Il fallait être levé tôt ce matin si l’on voulait voir le Bitcoin passer enfin la barre mythique des 100’000$. On nous l’avait prédit pour Noël, on ne savait pas trop quel Noël ça serait et bien la réponse est connue – ça n’est pas tout à fait Noël, mais c’est le mois de Noël et la date restera donc le 5 décembre 2024, ou le 4 selon le fuseau horaire. Bref le Bitcoin est à 100'000, voir même un peu plus et maintenant il ne reste plus qu’à parler du reste, même si soudainement tout à l’air plus fade. Et puis en plus, il va falloir se fixer un nouvel objectif et c’est là que tous les goûts sont dans la nature.
L’Audio du 5 décembre 2024
Bitcoin 100K
Alors commençons par le Bitcoin. Puisqu’il faut trouver une raison à la soudaine hausse de la cryptomonnaie, on va dire que c’est sûrement à cause de la nomination du remplaçant de Gary Gensler. On savait depuis un moment que le patron de la SEC allait partir, mais on ne savait pas encore qui Trump allait mettre à sa place. Il y avait donc encore un petit doute, parce que connaissant le nouveau Président Américain, on pouvait s’attendre tout. Mais comme Hulk Hogan a refusé le poste et que Bernie Madoff est mort et que Jordan Belfort demandait un trop gros salaire, on s’est finalement rabattu sur un type qui s’appelle Paul Atkins et qui est avocat de formation, fervent défenseur des cryptos (bien sûr) et qui a déjà bossé pour la SEC.
Le choix de Trump est un choix surprenant parce qu’aussi fou que cela puiss paraître, Paul Atkins est ultra-compétent – ce qui n’est pas forcément le cas de certains des autres nominés de Trump qui ont généralement un peu plus le profil de quelqu’un qui a remporté une émission de télé-réalité et qui est plus proche d’un Cyril Hanouna que d’un Einstein – l’arrivée de Paul Atkins à la tête du gendarme boursier américain a donc immédiatement déclenché un démarrage haussier de la part du Bitcoin et à l’heure où je vous parle, la plus grosse crypto du monde se traite à 103’250$ et il est 5 heures du matin. Que dire de plus si ce n’est que l’on ne devrait parler que de ça aujourd’hui, même s’il y a quand même pas mal d’autres choses à dire.
Les autres choses à dire
On va donc attaquer avec le reste, même si la plupart des gens se seront déjà rué sur leur compte Coinbase pour aller voir s’ils peuvent prendre leur retraite à partir de maintenant, je vais parler tout seul dans le vide. Donc, hier soir les marchés américains ont battu de nouveaux records d’altitude. Ce qu’il y a de bien avec les nouveaux records d’altitude qui sont récurrents, c’est que je peux reprendre la même phrase tous les matins et que ça me fait deux lignes de gagnées dans ma chronique. Toujours est-il qu’hier le Dow Jones a terminé au-dessus des 45’000 et à ce rythme-là, les 50’000 vont céder d’ici l’investiture de Trump. Le S&P500 frise déjà les 6’100 et le Nasdaq 100 s’envole à des sommets jamais vus, bien aidé par le réveil des Magnificent Seven qui semblent avoir pris la décision de tout péter à l’approche de Noël. Actuellement Amazon est au plus haut de tous les temps, Meta est au plus haut de tous les temps, Apple est au plus haut de tous les temps et le reste de la troupe a encore un peu de boulot, mais la tech semble définitivement de retour, même si elle n’avait jamais franchement disparu.
