Il y a des bonnes nouvelles qui sont des bonnes nouvelles. Mais il y a aussi des mauvaises nouvelles qui sont des bonnes nouvelles quand même parce que Trump y va faire des miracles. Et puis il y a des mauvaises nouvelles dont on ne parle pas parce que tout le monde s’en fout et parce qu’on est dans une euphorie boursière (presque) jamais vue. Et pour terminer il y a des nouvelles que l’on ne sait pas trop comment classer, mais dans le doute on va dire que c’est des bonnes nouvelles, ça fait toujours meilleur genre et ça fait monter les marchés. Hier on a eu de tout, mais le plus important – à la fin – c’est que le S&P500 soit au plus haut de tous les temps. Et c’est ce qu’on a fait.
L’Audio du 3 décembre 2024
Toujours plus haaaauuuuuuuuut, toujours plus haaaaauuuutttt…
Hier on m’a envoyé un message pour me dire d’arrêter d’être trop négatif et que je donne l’impression de dire tout le temps que « tout va mal » pour que, je cite : « le jour où ça baissera vous puissiez dire que vous l’aviez dit ». Alors je reconnais qu’il y a une part de vérité dans ce reproche. C’est vrai qu’en ce moment je dis souvent que tout va mal, mais d’abord parce qu’il y a une part de vérité dedans et que je m’en voudrais de ne faire parler que la voix des « Jedi’s » et pas le côté obscur de la force. Mais aussi parce que lorsque l’on investit son argent, je crois qu’il est important de connaître et de comprendre la « big picture » plutôt que de s’appuyer uniquement sur le fait que « tout le monde achète, alors je fais comme tout le monde ».
Donc oui, parfois je peux donner l’impression d’être « super-négatif », désolé, mais quand j’entends qu’aux USA ils ont créé des parking surveillés la nuit pour que les propriétaires des voitures parquées dans ledit parking puissent dormir dans leur véhicule en toute sécurité. J’ai quand même de la peine à me dire que « tout va bien » et que c’est pas parce que Musk est l’homme le plus riche de l’histoire que tout le pays en bénéficie. Et là je ne parle que des USA. Je reste convaincu que tout ne va pas si bien et qu’il est important de le signaler. Ce qui ne VEUT PAS dire qu’il ne faut pas acheter le marché. La tendance est là et ça ne vaut pas la peine de pisser contre le vent, ça mouille les chaussures. En revanche, le jour où l’euphorie va gentiment se dissiper – parce que ça va forcément finir par arriver un jour – il faudra être conscient de ce qui se passe autour de nous. Et aussi un peu plus loin. Afin de ne pas s’entêter. Dans chaque correction boursière – après un top – on a une phase de repli dans lequel tout le monde se jette en se disant « c’est l’opportunité d’achat d’une vie » – c’est aussi ce que l’on appelle : « un bull trap ». Un piège à bull. C’est aussi pour ça que je raconte des choses qui ne sont pas toujours sympas à entendre dans un bull market – c’est parce qu’un jour le vent tourne et que ce jour-là, il faudra être prêt à ne pas se faire piéger. Mais promis, je ne vous dirai jamais : « Je vous l’avait dit », je souffre bien trop du syndrome de l’imposteur pour vous le dire !
Une séance de record
Bref, vous n’êtes pas venus pour jouer le rôle de mon psy et je ne suis pas venu pour me justifier – enfin, un peu quand même – mais ceci mis à part, il faudra aussi retenir qu’hier le S&P500 et le Nasdaq Composite ont entamé un nouveau mois avec de nouveaux records. C’est le 54ème pour le S&P500 et vu l’ambiance, ça n’est visiblement par le dernier. Les chiffres de l’ISM qui ont été publiés hier démontrent que l’activité manufacturière s’est améliorée aux Etats-Unis, les commandes augmentant pour la première fois en huit mois, les prix des matériaux est en train de baisser – ce qui laisse supposer dans un monde idéal, qu’à terme cela va se répercuter sur l’inflation qui restera ainsi sous contrôle et transitoire. On ne va donc pas se perdre sur les chiffres d’hier surtout qu’il y a bien plus important devant nous, mais ce qu’il faut surtout retenir, c’est que l’économie va bien avec une inflation qui devrait reprendre sa baisse à terme. Pour autant que l’on ne nous raconte pas trop de conneries, ce qui n’est pas évident quand on voit les dernières décisions en date du camp démocrate.
