L’émergence du Sud Global, regroupé au sein du groupe des BRICS+, veut changer l’ordre mondial actuel, dominé par l’Occident, ainsi que l’ordre financier global dominé par le dollar.
Le prix de l’or a toujours été influencé par les taux d’intérêt américains, la géopolitique, le dollar et l’inflation et est un actif-refuge pour les investisseurs cherchant la sécurité. C’est un actif financier quasiment pur, car seulement 10% de la demande globale vient de l’industrie. Ces facteurs resteront, mais la volonté du Sud Global de sortir de la toute-puissance du dollar et des menaces américaines avec l’extraterritorialité du droit américain pourrait voir bientôt émerger un système parallèle au système financier international actuel Swift.
Le sommet des BRICS+, pays-membres et des délégations d’Etat envisageant y adhérer, a eu lieu à Kazan en Russie. Sans rejeter le dollar, pour ne pas imposer au BRICS+ le rejet du dollar, Vladimir Poutine a relancé l’idée d’un nouveau système de paiement parallèle Brics Bridge au Swift. Une devise commune, le Unit, et les cryptomonnaies pourraient devenir la base de ce système de paiement. Si, pour le moment, la Chine, l’Inde, l’Afrique du Sud et le Brésil ont montré peu d’intérêt à un système parallèle, le débat est lancé. De nombreux pays du Sud Global, y compris la Chine, et leurs banques craignent les sanctions américaines sur une réduction à l’accès au dollar au cas où des pays tiers participeraient à l’effort de guerre russe contre l’Ukraine.
Depuis octobre 2022, le prix de l’or a été poussé par autre chose que les facteurs historiques : les banques centrales émergentes. Depuis deux ans, la Chine, la Russie, l’Inde, le Qatar, l’Ouzbékistan, l’Irak, la Jordanie, la Turquie et la Pologne ont été les grands acheteurs. L’éjection de la Russie du système Swift a convaincu les banques centrales émergentes d’acheter de l’or pour contrer d’éventuelles sanctions occidentales, américaines en particulier. De nombreux pays veulent mettre un terme à l’arme « dollar », concluant qu’ils feraient mieux d’utiliser une monnaie alternative. Et détenir de l’or pourrait servir de base à un nouveau système de paiement international et utiliser une devise commune basée sur l’or, sans forcément abandonner sa devise nationale. Une devise commune basée sur 40% d’or et 60% de devises émergentes nationales selon certains experts. Ce Brics bridge obligerait les banques centrales émergentes à augmenter leur or dans leurs réserves étrangères qui détiennent en moyenne seulement 10% d’or, dont 5.2% pour la Chine (source World Gold), 31% la Russie, 9.9% l’Inde, 35% la Turquie, 78% l’Ouzbékistan, 55% le Kazakstan, 4.7% Singapour, 11% l’Irak, 2.8% le Brésil, 16.2% l’Afrique du Sud, 16.5% le Qatar, 4.4% l’Indonésie.
Dans ce nouvel environnement, le métal argent est moins intéressant, car il n’est pas un actif financier pur. 50% de la demande globale vient des activités industrielles. Le prix est plus volatil, peut-être trop pour les banques centrales.
Un nouvel ordre mondial se met en place. L’or devrait être un des grands bénéficiaires. Un objectif de cours? Nous n’en avons pas, il faut juste en détenir.
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