Hier matin je vous disais que les marchés étaient un peu fatigués à l’approche de cette fin d’année qui sera – je le pense – bienvenue pour tout le monde. Eh bien figurez-vous que la notion de fatigue était un peu un euphémisme. Alors oui, il se passe bien un ou deux trucs, mais pour le reste, pour la macro, on a l’air d’être accrochés à nos positions en attendant que le CPI américain se pointe ou que Christine Lagarde vienne faire son discours de fin d’année et de baisse des taux. Pour le reste, on a vraiment envie que ça se termine, d’allumer un feu de cheminée tout en finissant les boîtes de chocolat qui traînent sur la table du salon.

L’Audio du 10 décembre 2024

 

Un résumé

Mais bon, avant d’aller faire péter les niveaux de cholestérol, on va essayer de résumer ce qui s’est passé hier. Commençons d’abord proche de chez nous. En Suisse, L’indice du climat de consommation a légèrement baissé à -37,2 points en novembre, contre -37 points en octobre, selon les données du Secrétariat d’État à l’économie. La dernière lecture est plus élevée que les estimations consensuelles de -38 points. Alors je ne sais pas si c’est une bonne nouvelle ou pas, toujours est-il que le SMI a terminé en baisse « en attendant » les décisions de la BCE et de la BNS qui tomberont jeudi. Autant ne pas venir si c’est pour ne rien faire pendant 3 jours en attendant que votre banque centrale ramène les taux presque à zéro. Comme c’est passionnant.

En Europe, c’est pareil, on attend la BCE, parce que la BCE elle peut nous donner encore un peu d’espoir. L’espoir de voir redémarrer une économie moribonde. Surtout en Allemagne. Pour le moment, les intervenants sont moroses en Allemagne et on a l’air de faire comme en Suisse : attendre la réunion de jeudi. La BCE devrait donc réduire ses taux de 25 points de base, puis à chaque réunion jusqu’à ce que le taux directeur atteigne 1,5 % en septembre 2025 – c’est en tous les ce que les EXPERTS attendent. Ce qui est bien c’est que l’on est à 48 heures de la réunion et on n’est même pas trop sûrs de ce que va faire et dire Lagarde, mais en revanche, on SAIT déjà que le BCE va baisser les taux tous les mois jusqu’à 1.5% sur les taux directeurs. Je vous le dis, il est temps qu’on s’arrête pour deux semaines, parce que même dans les commentaires financiers c’est truffé de n’importe quoi pour remplir des pages blanches

La France et la Chine

Du côté de la France, depuis que le Président de tous les Français a inauguré Notre Dame – Cathédrale qu’il a reconstruit lui-même avec ses petits bras dès qu’il avait 5 minutes de libre et que Brigitte était chez l’esthéticienne pour se faire épiler les jambes – l’économie française semble renaître et moins il y a de gouvernement en France, plus ça monte. Peut-être qu’il faudrait tout simplement virer tous les membres de l’Assemblée Nationale, y mettre des chèvres et qu’à partir de là, le CAC ne cesserait plus de monter. En tous les cas, depuis la motion de censure, l’indice français ne que monter et Bernard Arnault doit commencer à se dire que les 200 millions qu’il a mis dans Notre Dame commencent à payer puisque dans le même temps, le luxe repart à toute vitesse. Si ça se trouve c’est un miracle !

Bon. Non, en fait c’est pas un miracle et c’est pas les prières qui ont été faites ce week-end qui fait monter le secteur du luxe, c’est les Chinois qui ont annoncé que dès 2025, ils adopteront une politique monétaire « suffisamment souple », ainsi qu’une politique fiscale plus proactive pour stimuler la croissance économique. Le tout selon une déclaration du Politburo hier. La Chine devrait se concentrer sur l’expansion de la demande intérieure et la stimulation de la consommation, selon une source anonyme proche du gouvernement qui aurait eu accès aux documents des grandes instances du pays – enfin, un gars qui a pu voir les What’sApp de Xi Jinping. Du coup, depuis hier matin la Chine est en folie. Enfin, la Chine est en hausse alors que plein de responsables politiques et économiques « se montrent rassurés » sur l’avenir économique de la Chine. Bande de faux culs.