Hier le Semiconducteur Index qui me donnait des sueurs froides depuis quelques jours, à enfin réussi à redécoller un peu, s’éloignant des niveaux de supports qui avaient l’air de devenir préoccupants. Il faut dire qu’hier Marvell – pas les Avengers, mais la société de circuits intégrés – a publié des chiffres trimestriels au-dessus des attentes et a révisé ses attentes à la hausse en utilisant des mots comme « trimestre exceptionnel ». Du coup, le titre a explosé de près de 23% et termine – bien évidemment – au plus haut de tous les temps, entraînant tout le monde à la hausse. Ça c’était pour la tech, mais il faut aussi revenir un peu sur le sujet de la macro, puisqu’hier il y avait tout de même de quoi dire et de quoi renforcer encore un peu plus notre conviction comme quoi le marché met ABSOLUMENT TOUT ses espoirs sur Trump et que tant que ces mêmes espoirs ne sont pas douchés par une nouvelle VRAIMENT MERDIQUE, on ne baissera pas et on ne verra pas les mauvaises nouvelles. Et croyez-moi, vu le niveau de confiance et d’espoir actuel, la nouvelle merdique devra dépasser l’entendement et nous prendre VRAIMENT à contrepied. Je ne suis même pas certain que l’effondrement de la faille de San Andreas suffise à faire broncher le marché et à le faire dévier de sa marche haussière.
L’emploi n’emploie plus
Hier, avant que Paul Atkins prenne les rênes de la SEC, il y avait deux choses qui intéressaient le marché : les chiffres économiques, sous la forme des chiffres de l’emploi ADP et de l’ISM non-manufacturier et l’interview de Powell par le New York Times. En ce qui concerne les chiffres de l’emploi ADP dont tout le monde se fout pas mal en général, mais qui donnent « parfois » une tendance sur les chiffres des NFP’s de vendredi, les données publiées sont sorties en-dessous des attentes – de l’ordre de 20’000 emplois créés de moins – et EN PLUS, on a révisé les créations du mois dernier, parce qu’on avait compté 49’000 personnes de trop. D’ailleurs, je vous défie d’aligner 150’000 personnes devant vous et de les compter un par un et de réussir à vous gourer de 49’000. À moins d’être dyslexique, aveugle et complètement con, ça paraît impossible, pourtant ceux qui gèrent les chiffres de l’emploi version ADP, eux, ils ont réussi. De là à dire qu’ils sont dyslexiques aveugles et complètement cons, il y a un pas que je ne m’autoriserai pas à franchir, mais c’est pas mal comme raté.
Il y avait aussi l’ISM non-manufacturier qui est sorti en-dessous des attentes. En résumé, on a deux chiffres qui sont en-dessous des attentes et qui auraient tendance à laisser penser que l’économie pourrait « éventuellement peut-être donner des signes de faiblesse », mais le marché termine au plus haut de tous les temps en boulet de canon. Vous l’aurez compris, la question n’est pas de savoir si les chiffres sont bons ou mauvais, mais plutôt de savoir COMMENT EST-CE L’ON INTERPRÈTE LES CHIFFRES EN QUESTION. En l’occurrence, comme nous nous sommes fait récemment amputés de la partie de notre cerveau qui a peur et qui pense qu’un jour tout va se péter la gueule ; on a très bien réagi en se disant que la FED n’aurait pas d’autre choix que celui de baisser les taux en décembre, sans compter qu’avec la magie mise en place par Harry Donald Potter Trump, l’économie devrait cartonner dès le 21 janvier 2025 – sans faire remonter l’inflation, bien sûr – et donc il ne sert à rien de déprimer sur des chiffres tous pourris qui ne sont que le reflet du passé et d’une politique débile menée jusque-là par un Président qui ne sait plus faire la différence entre sa mère et sa femme. Même si l’une est morte et pas l’autre. Bref : rien à foutre des chiffres pas bons, parce que le Docteur Coué nous a appris la pensée positive.
