Des tarifs douaniers qui vont monter ? On s’en fout ! Des incertitudes politiques et économiques ? On s’en fout ! Une politique inflationniste qui ne nous explique pas comment réduire une dette qui continue d’exploser ? ON S’EN FOUT ENCORE PLUS ! Un Président qui nomme des branquignoles à (presque) tous les postes clés de la politique américaines ? Encore une fois : On s’en tamponne comme de l’an 40 ! Bon. En même temps quand on voit les politiciens un peu partout dans le monde, on peut se dire que même une chèvre pourrait sauver l’économie mondiale, toujours est-il qu’hier l’effet tarifs douaniers a ENCORE fois défié toute raison et les seuls qui ont cotisés, c’est les Européens.

L’Audio du 27 novembre 2024

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La mémoire de l’investisseur

Je sais que nous avons la mémoire courte – pour ne pas dire très courte – mais si vous vous souvenez un peu de ce que je vous racontais hier, il faudra tout de même noter que pendant une très brève période de la nuit de lundi à mardi, les marchés se sont inquiétés du fait que Trump pourrait déstabiliser l’économie US et poser quelques problèmes à l’importation et à l’exportation. Ce qui fait que (pendant un bref instant), les futures américains se sont traités en terrain négatif parce que les intervenants craignaient que les actes irréfléchis de leur président qui n’a pas encore intégré la Maison Blanche pourraient déstabiliser un peu l’économie américaine. Bon, ben cette réflexion n’aura duré que quelques minutes et depuis, les bourses américaines n’ont fait que monter.

Les performances de la veille ne sont pas stratosphériques et les bourses n’étaient pas aussi volatiles que le cours de l’action Microstrategy, mais disons que lorsque l’on observe les records en clôture du Dow Jones et du S&P500, on se dit que Trump a tout de même un talent unique, puisque quoi qu’il fasse et quoi qu’il dise, le marché l’écoute et trouve ça « trop cool ». Je ne pas si le Donald 2.0 a des talents cachés ou si les quatre ans de vacances qu’il a pris lui ont permis (entre deux procès) de trouver LA SOLUTION pour rendre l’Amérique GREAT AGAIN, mais disons qu’hier soir à 22h00, en regardant le S&P500 terminer à plus de 6’020, il y avait de quoi se poser des questions. Quoi qu’il en soit, on a l’impression que peu importe les déclarations de Trump, à la fin les marchés montent quand même.

À la fin c’est l’Europe qui le prend en pleine gueule

Finalement, lorsque l’on fait le bilan de cette dernière séance avant un mercredi en ralentissement pour faire les bagages du week-end et le jeudi de Thanksgiving, on retiendra que ceux qui en ont pris plein la gueule sur les déclarations de Trump, c’est l’Europe. Car même si dans un premier temps, on a craint pour la performance de l’économie US avant de se raviser et de se dire que Trump allait rendre l’Amérique Great Again, nous nous sommes quand même rendu compte qu’il y allait quand même y avoir un perdant dans cette histoire et que le perdant se nommait : L’ÉTRANGER. Alors oui, Trump a annoncé qu’il allait mettre la misère aux Canadiens et aux Mexicains. Et un peu aux Chinois. Mais les marchés européens qui ne sont pas très fort en géographie, se sont subitement sentis visés par les déclarations de l’ex-futur Président Américain.

On ne peut d’ailleurs pas leur en vouloir, parce qu’il semble assez logique qu’à la fin, ils vont aussi se la prendre en pleine face et cela même si l’Allemagne ou la France n’a pas la moindre frontière directe avec les USA. Comme les Américains ne savent de toutes façons pas où se trouve le Canada et le Mexique sur Google Maps, hier on pouvait considérer qu’il fallait mettre tout le monde dans le même panier. Les bourses européennes ont donc terminé la journée dans le rouge en s’angoissant à mort rien qu’à l’idée de ce que Trump allait leur faire. C’est encore une fois les voitures qui en ont pris plein la figure juste au cas où les tarifs douaniers de Trump empêcheraient Renault d’exporter normalement des Clio Diesel dans des états comme le Texas. Le Texas où – on le sait de notoriété publique – il est extrêmement fréquent de croiser des voitures françaises. Bref. Tout ça pour vous dire qu’hier, les marchés américains se sont réjouis à l’idée de voir revenir Trump à la Maison Blanche, parce qu’on va quand même bien se marrer, en revanche, ça fait beaucoup moins rire les bourses du Vieux Continent.

