La séance du 14 janvier restera classée dans la catégorie du « « si j’avais su j’aurais pas v’nu ». Le marché n’aime pas ne pas savoir et n’aime pas être dans le doute. Et c’est exactement là où il se trouve en ce moment. On attend de savoir pour le CPI, on attend de savoir pour les droits de douanes, on attend de voir Trump sur le parvis de la Maison Blanche, on attend de savoir quand est-ce que Bayrou va se faire virer, on attend la publication des chiffres du trimestre et on attend de savoir si la Chine redémarre ou pas, histoire de savoir s’il faut vraiment acheter du LVMH. Même si les marchés ont bougé hier, l’activité et les volumes, donnaient envie de rester couché en attendant.
L’Audio du 15 janvier 2025
L’envie
Comme disait l’autre : « On m’a trop donné bien avant l’envie » et là, après m’être tapé la lecture d’à peu près tous les médias financiers qui en valent la peine, après avoir « scroller » sur X – tant que c’est légal – pour y perdre un maximum de temps, je me retrouve devant ma page blanche pour essayer de résumer ce qui s’est passé hier sans que ça soit trop chiant et que vous ayez envie de partir lire le résumé boursier du 20 minutes qui a été écrit avec ChatGPT. Je vais donc tenter de faire simple, de rester factuel histoire de ne pas faire trop long ce matin, parce qu’il va falloir aller se chauffer et faire des étirements pour la publication des chiffres du CPI de tout à l’heure ! Pas ceux de la France, ceux des USA…
Donc, hier les marchés européens ont donc terminé légèrement en hausse pour deux raisons : la première c’est que les chiffres du PPI américain qui ont été publié hier après-midi sont sortis en hausse, mais moins en hausse que les experts en finance avaient prévu. En résumé, les chiffres du PPI étaient moins pire ! Et moins pire, c’est bien. Bon, c’est pas BIEN AU POINT d’envisager une baisse des taux de la FED dans deux semaines, mais BIEN QUAND MÊME. Enfin, moins pire surtout. Et c’est d’ailleurs tout le débat du moment : est-ce que l’inflation fait son retour en force de façon violente ou est-ce qu’elle fait son retour tout en douceur et qu’on ne va pas la sentir se glisser dans notre dos pour nous planter un couteau dans le dos en question ? Pour l’instant, ce que l’on sait, c’est que ça monte gentiment, mais sûrement. Un EXPERT EN ÉCONOMIE disait hier que – je cite : « la publication d’un PPI moins élevé qu’attendu ne remet pas en question la NON-BAISSE des taux de la part de la Fed, mais offre plus de flexibilité pour l’avenir ».
Voilà. Plus de flexibilité pour l’avenir. Je vous avoue que ça laisse songeur. Je peine à voir ce que ça offre de plus à la FED et quand il parle de flexibilité, je suppose que ça n’a rien à voir avec la capacité de Powell à pouvoir toucher ses doigts de pieds en se penchant en avant ou au fait que dorénavant il pourra enchaîner les postures les plus complexes du yoga et tout ça grâce à un PPI moins pire. Non, moi je vais vous dire un truc ; on ne va pas se plonger dans des discussions sur la sémantique d’une phrase qui est certainement sortie de son contexte et on va se contenter de prendre les choses factuellement : le PPI est sorti moins pire que prévu, mais démontre tout de même que l’inflation remonte toujours et Barclays disait même hier que : Compte tenu des chiffres d’hier, on pouvait quand même s’attendre à une inflation en 3 et 4% dans le courant de l’année 2025.
Mais c’était moins pire
Mais bon, c’est pas grave et ça ne sert à rien de passer la nuit sur un chiffre qui sera oublié dès la publication du CPI de tout à l’heure. Toujours est-il que ça a quand même bien plu aux marchés européens qui continuaient de sur la vague d’hier. La vague d’hier qui était représentée par le fait que l’équipe économique de Trump aurait laissé entendre que les tarifs douaniers qui seront mis en place dès le 21 janvier seraient mis en place « GRADUELLEMENT » et non brutalement à coup de 100% sur la Chine dès le premier jour. Les traders européens ont donc pris ça comme une béquille et se sont injecté une bonne dose d’optimisme pour justifier une hausse de 0.2% sur la France et de 0.69% sur l’Allemagne qui persiste à vouloir retourner aux plus hauts de tous les temps, pendant que le marché italien prenait 0.93% et que la Suisse EXPLOSAIT de 0.01% dans un tourbillon haussier qui faisait presque peur tellement c’était violent.
