Les chiffres économiques « clés » sont tous plus ou moins sortis. On connait le nom du nouveau Président Américain et les grandes lignes de son programme qui prend forme à toute vitesse (et qui fait parfois très peur). On sait que les tarifs douaniers vont coûter du pognon et que les mesures fiscales vont en coûter encore plus. Mais on sait aussi que ça va donner un immense coup de main à Tesla et mettre Uber en panique. Et puis on est au courant que l’inflation reste très « touchy » et que la FED n’en dort plus, tout en sachant que « peut-être » elle ne baisserait plus les taux. Du coup, avec cette masse de connaissances et de compétences, on se pose sur une chaise en attendant NVIDIA.

L’Audio du 19 novembre 2024

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Nvidia

Les publications trimestrielles du roi de l’intelligence artificielle sont prévues ce mercredi après la clôture. Ça, vous le savez parce que ça fait deux semaines que je vous en parle. Mais en attendant les publications de mercredi et en l’absence de publications économique ou de discours majeurs de la part de gens qui comptent, on passe la plupart de la journée assis sur une chaise en attendant que quelque chose se passe. Les performances des indices hier en sont la preuve flagrante : personne n’ose faire quoi que ce soit puisque Nvidia a le pouvoir d’envoyer le marché dans un sens ou dans l’autre. Hier il y a même eu des annonces comme quoi la FAMEUSE puce Blackwell – qui est un peu l’équivalent, en termes de revenus de l’iPhone chez Apple – pourrait avoir deux-trois problèmes techniques à commencer par le fait qu’elle surchaufferait plus que de raison.

Sur la nouvelle, Nvidia baissait de 1.29%. Personne n’ose vendre le titre juste au cas où le CEO la société californienne trouvait de nouveaux superlatifs pour expliquer Ô combien leurs résultats sont fantastiques extraordinaires, voir merveilleux. Non, le marché est suspendu aux chiffres de mercredi et en attendant, personne ne fait rien. Ou pas grand-chose. Alors oui, hier il y a eu le sketch Super Micro ; durant la séance le troisième plus gros client de Nvidia a annoncé qu’ils allaient proposer un plan de redressement afin de pouvoir rester dans le Nasdaq – sur l’annonce le titre a pris 16% – et sur l’annonce des détails du plan, after close, Super Micro explosait de 38%. À l’heure actuelle, lorsque je parle de Super Micro, on ne parle plus d’investissement, mais plutôt de « Muppet Show » de très très haut niveau.

Super Micro

Donc, la société a trouvé une boîte d’audit qui est d’accord de prendre le poste avec effet immédiat. Il s’agit de BDO qui prend le risque de reprendre le job que personne ne veut parce que la boîte ultra-familiale est pratiquement ingérable et déontologiquement « borderline ». Néanmoins, ce nouvel acteur dans la saison 4 et l’épisode huit de la fabuleuse histoire de Super Micro pourrait permettre à la société de passer l’écueil des réglementations du Nasdaq. La société a également demandé un délai pour présenter ses comptes – le temps qu’ils comprennent eux-mêmes ce qu’il y a dedans et ils pourraient très prochainement les présenter aux autorités et aux investisseurs.

Encore une fois, dans la finance américaine, on s’est inspiré des plus grands chefs-d ’œuvres de la maison Disney pour nous présenter un Happy End quasi parfait. Reste plus qu’à que les comptes en question tiennent la route et que les gens de chez BDO ne démissionnent pas après trois jours de travail en découvrant le nombre abyssal de problèmes qu’il y a à l’interne. Quoi qu’il en soit, Super Micro explose after close et se traite dorénavant autour des 30$. On se réjouit déjà de la saison 5.

