Le Dow Jones a enquillé sa neuvième séance consécutive de baisse lors que Powell devrait nous annoncer une nouvelle baisse des taux dans quelques heures. On peut se poser des questions sur ce qui est en train de se passer. Sans compter que pendant ce temps, très discrètement, Nvidia est en train de jouer dangereusement avec la « zone de correction ». La vedette de l’IA et de l’année est en train de la boucler (l’année) de la pire des manières. Au plus bas de la séance, Nvidia perdait 17% depuis les plus haut du mois de novembre. Pourtant tout le monde est confiant, les niveaux de cash sont au plus bas et tout le monde est « RISK-ON » pour Noël. Y aurait-il un caillou dans la chaussure ?
Conviction et doute qui s’interpellent
Si l’on prend le cas du Dow Jones, il n’y a pas non plus de quoi se rouler par terre, mais il faut tout de même retenir que United Healthcare a perdu près plus de 10% depuis l’assassinat de Brian Thompson par le nouveau Robin des Bois des assurances et UNH a dû faire face aux efforts bipartisans du Congrès pour démanteler les activités lucratives des assureurs dans le domaine de la gestion des prestations pharmaceutiques. Bref, sale temps pour UNH, vous ajoutez à ça Nvidia qui pèse, sans oublier les pétrolières qui n’y arrivent plus depuis que le pétrole ne veut plus monter et depuis qu’il ne s’inquiète plus de la situation au Moyen Orient.
Alors oui, on sait que le Dow Jones n’est pas L’AXE principal des bourses mondiales, il est trop étriqué, avec ses 30 membres, pour avoir un quelconque poids dans la balance, mais disons que psychologiquement – surtout lorsque l’on voit qu’hier soir il termine sa séance SOUS la moyenne mobile des 50 jours, on peut quand même se demander s’il est en train de se passer un truc que l’on n’a pas encore complètement interprété et intégré. Pendant ce temps, le S&P500 consolide à haute altitude et le Nasdaq est pratiquement au plus haut de tous les temps. Vu sous cet angle, on peut simplement se contenter de se dire que c’est une question de préférences et qu’en ce moment, les investisseurs, les intervenants et les traders se concentrent plus sur d’autres valeurs. On a vu récemment un intérêt grandissant pour des titres comme Broadcom et Marvell, ce qui fait perdre un peu d’intérêt à certaines valeurs du Dow. Néanmoins, certains esprits chagrins vous diront que cela cache peut-être un autre problème que l’on ne veut pas voir. Le fait que le doute est en train de s’immiscer dans l’esprit des investisseurs sur le scénario de l’année prochaine et ce, à quelques heures de la publication de la FED sur les taux d’intérêts.
Et si la FED ?
Donc ce soir la FED va parler. Ils vont annoncer une baisse de 0.25% sur les taux. Toute autre possibilité serait ultra-choquante. Le marché ne se fait dons aucun soucis à ce propos, de ce côté, la FED devrait continuer à être notre amie. En tous cas pour le moment. Là où ça va commencer à coincer, c’est que de plus en plus « d’experts » sont en train de se demander s’il y a une réelle raison de continuer à baisser les taux et si la situation économique qui est en train de se développer pourrait faire que la baisse de ce soir soit la dernière pour un bon moment.
Alors que la BCE annonce pratiquement des baisses de taux pour toute l’année à venir, la FED pourrait être en train de se demander si c’est une bonne idée. Il y a quelques semaines, Powell avait déjà déclaré qu’il n’y avait AUCUNE URGENCE à vouloir baisser les taux trop vite et qu’il n’y avait principalement pas le feu au lac. Sauf qu’à l’époque de ce discours, nous ne connaissions pas l’état de l’inflation qui nous a montré récemment que ça repartait dangereusement à la hausse et nous ne savons même pas ce que le PCE va nous annoncer vendredi. En revanche, ce que nous savons dorénavant, c’est que les ventes de détail étaient plus fortes que prévues hier. Chiffre qui est un bon signe pour l’économie, mais un mauvais présage pour l’inflation. La baisse des taux de ce soir est donc quasiment actée, mais le risque de voir Powell prendre un ton un peu plus « Hawkish » n’est franchement plus à exclure. C’est d’ailleurs peut-être pour ça que le Dow Jones montre des signes de faiblesse ces derniers jours. L’histoire future nous le dira. Une chose est certaine, on commence à se douter de la stratégie de la FED en 2025 et on sait que les marchés n’aiment pas trop douter et qu’en plus, ils n’aiment pas ne pas savoir…
L’Europe que plus personne ne comprend
Pendant que les Américains attendaient la FED et vont l’attendre encore un peu aujourd’hui, l’Europe vivait une journée d’attentisme, parce qu’on n’est quand même pas le genre à vouloir prendre des risques sans savoir ce qui va se passer ce soir. Mais il s’est quand même passé deux-trois trucs intéressants en Europe, à commencer par les chiffres économiques allemands. Alors qu’Olaf Scholz va entamer son année 2025 en allant pointer au chômage, l’IFO est sorti complètement au fond du trou – démontrant encore une fois, s’il le fallait, que l’économie allemande est exsangue et que rien ne va plus. Pourtant, à la surprise générale, le ZEW a démontré une forme d’enthousiasme économique pour l’année prochaine. Un peu comme si l’on se disait que « comme ça ne peut pas être pire » autant voir ce qui pourrait s’améliorer. Hier le DAX terminait en baisse de 0.33%, mais on qualifiait la séance de « consolidation à haute altitude », terme qui aurait fait mourir de rire un académicien français qui aurait eu une formation économique, puisque cela fait longtemps que le DAX ne représente plus l’économie allemande et que plus personne ne sait ce qu’il représente vraiment.