Cette économie qui va mieux et qui frise presque l’idéal est d’ailleurs la raison pour laquelle les deux banquiers centraux qui ont parlé hier ont donné l’impression de pencher en direction d’une baisse des taux en décembre. Enfin, c’est surtout Waller qui a déclaré que « compte tenu des informations à dispositions en ce 2 décembre 2024 », il n’avait aucune objection contre la baisse des taux. Du côté de Bostic, c’était un peu moins clair, mais si l’on se base sur le fait qu’une mauvaise nouvelle doit forcément avoir du bon dedans pour exister, les déclarations du patron de la FED d’Atlanta qui a déclaré « garder toutes les options ouvertes » est considéré comme une « bonne nouvelle » parce Bostic est plutôt DOVISH ces derniers temps. Bref, tout ça pour vous dire qu’hier soir, il soufflait comme un vent d’optimisme sur les places boursières américaines. Et ailleurs aussi…
L’Europe à la force du poignet
En Europe, il y avait deux salles et deux ambiances. Comme au Macumba de Lille. Tout d’abord il y avait l’Allemagne qui est intimement persuadée que son économie est au top de sa forme et que la croissance est tellement forte, l’inflation sous contrôle et l’emploi au top de sa forme, tout comme l’aspect politique, qu’il est pratiquement impossible de ne pas monter. On dit que les marchés boursiers sont le reflet de l’économie du pays qu’ils représentent. Pour ce qui est de l’Allemagne, je suis assez d’accord, mais je crois que le DAX essaie de représenter une économie et un pays qui n’existent plus – il y a comme une erreur d’espace-temps – m’étonnerait pas qu’il y ait une histoire de De Lorean là-dessous. Néanmoins le DAX finissait au plus haut de tous les temps alors que les intervenants – je cite : « ne veulent pas rater des achats à bon compte dans une période de l’année qui est traditionnellement haussière ». Sans compter qu’à l’approche des 20’000 sur le DAX, personne ne veut rater ça. Et puis en janvier on va avoir un Chancellier qui sera à la droite de Marine Le Pen et on en reparlera. Encore une fois, je ne suis pas négatif. Juste objectif.
Et puis il y a la France. Je vous passe le résumé de l’histoire du 49.3 de Michel Barnier. Le gars n’est même pas allé jusqu’au vote et depuis, tout le monde veut le censurer. Si le Premier Ministre ne parvient pas à faire un miracle d’ici vendredi, ce week-end il sera à la retraite et les agences de notation vont se jeter sur la dette française. Pour le moment tout le monde déteste Barnier, sauf les clowns du gouvernement Macron qui reviennent à la charge pour dire que c’est tout de la faute des autres, qu’eux sont les gentils et qu’ils savent et que c’est quand même pas juste qu’on ne veuille pas les laisser gouverner. Même si la France leur a clairement dit de se casser. Je ne suis pas loin de penser que pour être dans le camp de Macron, Attal, Darmanin et toute la clique, il faut avoir inventé le concept du « pervers narcissique ». Tout ça pour dire que le CAC40 ne s’en sort pas si mal – même si l’instabilité politique est un problème qui va se poser rapidement. Mais hier on a tenu le coup et le CAC a tout de même fini la séance en hausse, peut-être sauvé par les poils par le secteur du luxe qui retrouve des couleurs depuis les chiffres économiques chinois du week-end. Le consommateur chinois n’est peut-être pas mort et il va sûrement finir par revenir à Paris pour dépenser dans les boutiques de tonton Bernard qui a quand même été élu à l’Académie des sciences morales et politiques hier. Comme quoi, avec du pognon, on peut même devenir académicien. Mais le coup des « sciences morales », même si j’avais 100 milliards sur le compte, j’aurais pas osé.
L’Asie
Ce matin l’Asie et la Corée du Sud sont en forte hausse dans le sillage de la tech américaine, pendant que la Chine et Hong Kong ne font absolument rien. Il semblerait que les intervenants locaux se sentent moyennement courageux à l’idée de tout ce qui nous attend cette semaine au niveau des chiffres économiques. Pour le reste, le baril, l’or et le Bitcoin sont dans le coma et ne font pas grand-chose. Pas de violation de cessez-le-feu, pas de raffineries qui ont explosé, tout est calme et on attend juste de voir ce qui va se passer.
