mais Visa et Mastercard sont plutôt contents. Hier soir Visa prenait 1% after close et 2% sur la séance et Mastercard avançait de 3% sur la séance.

Les chiffres du vendredi

Côté chiffres du jour, c’est la séance de l’inflation aux USA, puisque nous aurons droit aux chiffres préférés de la FED : le PCE. On peut se dire que l’on va se poser des questions en fonction de ce qui se dit, mais on devrait pouvoir également compter sur Trump pour faire diversion et se fâcher avec quelqu’un dans la journée. D’ailleurs il n’a toujours pas stoppé la guerre en Ukraine comme il l’avait promis. Mis à part ça, il y aura aussi les ventes de détail en Allemagne, le CPI en France et le chômage en Allemagne.

Pour le moment, les futures sont en hausse – comme d’habitude – de 0.25% et ce soir c’est le week-end. Il me reste donc à vous souhaiter une excellente journée, un très bon week-end. On se voit lundi, même heure et même endroit !

Thomas Veillet
Investir.ch

“When Mexico sends its people, they’re not sending their best. They’re not sending you. They’re not sending you. They’re sending people that have lots of problems, and they’re bringing those problems with us. They’re bringing drugs. They’re bringing crime. They’re rapists. And some, I assume, are good people.”
― Donald J. Trump