La Banque de France a baissé sa prévision de croissance pour 2025 et son patron a mis en garde contre les « zizanies politiques » dans le pays. La croissance prévue en 2025 est dorénavant de 0.9% contre 1.2% précédemment. La croissance du PIB français ne devrait pas dépasser 0,2% au premier et au deuxième trimestres 2025, selon l’Insee qui continue à prévoir une croissance nulle au quatrième trimestre de cette année. Pourtant avec un type balaise comme Bayrou comme Premier Ministre, qui prend des Falcon 7 pour aller faire son conseil municipal à PAU (alors que personne ne sait où ça se trouve sur la carte de France) et qui milite pour le cumul des mandats plutôt que de former son gouvernement, on ne devrait pas avoir de doutes sur l’avenir de la croissance française. On ne peut pas en avoir d’ailleurs, parce que sinon Macron il va piquer une colère et arrêter de respirer jusqu’à qu’il lui arrive quelque chose. Bref, tout ça pour dire que le CAC40 terminait en hausse de 0.12% et que dans la foulée, Moody’s a abaissé d’un cran la note de crédit de sept banques françaises, après avoir dégradé la note de dette souveraine de la France la semaine dernière. La dégradation de la note des banques est d’ailleurs la conséquence directe du downgrade de celle du pays. J’imagine que certains politiciens français qui n’ont TOUJOURS pas compris ce qu’était un ORGANISME DE RATING, vont s’empresser d’accuser la motion de censure, l’extrême-droite et l’extrême-gauche d’être responsables de tout ça… C’est surtout le Crédit Agricole et ses filiales ainsi que la BNP qui en prennent pour leur grade.
Et maintenant
La question que l’on va devoir se poser dorénavant c’est : « Et qu’est-ce qu’on fait maintenant ?? ». Ben pour être franc avec vous, on va attendre la FED, écouter les avis des uns et des autres et essayer de savoir ce que ladite FED va faire l’année prochaine. Ce matin il devrait donc y avoir un minimum de mouvements en attendant ce soir. Pour le moment, le Japon est en baisse de 0.7%, alors que la Chine et Hong Kong montent de plus ou moins 0.6% alors qu’un rapport publié en Chine laisse supposer que le gouvernement devrait augmenter les dépenses fiscales. Mais pour être franc, on attend juste la FED et ça ne sert pas à grand-chose d’aller creuser plus loin pour le moment et surtout à 6 jours de Noël quand on n’a pas terminé de faire les cadeaux. Le pétrole est à 69.83$, l’or est à 2’661$ et le Bitcoin est à 104’000$.
Ce matin il y a une absence flagrante de news, comme si tout le monde avait décidé de ne rien dire et de ne rien faire en attendant ce soir. Comme s’il avait été convenu de ne pas déstabiliser la journée avec des nouvelles qui pourraient perturber les déclarations de Powell. Et c’est tant mieux, parce que comme je suis revenu de Bruxelles hier soir très tard parce qu’Easyjet était en retard (comme d’habitude) et que j’ai raté mon réveil, ça fait moins à lire et à écrire quand on est à la bourre comme moi actuellement ! Mais par contre, notez quand même que le CACAO est au plus haut de tous les temps, ça va bien aider pour acheter les chocolats de Noël…
Côté chiffres, il y aura le CPI en Europe – si ça intéresse quelqu’un – et bien sûr, ce soir c’est le soir de Powell. On se revoit donc demain à la première heure pour en parler. Cette fois je mets 4 réveils et je vous retrouve à 7h demain !
Belle journée à tous !
Thomas Veillet
Investir.ch
“The stock market is filled with individuals who know the price of everything, but the value of nothing.” – Philip Fisher.