Le Dow Jones a donc terminé au plus haut des tous les temps. Pas les autres indices. Mais tout le monde était dans le vert et rien ne semble pouvoir stopper la marche en avant des bourses américaines. Même quand Trump menace – durant la nuit – de resserrer les tarifs douaniers contre le Mexique et le Canada, les futures sont en baisse pendant 2 heures, avant de repasser en territoire positif. Il n’y a rien à faire ; pour le moment ce marché ne veut pas baisser et l’arrivée de Trump au pouvoir, c’est comme la carte du Monopoly qui vous fait sortir de prison : dès qu’il y a un truc de mauvais qui sort ; on se dit : « oui mais Trump arrive et ça va tout changer ».
L’Audio du 25 novembre 2024
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La hausse d’hier
Hier la raison de la hausse était simple et rationnelle ; c’était la nomination de Scott Bessent au poste de Secrétaire du Trésor. Je suis intimement persuadé que si vous faites un « micro-trottoir » pour demander aux gens qui est « Scott Bessent », vous obtiendrez beaucoup de regards d’incompréhension et quelques réponses débiles, mais peu sauront qui il est. Mais peu importe, hier il suffisait de savoir que le type est un « Républicain modéré, compétent en économie et intelligent », ce qui, visiblement n’est pas forcément le cas de la majorité des Républicains si l’on en croit les médias Démocrates qui ont perdu l’élection et qui sont encore en train de se pleurer dans le gilet à l’idée de voir arriver Trump à la Maison Blanche.
Il était donc suffisant de savoir qu’il n’allait pas tout foutre par terre du côté finance et économie pour que les marchés s’envolent encore une fois et que le Dow Jones termine au plus haut de tous les temps. Il faut dire qu’à 48 heurs de découper la dinde, personne n’a vraiment envie de « faire les grandes manœuvres » et on se contente largement d’une seule nouvelle pour justifier nos actes. Après, on peut aller gratter à l’intérieur des indices pour trouver deux-trois titres individuels qui ont fait parler d’eux. On peut d’ailleurs citer Super Micro qui a encore repris plus de 15% hier. Ce qui porte sa performance sur une semaine à plus de 75%, bien qu’il faille retenir que l’on n’a toujours pas vu leurs chiffres trimestriels et que les « problèmes de structure interne » qui avaient été identifiés ne sont (DE LOIN) toujours pas réglés. Visiblement, il ne suffit pas de grand-chose pour retrouver le chemin de l’intelligence artificielle qui assure la performance à tous les coups.
Des upgrades en attendant demain
La fin de l’année approchant, on commence à voir les objectifs de 2025 qui s’affichent sur les écrans et sur les tabelles des bookmakers de Las Vegas. Hier nous avons eu un avant-goût de l’année spectaculaire qui nous attend en 2025, puisque Deutsche Bank estime que le S&P500 va atteindre les 7’000 d’ici 13 mois. Chez Goldman Sachs on se mouille un peu moins et on se contente de parier sur les 6’400 pour le 31 décembre de cette année. Une chose est sûre, l’optimisme qui a été le nôtre depuis le 31 octobre 2023 reste très présent et l’indicateur « Greed and Fear » précise que nous sommes toujours en zone de « GREED », mais c’est pas grave, parce que, comme disait Gordon : « Greed is good ».
Il est vrai que si l’on se penche sur les statistiques, on se rendra compte que depuis près de 100 ans – si l’on analyse les années électorales – on se rendra compte que : 75% du temps, le marché monte entre le mercredi de Thanksgiving et le lundi suivant. Ce qui veut dire qu’il y a 75% de chances que la demi-cession de vendredi soit une séance de hausse. Et si l’on va plus loin, on se rendra compte que 75% du temps, le marché est en hausse en moyenne de 1.38% entre Thanksgiving et le premier janvier de l’année suivante. Il ne faut donc pas perdre de temps à trop réfléchir : il suffit de se mettre long et d’attendre la fin de l’année pour récupérer l’argent. C’est TELLEMENT facile la bourse, je n’en reviens toujours pas.
Du côté de l’Europe
Si l’on regarde ce qu’il se passe sur le Vieux Continent, ça reste super-chiant. La France ne fait rien, l’Allemagne est en encore en hausse et semble ne pas se rendre compte de l’état de leur économie. L’Italie est en baisse de 0.2%, quant à la Suisse, elle terminait en baisse de 0.18%. Franchement, on a l’impression que les intervenants préfèrent ne rien faire en attendant les chiffres qui sortiront aujourd’hui et demain, histoire d’y voir plus clair. Même si je vous avoue que je ne suis de loin pas convaincu sur le fait que la confiance du consommateur ou les Minutes du FOMC Meeting vont nous changer la vie. Pour ce qui est du PCE de demain, de toutes façons, tout le monde sera déjà dans l’avion en train de retourner chez papa-maman pour manger avec des gens qu’on n’a pas vu depuis Noël dernier.
Les chiffres de la confiance du consommateur sont régulièrement arrangés de la façon qui va faire plaisir au marché, c’était le cas pendant les quatre ans de présidence de l’autre grabataire, il n’y a pas de raison que ça change et les Minutes du FOMC Meeting sont des données qui ont été récoltées il y a 1 mois et qui n’ont plus rien à voir avec la situation actuelle. Reste à voir si nous avons la capacité de nous exciter dessus en fin de journée, même si j’ai plutôt l’impression que tout le monde est fatigué et qu’une semaine raccourcie ne fera de mal à personne.
