La fin de semaine n’aura pas été fantastique. Les propos de Jerome Powell de jeudi dernier résonnent encore dans la tête des intervenants et, alors que moins de 14% pensaient que la FED pourrait « ne rien faire » sur les taux en décembre, voici que la probabilité est passée à 40% de chance de voir un immobilisme de la part de la FED. Il faut dire que les chiffres du CPI et du PPI publiés la semaine dernière n’ont pas aidé avoir totalement confiance sur le sujet de l’inflation qui serait « sous contrôle ». Sans compter que depuis que le patron de la FED s’est exprimé, l’ensemble de la communauté financière semble avoir pris conscience que Trump et sa politique SONT inflationnistes.
L’Audio du 18 novembre 2024
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Le doute
On commence donc la semaine dans le doute. Depuis l’élection de Donald Trump, il y avait comme une espèce d’euphorie dans laquelle tout le monde se disait qu’avec son arrivée au pouvoir, tout serait plus facile et qu’il allait faire de la magie en relançant l’économie, en créant des emplois et en stoppant les guerres un peu partout dans le monde d’un coup d’un seul. Et puis là, tout d’un coup, après une grosse semaine d’euphorie et d’enthousiasme exacerbé, on commence à se rendre compte que ça ne sera pas si simple, sans compter que le gouvernement Trump qui se dessine gentiment sous nos yeux, commence à ne pas plaire à tout le monde – le meilleur exemple est peut-être (pour l’instant) l’arrivée de RFK à la santé qui a fait paniquer les fabricants de vaccins.
Mais dans l’ensemble une bonne partie des intervenants ont commencé à douter au sujet de la politique ultra-libérale du milliardaire américain, puisqu’en créant des emplois et en relançant la consommation comme il veut le faire, il va inévitablement faire remonter l’inflation – cela paraît presque trop logique – les paroles de Powell jeudi dernier ont même retourné le couteau dans la plaie de cette logique inévitable. Au milieu de tout cela, il y a quand même Goldman Sachs qui pense que le marché sous-estime le nombre de baisses de taux que nous arons dans les 12 prochains mois, puisque selon la banque d’affaire américaine, d’ici fin 2025, les taux directeurs pourraient bien être autour des 3-3.25% parce que, selon eux, les tarifs douaniers qui seront mis en place par le nouveau Président vont nettement ralentir l’économie – ce qui justifiera la baisse des taux. Il faut donc comprendre que les efforts de relance ne seront pas suffisants pour compenser le ralentissement induit par les tarifs et que – du coup – baisser les taux sera une évidence implacable pour la FED.
On paie pour voir
On ne sait pas – bien sûr – si Goldman Sachs aura raison, même si leur théorie se défend. Mais dans le doute, vendredi dernier nous avons vécu un joli sell-off sur le marché américain, un sell-off que nous n’avions plus connu depuis bien longtemps. Un sell-off qui recouvrait le marché avec un voile de doute et un sell-off qui nous faisait penser : « Et si ça n’était pas si simple ? ». Alors bien sûr, nous ne sommes pas en « Mode PANIQUE », parce que les supports techniques tiennent encore sur les indices américains et que ce matin, les futures sont déjà orientés à la hausse, mais il faut cependant tout de même reconnaître qu’en ce lundi nous ne sommes plus aussi à l’aise qu’au lendemain des élections lorsque tout le monde pensait subitement que Trump était la réincarnation du Messie et que ça n’était qu’une question de temps avant qu’il ne marche sur l’eau.
Ça c’était pour la fin de semaine. Après, il y a eu le week-end et on se rend très rapidement compte que tout va très vite et que les choses bougent dans tous les sens à des vitesses très élevées. C’est surtout en fin de dimanche que ce fût intéressant. Déjà il y avait Macron qui partait en Argentine pour (selon ses dires) ramener le Président Argentin à la raison. Le gars est haï plus que jamais dans son propre pays, il se promène en permanence avec sa grand-mère et il se présente comme « celui qui peut raisonner les grands de ce monde qui dévient du droit chemin ». Est-ce que quelqu’un va se rendre compte un jour que ce type est complètement cinglé ? Mais bon, au-delà des déclarations du Prési-Roi, il y avait également deux annonces qui étaient intéressantes pour la nouvelle administration Trump, que ça soit politique ou économique.