Aux USA, on se foutait pas mal des tarifs, mais on s’est pris la tête au sujet du PPI de la même manière. On ne va donc pas revenir dessus et s’accrocher au fait que l’on attend les chiffres du CPI cette après-midi avant de tirer trop de conclusions. Si l’on en croit les stars de la finance, les plus « optimistes » parient sur un CPI a 2.8% et les plus « pessimistes » (c’est l’UBS) on parle de 3%. Du côté du CORE, même chose, les plus « optimistes » attendent 3.3% et les plus « pessimistes », attendent 3.3%. On est donc plus ou moins clair et sur la même ligne du côté du CORE CPI. On peut donc qualifier la séance d’hier, de séance d’attentisme, puisqu’en clôture, les trois indices principaux n’ont pratiquement rien fait. Le Dow Jones reprenait 0.52%, le S&P500 avançait de 0.11% et le Nasdaq était en baisse de 0.23% et on notera que le Nasdaq COMPOSITE était en baisse pour la 5ème séance consécutive, des baisses homéopathiques, soit, mais 5 séances de baisse quand même.
Au milieu de cette séance d’emmerdement maximal, on retiendra quand même que Microsoft lance un programme de baisse des coûts qui fait tout de même lever les sourcils de certains à l’aube de la publication trimestrielle de la boîte à Billy – certains esprits chagrins disent que ça commence à se compliquer mais qu’on ne veut juste pas le voir – mais c’est une affaire qui ne secoue pas non plus la place financière pour le moment. Et puis, la presse fait également ses choux gras sur le fait que « malgré que le PPI était moins pire », le rendement du 10 ans en a tout de même profité pour faire une envolée jusqu’à 4.82% de rendement… Les 5% approchent et n’oubliez pas que les 5% sur le 10 ans américain, c’est comme la date de péremption sur une boîte de sardines. Le mardi soir à 23h59, vous la mangez, ça vous apporte plein d’omega 3, de vitamine D, de calcium, de phosphore et de vitamine B12. Mais le mercredi à 00h01, vous mangez la même boîte, et vous chopez immédiatement une toxine botulique, des nageoires et des écailles vous poussent partout sur le corp et vous mourrez dans l’heure si vous ne trouvez pas un contrat de méchant dans le prochain Marvel. Le rendement du 10 ans, c’est pareil. À 4.99% tout va bien, mais à 5%… Le krach des tulipes en 1765, c’était les vacances à côté !
Et ça continue encore et encore
Donc en résumé, les marchés n’ont pas fait grand-chose et ils attendent beaucoup plus de ce soir. Sans compter qu’en plus des chiffres du CPI, nous aurons droit au double-effet Kiss-Cool, puisqu’il y aura aussi les publications du trimestre de JP Morgan, Citi, Black Rock, Wells Fargo, Goldman Sachs et Bank of New York Mellon. Bref, ce qu’il faut retenir d’hier c’est que l’inflation monte mais moins que prévu – pour le moment – que les tarifs douaniers vont arriver mais « progressivement », on va donc nous traiter comme la grenouille dans la casserole et faire monter la température progressivement, Microsoft baisse les coûts et on demain est un autre jour. Enfin, aujourd’hui est un autre jour. Ce matin en Asie, Musk n’a toujours pas racheté Tik Tok USA et les indices locaux ne foutent strictement rien en attendant les chiffres de tout à l’heure. Le baril est revenu à 76.59$ parce que l’on parie sur l’arrivée de Trump pour ramener le prix du pétrole à des niveaux accessibles et comme il ne reste plus que 6 jours pour que ça bouge, on anticipe. L’or est à 2’690$ et le Bitcoin se traite à 97’000$.