Powell on stage
Après il y a Powell qui a parlé. Et là encore, c’est pareil : question d’interprétation. Le patron de la FED n’a pas lâché des montagnes d’informations, mais il a plus ou moins laissé entendre que l’économie allait bien mieux qu’il y a deux mois et que c’était quand même une surprise. Il a ensuite déclaré « que la bonne santé de l’économie américaine l’autorisait à « se montrer un peu plus prudent quant à l’assouplissement monétaire en cours ». En français, ça veut dire qu’il ne veut pas TROP BAISSER LES TAUX TROP VITE au risque de tourner le temps à l’orage, de revenir à l’état sauvage, de sortir le loup de sa cage et de faire remonter l’inflation. Présenté sous cet angle, il y avait de quoi se poser quelques questions et avoir quelques craintes. Mais que NENNI ! Encore un fois, grâce à l’amputation de cette partie inutile du cerveau qui gère la peur et qui vous empêche d’aller allumer une cigarette pendant que vous faite le plein de votre voiture, nous avons quand même réussi à trier le bon grain de l’ivraie en se disant : « OUI, Jerome est prudent. MAIS il a dit que l’économie ALLAIT MIEUX ! ». Donc il fallait acheter. Et c’est ce qu’on a fait. Et à voir la tournure que ça prend, je suis convaincu que si, lors des NFP de vendredi, les chiffres sont catastrophiques dans un sens ou dans l’autre, on dira quand même « OUI, mais ça veut dire que l’inflation va se calmer ». OU encore : « OUI, mais ça veut dire qu’il va baisser les taux ». Et si c’est vraiment TOUT POURRI, il restera encore le fameux : « OUI, mais Trump arrive en janvier »….
Pendant que les USA se trouvaient des excuses pour monter, l’Europe n’avait même plus honte de montrer qu’ils n’en avaient plus rien à faire de la macro, de la géopolitique ou de la politique, il fallait juste être bullish et se convaincre que l’expulsion de Michel Barnier à 93ème minutes sur une faute dans la surface de réparation, était déjà largement dans les prix et que tout le monde s’en foutait comme de l’an quarante. La France terminait en hausse de 0.66% alors que la lame de la guillotine était déjà en train de tomber et il restera à voir ce qu’il va se passer ce matin sur la dette française, mais on a l’impression que tout le monde s’en tape et que l’on a déjà intégré que le pays est ingérable, mais qu’ils vont quand même s’en sortir à un moment. Reste à savoir quand. Pendant ce temps, l’Allemagne est déconnectée de la réalité et bat des records tous les jours, comme si les gens faisaient du feu pour brûler des euros tellement ils ne savent plus quoi en faire, après avoir acheté 4 Audi RS4 de quatre couleurs différentes par famille pour ne pas se lasser.
Asie et politique française
En résumé, les marchés cartonnent et se foutent totalement de ce qui pourrait ne pas aller dans le monde. ChatGPT a dit que tout allait bien se passer, tout se passera bien et en plus Trump est en train d’arriver avec son masque et son chapeau, au galop sur Tornado pour venir défendre la veuve et la veuve, parce que des orphelins, il n’y en n’aura plus sous Trump Second, le retour de la vengeance. Ce matin le Japon est péniblement en hausse, tout comme la Chine. Hong Kong recule de 1%. Le pétrole revient en direction des 68$ alors que l’on ne sait toujours pas trop ce que va faire l’OPEP en termes de coupes de productions ou de pas coupes de production. L’or est à 2’670$ et le Bitcoin, ben vous savez très bien où il est le Bitcoin.
Dans le reste des sujets qui fâchent, on ne peut pas ne pas parler du merdier politique dans lequel se trouve la France. Pour faire simple, Barnier s’est fait virer, la France n’a plus que deux mois de trésorerie devant elle et il va falloir trouver des solutions. Le grand voyageur qui leur sert de Président va s’adresser à la nation ce soir – pour la 219ème fois de son mandat – pour expliquer aux Français qu’ils sont débiles et que lui, c’est le meilleur et que c’est lui-même qui a reconstruit Nôtre Dame de Paris avec ses petits bras musclés de boxeur des rues – Le roi Macron devrait annoncer qu’il veut aller vite et proposer un nouveau Premier Ministre à la France très rapidement, plusieurs noms circulent déjà et dans la liste il y a François Bayrou. En résumé, si on est prêt à nommer François Bayrou à Matignon, je pense que l’on peut autant y nommer un huître pas fraîche comme Premier Ministre. En attendant la France est ingouvernable et l’ensemble des politiciens se rejettent la faute les uns sur les autres. Même la bande à Macron est incapable de faire le moindre mea-culpa. Mais le plus surprenant dans tout cela, c’est que les marchés ont l’air s’en tamponner le coquillard avec un couteau à beurre… À moins que ce matin le vent tourne. Bref, la France a un Président qui a un complexe de supériorité et qui couche avec sa grand-mère et si ça se trouve, ils vont avoir un Premier Ministre de gauche. Vivement 2027 qu’on y voie plus clair.
