Donald Trump a signé des dizaines de décrets présidentiels les deux premières semaines pour montrer qu’il fait ce qu’il dit. Certains sont inconstitutionnels comme le droit du sol. En tout cas, la fin du multilatéralisme semble actée.
Des effets dévastateurs sont à craindre sur le système de l’ONU, l’OMS et le monde des ONG. Le président a suspendu pour nonante jours toute l’aide aux pays en développement (santé, humanitaire, éducation, anti-corruption, sécurité), histoire de vérifier leur efficacité et leur alignement avec la politique étrangère de la Maison-Blanche, sauf pour Israël et l’Egypte. C’est une part importante de l’aide internationale qui est en péril, car les États-Unis sont le plus gros donateur avec 63,5 milliards de dollars en 2023, soit 1% du budget US. Mais les autres grands donateurs comme l’Allemagne et la France réduisent aussi leur contribution à l’aide au développement. Les grandes nations sont poussées à s’occuper uniquement de leurs propres intérêts.
Sortie des Accords de Paris et fin du Green New Deal. Suppression des aides aux EV. Mais les entreprises et le secteur automobile sont déjà sur la transition énergétique et on voit mal les entreprises faire un retour en arrière. Le secteur automobile chinois est en avance sur le reste du monde dans les EV. Un retard des constructeurs américains serait dommageable à long terme. Nous pensons que les constructeurs vont poursuivre l’électrification. Au final, c’est le consommateur qui va choisir. Une situation qui devrait favoriser Tesla à court terme. Pour le secteur du solaire et de l’éolien, la situation pourrait être moins favorable. Nous restons concentrés sur les grandes valeurs actives dans l’électrification et l’efficience énergétique.
Sortie de l’OMS. Les Etats-Unis ne peuvent pas en sortir avant une année. Difficile d’évaluer les impacts sur le secteur pharmaceutique. Nous restons prudents sur le secteur pharma avec l’arrivée de Robert Kennedy, un anti-vaccin, au département de la santé, sachant qu’il veut amener de «nouvelles» idées. Malgré tout, les stratégistes de Wall Street deviennent plus positifs sur le secteur pharma qui a fortement sous-performé ces deux dernières années.
Urgence énergétique nationale. Un concept encore flou, un mélange d’énergies fossiles et de production d’électricité. Trump veut supprimer les lois sur l’environnement et la pollution pour pouvoir produire plus de pétrole, de gaz et du charbon. PJM Interconnection, le plus grand opérateur de réseaux électriques aux US, avait averti en août dernier que la fermeture des centrales à charbon était trop rapide et mettait à mal les capacités de production d’électricité face aux besoins croissants des Big Techs. A la fin de son mandat, Trump veut une production de pétrole supplémentaire de 3 millions de bj, portant la production totale à 16 millions de bj. Toutefois, il devra passer par le Congrès pour annuler les lois Biden sur l’interdiction de forer sur des terrains fédéraux et l’exploitation offshore. On verra comment les clients se comportent, car les Big Techs veulent des énergies décarbonées. Trump veut accélérer la construction des terminaux méthaniers. C’est bon pour Cheniere Energy. Par contre, c’est plutôt bearish pour les prix du pétrole. Donald Trump a demandé aux producteurs du Golfe de baisser drastiquement les prix du pétrole. En 2025, le cours du Brent pourrait revenir sur les $70-$60 le baril. Pour le gaz, c’est différent: en raison de la complexité du transport, le prix du gaz est domestique. Nous continuons de favoriser les producteurs d’électricité non-régulés qui utilisent les énergies renouvelables et le nucléaire comme Constellation Energy, Vistra et Nextera.
Stargate. C’est le mégaprojet de $500 milliards d’infrastructures d’IA aux US, impliquant Oracle, Softbank et Open AI. Arm, Microsoft, Nvidia, Broadcom, Micron ou l’Européen Schneider bénéficieront de Stargate. Encore une fois, Apple semble rester en arrière dans l’IA, ce qui traduit une mauvaise performance du cours boursier en 2025. Apple n’est pas directement concernée par Stargate. Dans le même temps, l’intégration de l’IA dans les produits Apple n’impressionne pas les consommateurs. Début 2025, Microsoft et Meta ont annoncé des dépenses de $80 milliards et $65 milliards pour développer leur infrastructure IA. Nous ne pensons pas que DeepSeek soit un game changer.
Bitcoin. Donald Trump a signé jeudi dernier un décret – Strengthening American Leadership in Digital Financial Technology – sur les cryptomonnaies. D’ici 180 jours, le Secrétaire au Trésor, le patron de la SEC et le département de la justice doivent proposer une régulation et une législation sur les actifs digitaux. Donald Trump veut promouvoir les cryptomonnaies qui joueront un rôle crucial dans l’innovation, le leadership et l’économie des Etats-Unis. Les individus et les entreprises doivent accéder librement au blockchain et au minage des cryptomonnaies. Le président Trump veut aussi évaluer la création d’une réserve stratégique en bitcoin. Les banques américaines ont dit qu’elles achèteront du bitcoin et proposeront le bitcoin à leurs clients comme moyen de paiement dès que la législation sera en place.
La Chine. Pour le moment, Donald Trump semble plutôt courtois avec Xi. Une entente commerciale serait favorable aux valeurs de la technologie américaine, mais une guerre commerciale leur serait défavorable, en particulier pour Tesla et Apple. Donald Trump surprend beaucoup en ayant une posture, pour le moment, moins agressive que prévu sur les droits de douane, mais très agressive sur la géopolitique, en particulier sur le Canal de Panama et le Groenland.
L’OTAN. Donald Trump a réaffirmé que les membres de l’OTAN doivent augmenter considérablement leurs dépenses militaires. Le secrétaire de l’OTAN, Mark Rutte, a dit que les Etats et l’industrie de la défense européenne devaient passer à une mentalité de guerre. L’OTAN va partager des informations classifiées avec l’industrie de la défense pour harmoniser les critères militaires. La défense européenne doit accélérer la production, déjà par la suppression des contraintes aberrantes ESG et la prise de conscience du secteur financier européen à participer à la sécurité de l’Europe.
Nos conclusions d’investissement sont les mêmes depuis plusieurs trimestres. Positives sur les actions, mais avec des estimations de progression des indices (+10%) moins fortes qu’en 2023 et 2024, et avec plus de risques et de volatilité. Nous surpondérons la finance, l’industrie, les valeurs liées à l’infrastructure IA, la défense européenne (nous estimons un cours de Rheinmetall à $1’800 d’ici à 2027), le gaz liquéfié, les producteurs d’électricité US répondant aux besoins d’énergie des Big Tech et le bitcoin.
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