Du côté des nouvelles qu’il faudra retenir, il y a Eli Lilly qui s’est pris 6.6% dans les dents après avoir annoncé que ses ventes de médocs anti-obésité – comme Zepbound et Mounjaro ont complètement raté les attentes des analystes. Les ventes de Mounjaro étaient de 3.5 milliards de dollars au quatrième trimestre avec des attentes de 4.4 milliards de dollars du côté des vedettes de Wall Street et les ventes du Q4 de Zepbound se sont élevées à 1.9 milliard de dollars, ce qui est également inférieur au consensus de 2.1 milliards de dollars. Boeing était en baisse de plus de 2% parce que les derniers chiffres de ventes annoncé hier étaient un tier plus faible que l’an passé à la même période. Ce qui me fascine le plus, c’est qu’apparemment, il y avait encore des gens qui étaient surpris.
Musk à la barre
Autre sujet du moment, Elon Musk est à nouveau dans le collimateur de la SEC, chose qui pourrait mettre la nouvelle administration Trump en difficulté, même si cette histoire pue le règlement de comptes. Alors qu’il ne reste que quelques jours à l’administration Biden, mardi la SEC a décidé de poursuivre Musk estimant qu’il n’avait pas respecté l’obligation de notifier à l’agence sa participation croissante dans Twitter en 2022 – avant de finalement tout racheter. Visiblement, il s’agit d’une dernière tentative de Gary Gensler, président de la SEC, qui démissionnera le 20 janvier, après l’entrée en fonction du président élu Donald Trump. Il appartiendra à Paul Atkins qui succédera à Gensler, de déterminer la suite à donner à cette affaire. C’est une sale épine dans le pied que vient de planter Gensler, puisqu’inévitablement, si les poursuites sont annulées, on va hurler à la magouille. En même temps, le fait que l’Administration Biden est en train de mettre un bordel sans nom avant de partir, commence à se voir un peu trop et il faudrait être débile pour ne pas l’admettre. Biden vient encore de mettre au point une nouvelle convention anti-fraude fiscale alors qu’il vient de pardonner son fils parce qu’il a fraudé le fisc. Comme disait Coluche : « La différence qu’il y a entre les oiseaux et les hommes politiques, c’est que de temps en temps les oiseaux s’arrêtent de voler ! ».
On termine avec un petit point de situation, il faut savoir qu’actuellement, la capitalisation boursière des 5 premières valeurs du S&P 500 est désormais égale à la taille des 407 dernières valeurs. Apple, Nvidia, Microsoft, Google et Amazon valent désormais 15’300 milliards de dollars. Pour mettre les choses en perspective, ces cinq actions valent aujourd’hui presque autant que les marchés boursiers de la Chine et de Hong Kong COMBINÉS et ces cinq entreprises représentent 24 % de la capitalisation boursière totale des États-Unis.
Lorsque l’on regarde le tableau ci-dessous, on peut se demander si par hasard, il n’y a pas un peu trop de concentration.
Les chiffres du jour
En ce qui concerne les chiffres du jour, nous aurons donc – en plus du CPI américain – le CPI en France, dans l’hypothèse où Bayrou a retrouvé ses feuilles, le CPI en Espagne et le NY Empire State Manufacturing Index de janvier. Mais on ne va pas se mentir, le CHIFFRE du jour ça sera le CPI et comme le disait Marketwatch ce matin : « les investisseurs se préparent à ce qui pourrait être le « chiffre le plus important de l’inflation de mémoire récente » »…
Alors bonne préparation, belle journée et on se revoit demain pour faire le point et voir si nous sommes plus haut qu’hier ou plus bas que ce matin. Actuellement les futures pointent en hausse de 0.02% – pour ce que ça vaut !
À demain !
Thomas Veillet
Investir.ch
“Twenty years from now you will be more disappointed by the things that you didn’t do than by the ones you did do. So throw off the bowlines, sail away from safe harbor, catch the trade winds in your sails. Explore, Dream, Discover.” – Mark Twain