Ici et ailleurs

La séance d’hier ne mérite pas d’être inscrite au « Hall of Fame » des séances de la décennie. On peut encore parler de Telsa qui a fini en hausse de 5% après l’annonce du futur-gouvernement Trump qui va favoriser les véhicules autonomes dès sa prise de pouvoir. Telsa qui est également en hausse de 40% depuis que Kamala Harris s’est fait botter en touche par les électeurs. On ne va pas revenir sur le fait que le cumul des mandats d’Elon Musk devient un tout petit peu bizarre, parce que pour le moment ça n’intéresse personne. En revanche, on retiendra quand même que sur l’annonce des robotaxis, Uber et Lyft se sont fait taper dessus rien qu’à l’idée de voir arriver la concurrence.

Dans les autres évènements de la journée, il y a Spirit Airlines qui a donc rempli les documents et sont officiellement en « Chapter Eleven » et puis il y a aussi Microstrategy qui a annoncé qu’ils ont acheté pour 4.6 milliards de Bitcoin au prix moyen d’environ 88’627$. Ce qui représente un gain – sur cet achat – de 3.8% au prix de ce matin. Le titre a pris plus de 10% sur l’annonce d’hier et est en hausse de 50% depuis l’élection de Donald Trump, alors que le Bitcoin lui-même ne monte « que » de 38%. Tout ça pour vous dire que l’un dans l’autre, le marché ne fait rien en attendant les chiffres de Nvidia – à moins que les chiffres du CPI européen nous changent la vie ce matin – mais qu’à l’intérieur des indices, il se passe quand même pas mal de choses. On peut même encore parler de Palantir qui demande à sortir du Nasdaq pour aller se faire coter sur le NYSE et qui perd 8% dans la foulée, mais mis à part ça, je ne me risquerais pas à dire que l’on se concentre sur autre chose que mercredi soir, ce qui m’inquiète le plus c’est surtout de savoir ce que l’on va faire APRÈS mercredi soir. Mais en attendant, parlons de l’Asie.

À l’autre bout du monde

Ce matin les marchés asiatiques sont encore une fois un peu partagés. D’un côté on a le Japon qui est en hausse de 0.6% en attendant les publications du CPI qui sont prévues en fin de semaine. L’indice japonais est aidé par le secteur technologique qui surfe sur la vague américaine et aussi de par la faiblesse du yen qui fait que les exportatrices sont bien recherchées. En Chine, Shanghai est en baisse de 0.6%, là-bas on y attend la décision sur les taux d’intérêt. Le bon vouloir de la Banque populaire de Chine qui devrait décider de son taux de référence dans le courant de la semaine. Les experts s’attendent à ce que le taux reste inchangé après une réduction en octobre. Cette décision interviendra alors que les récentes mesures de relance prises par la Chine ont été largement décevantes et que l’économie n’a montré que peu de signes d’amélioration. Les données sur l’inflation pour le mois d’octobre ont montré que la désinflation était toujours d’actualité. Dans la foulée, on notera aussi que Morgan Stanley et Goldman Sachs ont tourné la veste sur la Chine et sont repassés dans le camp des bearishs.

Les analystes avaient d’abord semblé optimistes après la première série de mesures de relance annoncée en septembre. Les deux banquiers avaient relevé leurs recommandations sur les actions chinoises dans les semaines qui ont suivi, Goldman Sachs passant sur « overweight », tandis que Morgan Stanley, qui étaient négatifs, devenaient neutres. Ben ça n’a pas duré longtemps parce que ces derniers jours, on est à nouveau très prudents et tout le monde argumente au sujet des taxes douanières qui pourraient freiner encore un peu plus une économie chinoise qui est déjà mal en point. Pendant que Shanghai recule ce matin, Hong Kong ne fait rien, ou pas grand-chose. Le Bitcoin est à 91’500$, l’or a rebondi sur les 2600$ et se traite à 2625$. Par contre c’est la samba du côté du baril, puisque le WTI est remonté de 2$ et se traite dorénavant à 69$ le baril. Il faut dire que les élucubrations de Joe Biden au sujet de l’Ukraine ont ravivé les tensions internationales.