Vous l’aurez compris, comme par miracle, la Chine est passée du veau de service au roi des animaux et tout le monde veut croire que la croissance est de retour et que les Chinois vont rapidement pouvoir venir faire la queue pour acheter un sac en plastique chez LVMH. Le même sac en plastique qui a été fabriqué chez eux – en Chine – pour 243 fois moins cher. Bref, vous l’aurez compris, quand la Chine va, tout va. Tout va surtout dans le secteur du luxe. Sur une semaine, LVMH a repris près de 11% et c’est encore mieux chez Hermès. Alors il ne faut pas confondre, le CAC40 ne monte pas parce qu’il a confiance en la vision de l’autre tablard de l’Élysée qui a l’air de s’obstiner à vouloir reconstruire le même gouvernement à con qu’il avait déjà construit avec Barnier, avec les mêmes guignols qui n’ont pas été élus aux dernières législatives, le CAC40 monte parce que le luxe revit. Enfin, on peut résumer ça comme ça. Ce matin Hong Kong est en hausse de 1% et Shanghai de 1.57%, alors oui, ça n’est pas encore un Bull Market séculaire, mais c’est un bon début. Et puis 2025, c’est pas si loin.

 

New York, New York

Et puis il y avait l’autre côté de l’Atlantique. Le premier mot qui vient à l’esprit en parlant de Wall Street, c’est que tout le monde est obsédé par le CPI qui sortira demain. Mais que dans le doute, on va partir du principe qu’il est toujours sous contrôle et qu’il ne va pas s’emballer à la hausse parce que le prix des noix de cajou importées de Mongolie extérieure ont pris 42% le mois dernier et que ça fausse le calcul du CPI. Et si l’on part du principe que du côté du CPI, tout va toujours bien, 85% des experts en investissement parient sur une baisse des taux de 0.25% agendée pour la semaine prochaine. Au fond de nous-mêmes, on se dit bien qu’il pourrait y avoir une mauvaise nouvelle qui fausse ce calcul, mais quand on voit les chiffres arrangeants que le BLS s’obstine à nous publier tous les trois jours alors que tout le monde sait que leurs méthodes de calculs frisent celles d’un type interdit de casino depuis 35 ans, on a raison de ne pas craindre grand-chose.

Mais toujours est-il que la première phrase qui apparaît dans le moindre article de presse, du moindre journal financier, commence systématiquement par : le marché était sous pression vendeuse alors que les intervenants attendent les chiffres du CPI de mercredi. Et bam. Chapitre suivant. Le chapitre suivant, on reparle de Nvidia. La société est sous enquête de la part des autorités chinoises qui lui reproche d’avoir enfreint les lois anti-monopoles dans le cadre d’un accord conclu en 2020. La Chine s’en prend au roi de l’IA alors que Washington multiplie les sanctions vis-à-vis de la Chine, quelle coïncidence. L’annonce a donc mis un peu la pression sur les indices et les USA étaient en baisse de 0.6% sur la séance. Nvidia se retrouve dans une situation technique un peu délicate, hier soir elle a même tenté de casser la moyenne mobile des 50 jours à la baisse. Et puis, comme un « malheur ne vient jamais seul », hier AMD a été downgradée massivement par Bank of America. La banque américaine est passée de Buy à Neutre et baisse son objectif de prix à 155$ contre 180 auparavant et pense qu’AMD va trop souffrir de la concurrence avec Nvidia – un argument béton qui ne laisse pas de place à la contestation. AMD a perdu un peu moins de 6% sur la nouvelle et le Semiconducteur Index qui avait bien entamé la journée, en a pris pour son grade et terminait en baisse de 0.84% à 22h00 hier soir.

L’Asie est le reste

Avant de passer à ce qui reste de l’Asie, on notera que les Magnificent Seven sont au top de leur forme. Apple vient de terminer au plus haut de tous les temps pour la 21ème fois de l’année. C’est moins spectaculaire que Nvidia ou que le S&P500, mais il faut tout de même noter que ce matin la capitalisation boursière du géant de Cupertino ET DES Smartphones, est de 3’720 Milliards de dollars alors que celle de Nvidia n’est « que » de 3’490 milliards. Et puis, pour le reste des Magnificent Seven, on saluera Microsoft qui continue progressivement sont retour en gloire. Amazon qui s’est un peu retournée hier en fin de cession, même si elle reste pratiquement au plus haut de tous les temps. Il y a aussi Meta qui s’est retournée en fin de séance, même si Zuckerberg a récemment rencontré Trump histoire de lui lécher les pieds comme tout le monde depuis sa victoire électorale. Sans oublier Tesla qui termine au plus haut depuis près de 2 ans. Ça paie vraiment de devenir pote avec le Président et d’avoir sa propre chambre à Mar-a-Lago. Tout ça pour dire que les Magnificent Seven sont de retour et qu’en ce moment, c’est eux qui tiennent les indices.