Le reste
Dans les autres nouvelles du jour, on notera que Disney va augmenter le dividende de 33% après une année qu’ils qualifient d’exceptionnelle. Il faut dire que leurs nouveaux tarifs doivent leur rapporter un paquet de fric, puisque je ne suis pas loin de penser que d’ici quelques mois ils vont aussi vous faire payer l’air que vous respirez dans leurs parcs, ainsi que le temps que vous passez à faire la queue. Il y a aussi le CEO de United Healthcare qui s’est fait descendre en pleine rue de New York hier. Les raisons de l’assassinat ne sont pas connues pour l’instant, mais ça n’était visiblement pas un acte au hasard. Le titre n’a pas bronché et terminait même en hausse. Vu le système de l’assurance maladie et à voir comment les assurés sont traités, on peut facilement imaginer qu’il y avait quelqu’un de pas content qui a décidé de régler ses factures personnellement. Autrement chez Stellantis, il y a des rumeurs comme quoi Tavares serait déjà remplacé. Ça serait Luca Maestri, l’actuel CFO de chez Apple. Partir d’Apple pour aller diriger Peugeot-Fiat-Citroën, je me demande si c’est la meilleure des choses à faire.
Et puis dans les petites nouvelles qui font plaisir, les prix des denrées alimentaires (au niveau mondial) ont récemment atteint leur plus haut niveau en 18 mois – comme les bourses mais sauf que là, c’est moins drôle – et selon certains experts, la hausse des prix n’est pas terminée. En octobre, les prix des denrées alimentaires ont atteint leur niveau le plus élevé depuis avril 2023, selon des chiffres compilés par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. Mais que l’on se rassure, ça n’est pas « VRAIMENT » de l’inflation. Du côté du Bitcoin, on précisera que Michael Saylor, patron de Microstrategy, a déclaré que « ce n’était que le début pour le Bitcoin » – la position de MSTR est dorénavant évaluée à 40 milliards de dollars. Et pour terminer, Jeff Bezos a annoncé hier qu’il était optimiste pour la présidence de Trump. C’est pas trop ce qu’il disait avant les élections, mais il faut savoir tourner la veste et ne pas se fâcher avec tout le monde.
Les chiffres du jour
Pour ce qui est des chiffres du jour, il y aura les factory orders en Allemagne, les Jobless Claims aux USA et la réunion de l’OPEP. Mais pour être franc, tout le monde aura les yeux fixés sur les chiffres de demain et en attendant, on va regarder le cours des cryptos pour voir si le BTC reste AU-DESSUS des 100’000$ et si l’on peut espérer le voir à 150’000$ d’ici Noël de l’année prochaine.
Actuellement les futures sont en baisse de 0.07% et on attend avec impatience l’ouverture des futures sur le CAC. Je vous rappelle aussi que ce soir à 20h00 il y a Emmanuel Macron Premier qui parlera dans la télévision, alors si vous n’avez rien de prévu : trouvez-vite quelque chose à faire pour ne pas le voir couiner encore une fois de plus.
Passez une excellente journée et on se voit demain pour boucler la semaine ! Que la force du Bitcoin soit avec vous !
Thomas Veillet
Investir.ch
“Une dissolution signerait une crise politique, et un changement de gouvernement ne parviendrait pas à la résoudre.” – Michel Barnier (été 2022)