On notera Zelensky qui bombe le torse en disant que les « bombes parleront d’elles-mêmes » et les Russes qui hurlent à l’agression de la part de l’OTAN et qui menacent de représailles qui vont faire très mal. En cherchant bien sur le net, on peut d’ailleurs déjà trouver des simulations d’attaque nucléaire sur Kiev qui sont très encourageantes – mais qui font remonter le baril. Et pour être parfaitement complet, on notera aussi que le plus que plus grand champ pétrolier de Norvège, situé en mer du Nord, a été fermé après un incident électrique. La compagnie publique norvégienne Equinor, a indiqué que ses équipes travaillaient au rétablissement de l’alimentation de la plateforme offshore, mais ne sait pas du tout quand cela sera réparé – ce qui crée une grosse incertitude et on n’aime pas l’incertitude. Le site produit environ 755’000 barils par jour lorsqu’il fonctionne.

Les nouvelles neuves

Pour le reste des nouvelles qu’il faut retenir, il n’y a vraiment pas grand-chose alors que tout le monde compte les heures jusqu’à mercredi soir. Mais on retiendra que Madame Lagarde a parlé hier à Paris pour encourager les leaders européens à se battre dans une Europe unie, elle a déclaré :

« En agissant en tant qu’union pour augmenter la croissance de notre productivité et en mettant en commun nos ressources dans des domaines où nos priorités convergent étroitement, comme la défense et la transition écologique, nous pouvons à la fois obtenir les résultats que nous souhaitons et gérer efficacement les dépenses publiques ».

Ben bonne chance, déjà à l’intérieur des pays de l’Europe c’est chacun pour soi, le Chancellier Allemand va se faire virer, Meloni roule pour elle, l’Espagne gère ses inondations et pendant ce temps, le Roi de France fait le tour de l’Amérique du Sud avec sa grand-mère pour donner des leçons de politique et d’économie à tout le monde, pendant que dans son propre pays, les agriculteurs ne peuvent plus vivre correctement. Sans compter que la folle-dingue non-élue qui dirige l’Europe se prend pour la Reine du Monde, on sent bien que l’Union de l’Europe est solide et se battent tous ensembles… Il faut encore noter que dans le cadre du procès anti-trust contre Google, on parle de spin-off de Chrome, paraît que ça va tout changer. Du côté de l’emploi américain, une dernière petite news pour la route : Les USA annoncent 55’597 suppressions d’emplois en octobre, soit un bond de 51 % par rapport à octobre 2023. Ce qui fait suite aux 174’597 suppressions d’emplois signalées au troisième trimestre 2024, soit 19 % de plus qu’au troisième trimestre 2023. Depuis le début de l’année, les annonces de suppressions d’emplois s’élèvent à 664’839, soit le nombre le plus élevé depuis la pandémie de 2020 et mis à part la phase COVID, les licenciements prévus ont atteint leur niveau le plus élevé depuis la crise financière de 2008. Et si l’on veut savoir qui licencie aux USA, c’est la tech, la santé et l’industrie manufacturière. Tout va SUPER bien, comme le montre les indices boursiers, mais Trump va avoir du boulot !

Les chiffres du jour

En ce qui concerne la journée d’aujourd’hui, on notera d’abord que dans 38 heures nous aurons la publication des chiffres de Nvidia, que ce matin il y aura le CPI européen et que cette après-midi – aux USA – il y aura les permis de construire. Pour le moment, les futures sont en hausse de 0.14% et tout semble très calme. Pourvu que ça dure.

Pour ma part, je vous souhaite un excellent petit-déjeuner, un très bon café et on se retrouve demain pour de nouvelles aventures dans lesquelles je vous parlerai ENCORE de Nvidia. Alors : à demain, si vous le voulez bien !

Thomas Veillet
Investir.ch

“Without leaps of imagination or dreaming, we lose the excitement of possibilities. Dreaming, after all, is a form of planning.” ― Gloria Steinem