Ça fait deux heures que je suis devant mes écrans en me demandant ce que vais pouvoir écrire. Le risque étant de raconter n’importe quoi pendant 4 pages et d’apprendre à 7h30 du matin que finalement, la surprise était totale et ça n’est pas du tout ce qui devait se passer qui s’est passé. À l’heure actuelle, il est 5h29 du matin et Trump est devant avec 230 grands électeurs alors que Kamala n’est qu’à 187. La clé reste la Pennsylvanie où Trump semble avoir pris la tête. Quoi qu’il en soit, Elon Musk a déjà publié un message sur X qui dit : « jeu, set et match ». Difficile de déclarer la victoire de Trump tant que les « swings states » ne sont pas dépouillés… Mais Musk y croit.
L’Audio du 6 novembre 2024
Télécharger le podcast
Faire comme « si »…
Je vais donc me contenter de faire « comme si Trump avait gagné ». Il faut dire que lorsque l’on voit qu’il a pris la tête en Pennsylvanie avec 51.3% des votes et 77% des bulletins dépouillés, on peut se dire que ça se complique réellement pour Kamala Harris. Sans compter que le Républicain est en passe de ramasser la Géorgie et ses 16 grands électeurs. Kamala Harris n’a plus qu’à espérer remporter les derniers états qui n’ont pas déclaré de vainqueurs et ça ne paraît pas simple… Bref, je ne suis pas là pour faire de la politique, mais parler des marchés financiers. Alors parlons finance, mais notons quand même que le site de paris « Polymarket » – donne Trump victorieux à 95% de probabilités. Si vous voulez tenter un coup très risqué, vous pouvez encore parier pour Kamala et espérer un miracle.
Si l’on en croit les comportements des bourses depuis 24 heures et surtout des cryptomonnaies, tout le monde est en train de parier sur Trump et depuis très tôt ce matin, les futures américains sont en train de s’envoler et prévoient une hausse de 1.3% à l’ouverture tout à l’heure. Le Bitcoin a tapé les 75’000$ cette nuit et le DogeCoin, cher à Elon Musk est en hausse de 30% depuis minuit. Il n’y a donc pas besoin d’avoir fait de grandes études de finance pour deviner que Wall Street a désigné son champion et que l’on croit fermement à une victoire de Trump, même si mathématiquement Kamala peut encore réaliser un « hat trick » à la dernière minute.
Et qu’est-ce qu’on fait maintenant ?
Donc, si l’on en croit les derniers chiffres, les USA se préparent à devenir « Great Again ». Reste à voir comment il va faire, parce que même si ses promesses électorales décrivaient un nouveau pays qui va se diriger vers le firmament, un nouveau pays où l’argent coulera à flot, où les salaires vont augmenter massivement, où l’emploi va augmenter massivement et où l’inflation sera parfaitement maitrisée même avec des salaires et un marché de l’emploi qui explosent, on peut se demander quelle sera la recette magique pour cela.
Quoi qu’il en soit, les marchés ont l’air de lui faire confiance et de parier sur le fait que plus rien ne peut nous arriver. Déjà qu’avant avec le sénile qui est à la Maison Blanche, les bourses mondiales semblaient indestructibles, ce sentiment de « toute-puissance » risque de se renforcer encore. Si l’on en croit les futures et si les projections sont valides, le S&P500 devrait ouvrir au plus haut de tous les temps et ensuite ça va être tellement facile, que ça en sera indécent. D’ailleurs le stratège de JP Morgan a déclaré qu’en cas de victoire (confirmée) de Trump, il se pourrait même que la FED « attende » pour baisser les taux, histoire de voir si l’inflation ne repart pas au galop rien qu’à l’idée que tous les Américains se précipitent pour dépenser de l’argent en attendant que leur salaire explose à la fin du mois de janvier.
Les challenges
Même si Trump nous promet monts et merveilles, il va quand même devoir faire avec une économie qui est au bord du gouffre et « à ça » d’entrer en récession – oui, je sais c’est mal de le dire et c’est péché de dire le mot « récession », mais c’est un fait. Trump (ou Kamala d’ailleurs) va devoir gérer une dette qui est au plus haut de tous les temps et qui sera ENCORE plus haute lors de la prise de pouvoir cet hiver. Sans compter que le marché de l’emploi est à l’agonie et qu’il va falloir les créer, ces emplois, pour inverser la tendance. Sans oublier qu’il avait également promis qu’il allait stopper la guerre en Ukraine, calmer le Moyen Orient et empêcher la Chine de tourner autour de Taïwan. Pour ce qui est de transformer l’eau en vin, de multiplier les pains et de faire remarcher les paraplégiques, il devrait attendre les élections de mi-mandat, histoire qu’il ait le temps de signer un deal avec Dieu.
Mais d’ici-là il va quand même falloir trouver des solutions et faire quelque chose pour faire bouger les choses. Du côté des marchés boursiers, on continue néanmoins à y croire. Il est actuellement 6h22, la course est toujours serrée, Kamala Harris pourrait retourner la situation si elle gagne l’ensemble des swings states, mais ça à l’air mal embarqué. En ce qui concerne l’état clé, la Pennsylvanie, à l’heure actuelle Trump est devant à 50.9% et 86% des votes dépouillés, mais il semblerait qu’il manque encore les grandes régions urbaines qui pourraient tout changer. En revanche, plus au Nord, le Wisconsin semble proche de tomber dans l’escarcelle de Trump. Sans compter que le Sénat est officiellement passé en mains républicaines. Il paraîtrait même que certaines « stars d’Hollywood » qui ont encouragé les Américains à voter Harris, sont en train de faire leurs bagages pour aller vivre… Euh… En France. Oui parce qu’en France, ça marche vachement mieux la politique.