Biden se fait plaisir avant de partir
La première nouvelle qu’il faudra retenir pour bien commencer la semaine en se disant que les grands de ce monde sont complètement cons, c’est l’annonce officielle du gouvernement américain (ou ce qu’il en reste) qui dorénavant, autorise l’Ukraine à utiliser des missiles « longue portée » contre la Russie. Chose que les USA ne voulaient pas entendre jusque-là. Mais ce week-end la Russie a envoyé ses avions sur l’Ukraine et du coup, Biden qui est en voyage dans la forêt amazonienne, a autorisé Zelensky à tirer directement sur Moscou. C’est en tous les cas ce que ça laisse entendre à demi-mot. Les experts militaires ont déjà plus ou moins laissé entendre que ça ne changerait pas grand-chose à la guerre actuelle, puisque de toutes façons l’Ukraine n’a pas les missiles nécessaires. En revanche, cela montre toute la perversité d’un gouvernement qui est en train de mourir et qui veut laisser Trump avec une patate chaude un peu plus chaude qu’elle ne l’était déjà avant. Biden est foutu et sa présidence est en lambeau et dans l’histoire, on ne se souviendra de lui que comme un pathétique pantin, mais en autorisant l’Ukraine à envoyer ses missiles longue portée sur la Russie, il implique directement l’OTAN dans la guerre. C’est en tous les cas ce que Poutine pourrait interpréter. On attend la réponse du Kremlin, mais Biden ferait peut-être bien de rester dans la jungle.
Autre nouvelle de poids de ce week-end, c’est le futur-gouvernement Trump qui a déclaré qu’ils voulaient établir un cadre fédéral pour les véhicules entièrement autonomes et en faire une priorité absolue pour le ministère des transports. Cette annonce est considérée comme une aubaine pour Tesla – c’est d’ailleurs ce que l’on voyait venir gros comme une maison (mais peut-être pas si tôt). C’est encore un coup de maître de la part d’Elon Musk qui se retrouve en première ligne pour bénéficier des nouvelles largesses du gouvernement Trump alors que lui-même EST dans le gouvernement Trump. Le fabuleux mélange du capitalisme et de la politique est en train de nous exploser en pleine figure, tout comme le cours de Tesla qui est déjà en hausse de 3% pour commencer la semaine. Si l’on résume la situation actuelle ; la fin de semaine aura été merdique parce que l’on a pris conscience que l’on ne pouvait pas : baisser les taux, créer des millions d’emplois, augmenter les salaires, faciliter ENCORE plus l’accès au crédit, baisser les impôts et subventionner à tout va sans qu’il n’y ait aucun impact sur l’inflation. Et on attaque la semaine avec des simulations d’attaques nucléaires sur Kiev qui circulent partout sur le net parce que Biden se mêle de la guerre en Ukraine et Tesla qui reçoit déjà LA nouvelle que Musk cherchait depuis le début de la campagne électorale. Mais surtout, surtout, la semaine va être principalement axée sur une seule et unique chose : LES CHIFFRES DE NVIDIA qui représenteront la fin de la saison des résultats trimestriels et qui devraient nous apporter la réponse que nous attendons tous : La croissance est-elle toujours avec nous ?
En Asie
Du côté de l’Asie, on a le Japon qui est en baisse de 1% alors que le patron de la banque centrale estime que l’inflation pourrait venir de la hausse des salaires et pendant ce temps, la Chine et Hong Kong sont en hausse de plus ou mois 0.7%. On notera que Samsung est en hausse de 7% après avoir annoncé un rachat d’actions qui n’était pas prévu. Le Bitcoin est à 90’600$, le pétrole se traite à 67$ et l’or est à 2’590$.
Pour ce qui est du « sujet du jour », et je dirais même du sujet de la semaine, il va donc falloir parler de Nvidia, d’intelligence artificielle et encore un peu de Nvidia, puisque mercredi soir après la clôture nous saurons ce que la plus grosse capitalisation du monde a à nous offrir. On ne va pas rentrer dans les détails de ce que l’on attend ce matin, on y reviendra tout au long de la semaine, mais pour le moment, tous les regards sont posés là-dessus, en se demandant si la croissance est toujours aussi monstrueuse ou si les choses se calment un peu plus que ce qui était prévu. Cette semaine, le Barron’s publie un dossier « spécial intelligence artificielle » et le second mot le plus utilisé dans la presse financière est : Nvidia. Le premier étant « Trump » et le troisième : MUSK.
Chiffres
Nous allons donc commencer la semaine en douceur les futures étant légèrement en hausse et les nouvelles économiques étant plus ou moins absentes en ce lundi matin, absentes si l’on met de côté le Trade Balance Européen dont tout le monde se fout et le discours de Madame Lagarde dont on se demande comment elle fait pour avoir toujours autant de trucs à dire, quand on sait qu’elle parle bientôt trois fois par semaine.
Très bon lundi à tous et on se revoit demain pour commencer sérieusement la semaine avec les chiffres du secteur du Retail, histoire de voir où en est le consommateur américain à l’aube des festivités du Black Friday et de Thanksgiving.
À demain, si vous le voulez bien.
Thomas Veillet
Investir.ch
« Wall Street is the only place that people ride to in a Rolls Royce to get advice from those who take the subway. » – Warren Buffett