Mais en dehors de l’aspect macro qui va nous occuper cette semaine, hier il fallait tout de même signaler qu’il y a que deux-ou-trois nouvelles qui ont fait bouger les actions. Que ce soit aux States ou en Europe. En Europe, on retiendra que Stellantis était sous les feux de la rampe alors que la démission de Carlos Tavares mettait la pression sur le titre. Stellantis qui perdait 6% alors que la recherche d’un nouveau patron battait son plein. Il semblerait que la recherche du candidat miracle se fasse à l’interne, mais en cas de besoin, si c’est pour avoir le même package que Tavares, je suis dispo assez rapidement. Toujours à propos des CEO’s qui s’en vont, on notera qu’hier le patron d’Intel – Pat Gelsinger – a annoncé qu’il quittait la société avec effet immédiat. Là aussi on cherche du monde. Sous Gelsinger Intel a perdu 60% de sa valeur, mais là aussi on est confiant sur le package de départ qui devrait lui permettre de partir à la pêche dans l’Oregon dès la semaine prochaine. Le titre est monté de 3% sur l’annonce avant de se raviser et de terminer en baisse de 0.5%. Les actionnaires d’Intel n’ont visiblement pas terminé de manger leur pain noir.
Mais encore
Et puis hier, un juge du Delaware a à nouveau refusé qu’Elon Musk puisse toucher son méga bonus via les options qui lui avaient été proposées il y a quelques années. Package qui vaut en théorie plus de 100 milliards dorénavant. Ce qui est le plus choquant, c’est quand même que les actionnaires avaient accepté de payer ce package pour s’assurer que Musk reste pleinement concentré sur Tesla, mais qu’un juge passe quand même par-dessus la décision des actionnaires, c’est assez fou pour le pays de la liberté. Le procès n’est pas terminé et si la prochaine audience a lieu après le 20 janvier, il y a bien des chances que le juge en question ait été réorienté comme chef des espaces verts de sa ville et que ça va bien se passer pour Musk, sinon ça sert à quoi d’avoir le numéro du Président. En tous les cas, si jamais dans la journée je vais ouvrir une cagnotte Leetchi pour aider Musk dans ces moments difficiles. Je vous tiendrais au courant pour les coordonnées si vous voulez cotiser. Comme la news est tombée after close, le titre était en baisse de 1.2%. Je ne sais pas si les 100 milliards vont s’ajouter aux 350 qu’il « possède » déjà, mais disons que je m’en fous comme de ma première chemise Hermès – que je n’ai toujours pas achetée d’ailleurs.
Pour le reste, il y a Super-Micro qui a déclaré qu’après avoir organisé une enquête interne, il n’a été trouvé « aucune preuve de mauvaise conduite ou fraude ». Le comité spécial a donc déclaré – en gros – que EY – l’ancien auditeur avait probablement fumé de la drogue avant ses déclarations mettant en doute le bilan comptable de SMCI et qu’Hindenburgh Research sont des escrocs. Sur l’excellente nouvelle, le titre a repris encore 30%. On peut néanmoins se demander si le comité spécial a été piloté par le cousin et l’oncle du CEO ou si c’est juste des amis de longue date. L’avenir nous le dira. Néanmoins, il est assez fou qu’un auditeur comme EY – avec tout le respect que je ne leur dois pas – ait pu faire des déclarations pareilles s’il n’y a rien de louche. Mis à part ça, il y a aussi Trump qui déclaré que si les otages israéliens n’étaient pas relâchés pour la fin du mois de janvier, le prix à payer serait très très élevé pour les ravisseurs. Bon, en même temps, il n’y a plus grand-chose à raser à Gaza. Mais Trump est en train de marquer le territoire.
Les chiffres
Pour ce qui est des chiffres du jour, il y en a deux : le CPI en Suisse et les JOLTS aux USA. Je vous laisse deviner lequel aura le plus d’impact. Pour le moment, les futures sont en hausse de 0.07% et le rallye de Santa Claus peut continuer.
Je vous souhaite une très belle journée et on se revoit demain pour la suite !
Thomas Veillet
Investir.ch
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