L’Asie focus sur l’Occident
Ce matin l’Asie se concentre principalement sur les déclarations de Trump au sujet des tarifs douaniers. L’ancien et le futur Président a expliqué sur X qu’il signerait un décret présidentiel pour imposer des droits de douane de 25% sur les produits en provenance du Mexique et du Canada, ainsi que des droits de douane supplémentaires de 10% sur les produits qui viennent de la Chine. Trump a expliqué que ces tarifs resteraient en place jusqu’à ce que les deux pays mettent un frein au trafic de stupéfiants, notamment au fentanyl, et aux flux de migrants entrant clandestinement aux Etats-Unis. On voit déjà que toutes les raisons seront bonnes pour coller des taxes douanières dans tous les coins, comme si le Mexique et le Canada avaient le pouvoir de stopper le trafic de drogue. La nouvelle a eu l’effet d’une bombe sur les marchés, mais la baisse n’a pas duré bien longtemps, puisque les futures sont passés de positifs à négatifs sur l’annonce et que deux heures après ; c’était déjà du passé. Du passé parce qu’encore une fois, on s’est dit : « oui mais Trump arrive et ça va tout changer ».
Du coup les indices chinois et le HSI ont fait de même et à l’heure où je vous parle, les deux indices sont en légère hausse, alors que le Nikkei est toujours dans le jus, en baisse de 1.55%, comme si c’est eux qui allaient payer l’ensemble des tarifs du monde entier. Il faut cependant noter qu’au Japon, le CPI est sorti plus faible que les attentes – à 1.5% contre 1.8% attendu, ça n’a pas vraiment fait plaisir aux traders. En plus de l’Asie, on notera que l’or a refusé les 2’700$ et se traite actuellement autour des 2’650$, que le Bitcoin a rejeté les 100’000$ – pour cette fois – et la crypto-star se traite actuellement à 94’500$. Pendant ce temps, Microstrategy continuent d’acheter du BTC et s’attendent à détenir 4% de la totalité des Bitcoins d’ici 2033. Je ne sais pas comment on arrive à ce résultat et je ne veux pas le savoir – ce que je sais c’est que les 100’000$, c’est pas pour ce soir. Et puis il y a le pétrole…
Le retour du tocard et du grabataire
En ce qui concerne le baril, c’est une autre histoire. Selon des rumeurs qui circulent dans le monde merveilleux de la finance et de la politique, on s’autorise à penser dans les milieux autorisés que Macron et Biden vont annoncer un accord secret conclu entre le Hezbollah et Israël qui permettrait enfin d’avoir un cessez-le-feu. On ne sait pas si Israël va arrêter de bombarder uniquement le Hezbollah et qu’ils vont continuer à pilonner le Hamas – ce qui reviendrait plus ou moins au même – mais quoi qu’il en soit, cette rumeur a immédiatement fait plonger le baril parce que « si les tensions diminuent, la prime de risque ne fait plus de sens ». À l’heure actuelle, le baril est à 69.08$ et Macron va pouvoir jubiler en annonçant le cessez-le-feu, pendant que Biden se demandera encore une fois « mais qui suis-je, où vais-je et dans quelle étagère ? ». C’est quand même bien pour le Prési-Roi français, plus personne ne veut de lui en France, il vient d’être nommé comme « Pire Président depuis De Gaulle » et il passe plus de temps à l’étranger qu’en France, parce grand-maman préfère les pays chauds et humides, mais il pourra au moins se vanter d’avoir stoppé la guerre entre Israël et le Hezbollah, même si tout le monde sait que c’est une pause à deux balles, le temps de recharger les lance-roquettes et de commander des nouveaux drones. Toujours est-il que du coup, le pétrole se détend.
Pour le reste, on retiendra que l’UBS pense que Tesla pourrait facilement plonger de 35% puisque le récent rallye de la boîte à Musk, n’est pas causé par les fondamentaux, mais par de la pure spéculation. Il y aussi Hennessy la filiale de LVMH qui fait du cognac, qui envisage d’aller ouvrir une de ses usines en Chine pour contourner les droits de douanes chinois qui ont été mis en place il y a quelques semaines. Apparemment, les employés français de Bernard Arnault ne sont pas « monstre d’accord » avec l’idée. Dans la foulée des déclarations de Trump, le yuan est retombé au plus bas depuis 4 mois. Et puis il y a Neil Kashakari, patron de la FED de Minneapolis, qui estime qu’il est parfaitement raisonnable de baisser les taux en décembre, ce qui fait écho aux déclarations de Powell qui disait qu’il n’y pas le feu… Et enfin, pour terminer, il y a Bath and Body Works qui ont largement battu les attentes du marché et qui prenait 17% hier, pendant que Macy’s repoussait la publication de ses chiffres trimestriels après avoir découvert qu’un de leurs employés avait falsifié les comptes. Comme quoi, des fois il y a des gars qui sont indispensables.
Les chiffres du jour
Du côté des publications du jour, il y aura la Confiance du Consommateur qui est attendue à 111.8, contre 108.7 le mois dernier. Il y aura ensuite les ventes de nouvelles maisons aux USA et finalement les Minutes du FOMC Meeting qui vont sûrement tout changer.
Pour le moment, les futures viennent de repasser dans le rouge et sont en baisse de 0.06% et demain on va reparler de l’inflation en attendant le PCE et si on s’ennuie vraiment, je vous donnerais une recette pour cuire la dinde de jeudi. Passez une excellente journée et à demain !
Thomas Veillet
Investir.ch
« Be fearful when others are greedy and greedy only when others are fearful. » — Warren Buffett