La victoire totale de Donald Trump, sans ambiguïté, a au moins eu le mérite d’éviter une confrontation entre les partisans et les opposants de Trump. Le marché aime la certitude. Cette clarté politique s’est répercutée sur les bourses qui ont joué à fond les secteurs et actifs qui profiteront de la nouvelle ère Trump et vendu les secteurs qui souffriront sous sa présidence.
On connaît les grandes lignes:
- Baisse des impôts des sociétés à 15% et élimination des impôts fédéraux.
- Hausse des droits de douane (+20% pour toutes les importations, +60% pour les importations chinoises et +200% pour les véhicules importés du Mexique).
- Dérégulation, en particulier pour le secteur financier et l’énergie, et soutien à la production pétrolière.
- Fin de l’immigration illégale et renvoi massif des immigrés illégaux.
- Recul du pouvoir du gouvernement central et des agences fédérales.
- Sortie des Accords de Paris sur le climat et fin des projets verts instaurés sous la présidence Biden.
- Assouplissement de la régulation sur les cryptomonnaies, Donald Trump suggérant même que le bitcoin pourrait figurer dans les réserves des devises étrangères de la Fed.
Le rallye de fin d’année devrait se poursuivre. Techniquement, le S&P 500 pourrait entrer dans la zone 6’100-6’300. On serait tenté de prendre progressivement ses profits avant l’intronisation de Donald Trump le 20 janvier. On entre dans l’inconnu, pas sur les mesures qui seront prises, mais sur leurs conséquences. Robert Jr Kennedy, l’anti-vaccin, l’anti-pharma, devrait avoir un rôle dans la santé, Donald Trump signalant qu’il pourra faire ce qu’il veut – «go wild » – avec la régulation dans la pharma et l’alimentation. Elon Musk devrait avoir un rôle dans l’économie et l’organisation du gouvernement fédéral. Donald Trump a affirmé qu’Elon Musk était un grand spécialiste de la réduction des coûts. Elon Musk a approuvé l’idée de Donald Trump d’une intervention du président dans la politique monétaire de la Fed. D’autres milliardaires pourraient entrer dans le nouveau gouvernement ou avoir un rôle de conseiller. Le risque de conflits d’intérêts est énorme. Donald Trump est en train de nommer à des postes importants, comme la défense, le procureur général, l’intelligence, des personnes qui choquent même de nombreux élu(e)s républicains, alors que Trump a demandé au Congrès de ne pas passer par la case obligatoire de l’approbation du Congrès.
Reviendrait-on à l’esprit de la Constitution américaine des pères fondateurs, George Washington, James Madison, John Adams et Alexander Hamilton qui voulaient restreindre le pouvoir central au bénéfice des Etats et des citoyens. Rappelons que les Etats-Unis trouvent leur origine dans la colonisation européenne, constituée d’hommes et de femmes fuyant d’abord les gouvernements centraux européens «tyranniques».
En termes de guerres commerciales et de géopolitique, la situation est bien plus complexe qu’en 2016. La guerre d’Ukraine et le conflit Israël-Iran se sont enracinés. Donald Trump veut détruire l’Iran, mais les BRICS se sont renforcés avec l’entrée de l’Iran. La Russie, la Chine et l’Iran sont alliés. Donald Trump apprécie Poutine et pour aider indirectement Poutine, il pourrait être plus agressif vis-à-vis de l’Europe, qui pourrait être le maillon faible.
Les gagnants potentiels:
- Les banques US.
- Les fusions & acquisitions. Wall Street se plaignait d’une régulation anti-trust contraignante. Les traders pensent qu’une législation plus flexible serait plus favorable aux fusions et acquisitions, en particulier dans les secteurs pharma et des banques régionales US.
- Les énergies fossiles, en particulier le gaz liquéfié.
- Les métaux industriels (semi) finis, comme l’acier, l’aluminium.
- Les producteurs d’électricité.
- Le secteur de la défense.
- Le Russell 2000.
- Cas spécifiques Trump-proxy comme Tesla, Trump Media & Technology, Phunwarre, Rumble, GM, Ford, Coinbase, MicroStrategy, …
- Le bitcoin.
Les perdants potentiels:
- Les pharmas US et Europe sur le marché américain dans la recherche & développement et les prix.
- Les sociétés américaines et européennes dans la consommation discrétionnaire (luxe, voitures), l’alimentation et les boissons dans le cadre d’une guerre commerciale.
- Les énergies renouvelables.
La semaine dernière, la thématique verte a été la plus grande perdante avec des chutes vertigineuses pour certains titres: -56% Sunnova (batteries de stockage), -40% Sunrun (gestion des panneaux solaires), -28% SolarEdge (onduleurs), -26% Enphase (onduleurs), -26% Canadian Solar (panneaux solaires), -10% First Solar, -12% Vestas Wind, -10% Nextracker, etc… Donald Trump a dit qu’il voulait démanteler les projets verts subventionnés par le gouvernement fédéral. Cette correction est exagérée, mais on restera à l’écart des petites et moyennes sociétés vertes tant qu’on n’aura pas de décisions concrètes du nouveau futur gouvernement et on privilégiera les grandes sociétés dans l’électrification et l’infrastructure.
En attendant l’arrivée de Donald Trump, le gouvernement actuel a renforcé les mesures limitant l’exportation des technologies occidentales vers la Chine, en particulier dans l’IA, menaçant la sécurité nationale américaine. Ces nouvelles règles vont également affecter les investissements dans des sociétés chinoises cotées considérées comme critiques pour la sécurité américaine. La commission spéciale de la Chambre des représentants sur la Chine a critiqué les principaux fournisseurs d’indices américains pour avoir dirigé des milliards de dollars d’investisseurs américains vers des actions de sociétés chinoises qui, selon les États-Unis, facilitent le développement de l’armée chinoise. Les US viennent de notifier à TSMC l’interdiction de vendre à la Chine certaines puces utilisées dans les applications utilisant l’IA.
Les craintes étaient palpables la semaine dernière avec les politesses (très) appuyées des dirigeants européens et chinois. Pas de panique à bord, mais presque. Le chancelier allemand Olaf Scholz a démis de sa fonction le ministre des finances qui voulait conserver l’orthodoxie allemande en matière de dépenses, alors que Scholz préconise plus de dépenses pour relancer l’économie. La dérégulation possible outre-atlantique dans le secteur bancaire a fait réagir la Suisse et la Grande-Bretagne pour une législation adaptée au nouvel environnement concurrentiel venant des Etats-Unis. L’OTAN est également inquiète, surtout depuis l’annonce d’un commentateur de Fox News comme Secrétaire à la Défense !
Le Bitcoin
Le bitcoin a célébré la victoire de Trump avec une hausse de 40% à $93’000. La campagne de Donald Trump a été pro-bitcoin et les personnes qui intègreront le prochain gouvernement de près ou de loin sont soit pro-bitcoin soit détenteurs de grandes quantités de bitcoins. En analysant le comportement du bitcoin avant et après chaque halving, un pic intermédiaire est attendu en octobre 2025 entre$150’000 et $200’000.
Quant à l’or, dans l’immédiat il n’entre pas dans le Trump trade. Par contre, c’est un actif à détenir dans un monde plus incertain et endetté que jamais. Après une pause au 4T24, le prix de l’or devrait repartir à la hausse en 2025.
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