Ce matin à Tokyo, le Nikkei est en hausse de 0.55% en sympathie avec le voisin chinois, même si ça fait mal de le dire. Le pétrole remonte un peu, même s’il ne sait pas si c’est à cause des tensions au Moyen Orient ou à cause du fait que la Syrie est libérée d’un malade mental qui sera remplacé par un cinglé qui pense que la Sharia est une bonne chose. Toujours est-il que le baril est à 68$, que l’or est à 2’691$ et le Bitcoin se demande si les 100’000$ c’était finalement une bonne idée, puisque là tout de suite, le BTC se traite à 96’650$ et qu’il y a quand même l’air d’avoir des vendeurs autour des 100’000$. À propos de Bitcoin, on retiendra qu’il y a un article sur Marketwatch qui estime que Microstrategy fait du fric avec le fric de ses actionnaires et que tout ira bien tant que le Bitcoin va bien, mais que le jour où correction il y a, ça sera plus compliqué pour ceux qui ont suivi Michael Saylor. C’est vrai que si l’on croit ce qu’on lit, le prix que l’on paie le Bitcoin en achetant du MSTR, est autour des 240’000$, il y a donc visiblement mieux à faire.

Les nouvelles neuves

Du côté des news du jour, hier soir Oracle a publié ses chiffres trimestriels. Globalement, ce qu’il faut surtout retenir, c’est le fait que la société avait placé de grandes attentes sur l’IA et que les analystes les avaient suivis en montant leurs attentes en parallèle. Sauf qu’hier soir Oracle a publié des chiffres qui sont en-dessous des attentes des analystes qui avaient montés leurs attentes sur les déclarations d’Oracle. À force de jouer au poker menteur la boîte à Larry Ellison a donc déçu le marché et s’est pris une volée de bois vert after close. Le titre était en baisse de près de 9%. Il faudra aussi noter que Citigroup a publié ses prévisions pour 2025 et que c’est mythique. Tout d’abord ils ont publié deux scénarios :

  • Un scénario qui dit que le S&P500 va à 6’900
  • Un autre qui dit que le S&P500 va à 5’100

Ensuite, ils livrent une pièce de 25 cents avec et vous faites pile ou face pour savoir lequel des deux scénarios il faut choisir. Non. Je déconne. Mais après avoir dit ça, ils ont également expliqué qu’ils étaient quand même plus enclins à croire le scénario BULLISH – mais que si les marchés montent, ils peuvent monter entre 6’500 et 6’900. En gros, ils n’en savent foutrement rien et en balançant une douzaine de targets différents en quelques pages, ils vont bien trouver la bonne réponse. Chez Rivian on est content parce qu’ils viennent d’être cités comme « une des meilleures marques de voitures électriques ». Perso, j’aurais préféré être « une des meilleures marques de voitures », parce que « VOITURE électrique » c’est quand même moins glamour. Toujours est-il que Musk a du souci à se faire parce que Rivian arrive. Enfin, s’ils trouvent une borne de recharge à moins de 35 kilomètres.

Les chiffres

Côté chiffres, le Trade Balance chinois de ce matin montre que les exportations sont plus faibles que prévu. Et il y aura ensuite le CPI en Allemagne et ensuite – devinez quoi ? – on va attendre le CPI américain de demain !

Ceci dit, passez une excellente journée, profitez bien des températures polaires et on se revoit jeudi matin parce que moi, demain je dois aller tourner l’Outlook 2025, je vais faire comme Citigroup, le tirer à pile ou face !

Belle journée à tous et à jeudi ! Pour parler du CPI, bien sûr !

Thomas Veillet

“Do not let making a living prevent you from making a life.” – John Wooden