Le Bitcoin, l’Asie et la paix au Moyen Orient

Ce matin en Asie les marchés sont à nouveau partagés, le Japon recule de 1% et le reste est en hausse comme si les Chinois n’en n’avait strictement rien à faire des tarifs douaniers de Trump et qu’ils savaient qu’ils s’en sortiraient sans les Américains, tout en sachant qu’EUX savent lire une carte géographique et ont certainement noté que le Canada et le Mexique ne font pas partie de l’Asie. Même en cherchant bien. Du coup ce matin Shanghai est en hausse de 0.57% et Hong Kong progresse de 0.52%. Du côté du pétrole, le baril continue de s’enfoncer puisqu’hier soir en fin de soirée, les rumeurs se sont avérées correctes et Israël et le Hezbollah ont convenu d’un cessez-le-feu de 60 jours pour permettre à l’armée libanaise de se déployer dans la zone frontière et permettre aux habitants de retourner chez eux en « toute sécurité ». Enfin dans ce qui reste de « chez eux » après les bombardements. Biden et Macron se sont tous deux félicités de la réussite de ces négociations. Biden ne savait pas trop de quoi il parlait, comme d’habitude, puisque son dernier souvenir date de l’époque où Obama était Président et Macron a diffusé un message vidéo pour expliquer combien son gouvernement avait été beau et fort sur ce coup-là et que c’est principalement grâce à LUI que tout s’est bien passé. Ensuite, il s’est auto-proclamé roi du Continent Européen parce que c’était bien mérité. Toujours est-il que ce matin, le baril est à 68.80$ et que le gallon d’essence sera moins cher pour la transhumance de Thanksgiving.

Du côté des cryptos, le Bitcoin est en PLS depuis 2 jours. Alors que l’on était convaincu que les 100’000$ allaient casser cette semaine, nous sommes à nouveau dans le doute et la probabilité de voir le Bitcoin au-dessus des 100’000$ s’est encore une fois effondrée chez les Bookmakers. À l’heure actuelle, la crypto-star est à 93’500$ et le plus intéressant à observer reste quand même le comportement de Microstrategy. La société de Michael Saylor qui – je le rappelle – pense que le Bitcoin sera à 13 millions de 2045 – s’est pris une volée de bois vert ces derniers jours. Il faut dire qu’elle était montée beaucoup plus que le Bitcoin lui-même et la baisse de 9% du BTC ces dernières heures à eu l’effet opposé. Hier soir MSTR a perdu 12% et depuis les plus hauts qui ont été affichés la semaine dernière, le titre a perdu 35%. Il faut dire que les volume que l’on considère comme « non professionnels » ont explosé, puisque les mêmes gars qui faisaient monter Game Stop se sont dit qu’acheter Microstrategy était le meilleur moyen de « jouer le Bitcoin avec du levier ». La claque de ces derniers jours est sévère et on se demande si Saylor va pouvoir à nouveau emprunter à 0% pour racheter encore du Bitcoin. En même temps, quand on voit la mémoire de poisson rouge que les marchés ont, je crois que si le Bitcoin passe les 100K avant Noël, il y en a plus d’un qui sera prêt à vendre sa mère et sa grand-mère en échange d’une fraction de la vision de Michael Saylor.

Que dire d’autre

Pour le reste, on notera que la confiance du consommateur est sortie pile-poile comme les experts l’attendaient, les Américains sont endettés jusqu’au cou, que ça soit personnellement ou via leur gouvernement qui n’a plus une thune, on est en pleine incertitude parce que Trump nomme des gars qui font peur à des postes clés, mais tout le monde s’en balance et la confiance est à son top. Du côté des Minutes du FOMC Meeting, elles ont démontré que les membres de la FED ne savent plus quoi penser de l’économie et de la baisse des taux. Lorsque l’on regarde ce qui s’est dit derrière les portes closes de la Réserve Fédérale, on a bien compris qu’ils n’avaient pas anticipé l’arrivée de Trump. Et comme déjà avant, ils naviguaient à vue ET dans le brouillard, l’élection de Donald n’a pas arrangé les choses. Si l’on devait donc résumer les choses, on dirait qu’avant le Meeting ils ne savaient pas quoi faire et qu’après le Meeting, c’était pire. On comprend mieux pourquoi Powell dit qu’il n’y a pas d’urgence à baisser les taux, puisqu’il ne sait visiblement plus quoi penser et plus quoi faire.

Du côté des publications trimestrielles, on notera quand même qu’hier soir il y a Dell qui a publié ses chiffres et que c’était pas bon. Enfin, pas bon c’est vite dit. Les revenus étaient en-dessous des attentes mais les bénéfices par action étaient mieux que prévu. L’intelligence artificielle est toujours le principal levier de Dell, mais ça n’a pas suffi et le titre était en baisse de 10% after close. On notera aussi que le secteur du transport maritime est confronté à une pénurie mondiale de marins, ce qui alimente un mélange inquiétant de faux CV et d’accidents en mer. Du coup, le prix du shipping est en train de prendre l’ascenseur et ça ne va pas forcément aider sur le sujet de l’inflation.

Les chiffres du jour

Pour cette dernière journée avant la dinde, on va s’occuper des chiffres du PCE américain, ainsi que du PIB et les Allemands publieront les chiffres du climat de consommation. Les marchés US seront ouverts normalement aujourd’hui, mais en général la veille de Thanksgiving c’est plutôt calme et tant que Trump ne communique pas, ça devrait le rester. Actuellement les futures sont en baisse de 0.03% et souvenez-vous que 75% du temps, les bourses montent à Thanksgiving. Les bourses américaines, rien n’est moins sûr en Europe.

Il me reste à vous souhaiter une excellente journée et on se voit demain pour parler de pas grand-chose, très belle journée à tous !

Thomas Veillet
Investir.ch

« The biggest risk of all is not taking one. » — Mellody Hobson