Mais les marchés étaient ouverts hier…
Faisons une brève pause avant de conclure. Hier les bourses mondiales étaient ouvertes et elles avaient toutes les yeux rivés sur les USA. Et les bourses américaines encore plus. Il n’y a pas eu des tonnes de nouvelles, mais disons que les intervenants ont tous acheté en supposant que Donald Trump allait gagner. Tesla remontait en espérant voir Musk au gouvernement, lui qui a encore un peu de temps disponible et puis comme l’économie va exploser sous Trump, on en a profité pour racheter un peu de Nvidia pour faire bon poids bonne mesure. Nvidia qui bénéficiait de l’aspiration du discours explosif d’Alex Karp, CEO de Palantir sur l’IA. Palantir qui explosait de 23% durant la séance d’hier, pendant que Nvidia montait de 2.8%, ce qui lui suffisait quand même pour devenir la plus grosse capitalisation du monde en clôture pour la seconde fois de son histoire. Pourvu que cette fois ça dure plus de 24 heures.
Pendant que Nvidia sablait le champagne juste après la cloche, nous avons dû supporter la publication des chiffres de Super Micro. Je suis désolé mais lorsque l’on voit la comm que la boîte met en place alors qu’ils ont la totalité des médias et des analystes qui sont en train de leur cracher dessus, on se demande vraiment ce qu’il y a comme problème à l’interne. Alors que le marché attendait des détails sur le « problème interne » qui a fait fuir Ernst&Young, le CFO nous annonce qu’ils travaillent aussi vite que possible pour donner des réponses sans donner plus de détails sur la situation qui pose problème. Dans la foulée, le CEO annonce des chiffres en-dessous des attentes et explique en toute décontraction que les clients « attendent les nouvelles puces de Nvidia pour aller de l’avant ». Et quand on lui demande s’il compte se retirer, il répond : « je me retirerai, un jour ». C’est du foutage de gueule version XXL et les traders continuent de le sanctionner. Hier soir Super Micro perdait encore 15% after close et après ses « publications », alors que le titre avait tenté le rebond durant la séance en grimpant de 6%. Mais là visiblement, ça sent très mauvais et ça n’est même pas le « miracle » Trump qui va pouvoir sauver la boîte.
Le reste
Pour le reste, on notera que l’Asie est visiblement partagée à l’idée d’une victoire de Trump. Le Japon s’envole de près de 3% parce que le Yen s’effondre suite au renforcement du dollar et Hong Kong est en baisse de plus de 2% parce que « les craintes de voir la Chine se confronter au Républicain » font trembler le marché. La Chine ne fait strictement rien. Le pétrole est à 70.87$, l’or est à 2’748$ et le Bitcoin se balade autour des 74’700$, histoire de voir ce que ça fait d’être au plus haut de tous les temps.
Dans le reste des nouvelles, en France, Auchan a annoncé 2’400 licenciements et Michelin va fermer deux usines et mettre 1’200 personnes à pied. Michel Barnier hurle à la mort en « exigeant » de savoir ce qu’ils ont fait de l’argent public, alors que visiblement, ils n’en ont pas touché tant que ça. En tous cas, s’il veut une réponse à la question, il serait bon d’appeler Bruno avant qu’il se soit définitivement tiré à l’étranger. On voit que la politique de Macron commence vraiment à porter ses fruits dans l’Hexagone. Autrement, il y a Toyota qui a complètement raté son trimestre et qui annonce une baisse de 20% dans ses profits trimestriels, alors que Tesla est en hausse de 3.5% sur les plateformes « off exchange », puisque du coup, on parie sur le fait que Musk a eu bien raison de supporter Trump et que Tesla va en profiter.
La suite et la fin
Voilà, il est 7h05, le clan de Kamala Harris a déclaré qu’elle ne parlerait pas ce soir et qu’elle s’adresserait à la nation dès demain – soit plus tard dans la journée pour nous – pour l’instant, Donald Trump est en train de remporter les états clés du nord des USA – ce qu’ils appellent le « blue wall » soit la Pennsylvanie, le Michigan, le Wisconsin et le Minnesota. À 7h08 heure suisse, 93% des votes de Pennsylvanie sont décomptés et Trump gagnerait avec 51% des voix, ce qui lui permettrait de faire un immense pas vers Washington, sans compter que le Wisconsin est en train de lui revenir aussi. Un dernier check sur « Polymarket » et on peut y voir que les paris donnent le Républicain vainqueur à 97%.
Aujourd’hui la FED va commencer à se réunir et demain, nous aurons la décision de Powell. Pour le reste de la journée, nous allons continuer de compter les voix, mais il est plus que probable que dans les 24 prochaines heures nous aurons un nouveau Président à Washington et pas une Présidente. On retiendra qu’en Europe il y aura plein de PMI’s et que Novo Nordisk, ARM et Qualcomm vont publier leurs chiffres trimestriels dans la journée.
Nous on se retrouve demain – je voudrais bien attendre que Trump parle – puisqu’il devrait le faire dès que la Pennsylvanie va tomber, mais il faut quand même aller bosser, alors hop ! On publie et on en reparle demain à la même heure et au même endroit.
À demain !
Thomas Veillet
Investir.ch
“Owning stocks is like having children — don’t get involved with more than you can handle.”
Peter Lynch