Hier, en préparant ma « récap » de la semaine à venir – oui, parce que ça fait toujours bien de faire croire aux gens que je prépare VRAIMENT des trucs alors qu’en fait, c’est juste de l’impro totale – je me suis rendu compte que sur la journée de lundi il n’y avait ABSOLUMENT rien à attendre. Pas de chiffres économiques majeurs, pas de publication trimestrielle majeure, pas de bombardement majeur en Iran. Bref : RIEN. D’ailleurs le titre de la chronique de ce matin aurait pu s’appeler : RIEN et le texte en-dessous aurait été : « Bonne journée et à demain ou y aura vraiment des trucs ». MAIS HEUREUSEMENT il restait le pétrole parce que sans lui je ne sais pas ce que l’on aurait fait.
L’Audio du 29 octobre 2024
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Le pétrole comme axe de concentration
Oui, hier le pétrole aura été notre excuse et l’explication principale qui justifiait notre présence au bureau, mais aussi nos actes et nos décisions d’investissement. Vous ne me croyez pas ? Ben il suffit d’ouvrir plus ou moins n’importe quel journal financier – ce que vous ne faites plus parce que c’est plus simple de lire tout simplement juste ma chronique – mais si vous l’auriez fait, vous seriez tombez une fois sur deux sur un titre du genre :
« Les bourses mondiales profitent de la baisse des prix du pétrole »
C’est à la fois assez simple et assez réducteur. Cela suppose qu’il n’y a tellement rien à dire d’autre en attendant l’avalanche de chiffres annoncés cette semaine, que ça soit économique ou simplement des publications trimestrielles, que nous n’avions rien envie de faire d’autre que de trouver UNE EXCUSE – UNE JUSTIFICATION qui allait décider de l’avenir de notre journée.
L’effet magique de la baisse du baril
J’en ai donc déjà parlé hier, le baril est au centre du monde. Enfin, au centre du Moyen Orient surtout, puisque c’est principalement les décisions stratégiques de l’éminemment sympathique et le fabuleusement charismatique Benyamin Netanyahou et de son homologue enturbanné avec le QI d’un moule avariée en Iran, qui décident donc de l’avenir du pétrole. Petit A : Israël bombarde l’Iran et transforme les raffineries pétrolières en grand parking – ce qui fait monter le baril. Ce qui vous donne envie (en désespoir de cause) d’acheter une Tesla à la place du dernier V6 de la Ferrari F80 – parce que c’est quand même trop cher de faire le plein d’essence.
Et petit B, Israël bombarde toujours l’Iran, mais cette fois en n’aplatissant que des bases militaires que même les Iraniens avaient oubliés qu’elles existaient et du coup, ça rassure sur le prix du pétrole qui pouvait baisser parce que « du coup les raffineries allaient continuer à raffiner » et qu’il n’est peut-être pas trop tard pour appeler Maranello et signer le bon de commande de la F80. Nous sommes donc devenus assez binaires et rationnels :
A) Bombardements sur les raffineries = Pas bon, pétrole qui monte, inflation qui monte et marchés qui tremblent
B) Bombardements ailleurs que sur les raffineries = TRÈS BON, pétrole qui baisse, inflation qui fait plus peur et marchés qui montent partout dans le monde
Après, il faut reconnaître qu’il y a un « PETIT B avec un A prime » juste derrière. Le A « prime », c’est le fait que l’Iran ne réplique pas au dernier bombardement israélien. Ce qui évite la suite du match de ping-pong et une nouvelle réplique attendue d’Israël dans la foulée. Parce qu’on a bien compris que Benyamin Netanyahou ne laissera pas les gardiens de la révolution avoir le dernier mot. Ça doit forcément se finir par un bombardement de Tsahal pour espérer une esquisse de désescalade.
C’est fini ou y a une troisième mi-temps ?
Sur ce dernier sujet – le A « prime » – le mystère reste entier. Il y a – semble-t-il – eu des déclarations de la part des génies qui managent l’Iran, comme quoi « ils désirent une réponse FERME à l’attaque d’Israël », mais à l’heure actuelle, on ne sait pas si « une réponse ferme » prend la forme d’une nouvelle attaque de missiles qui ne fonctionnent pas très bien ou est-ce qu’ils vont tout simplement cesser l’exportation des burkinis à destination de l’Europe pour marquer leur désapprobation.
Visiblement, hier les marchés ont été beaucoup moins radicaux que l’État-Major iranien et ont pris le pari de se dire « on verra bien, mais en attendant le pétrole baisse et c’est trop cool pour l’inflation ». C’était même la ligne directrice de la séance boursière en Europe et, dans une moindre mesure, celle des Américains. Je précise que la stratégie du « j’achète parce que le pétrole baisse » ne devrait pas trop durer, puisque dès ce matin on va se concentrer sur des vrais chiffres économiques, des vrais chiffres trimestriels et que momentanément, l’excuse du pétrole et les états d’âme des stratèges militaires de Téhéran ne va plus trop servir. Mais enfin, moi, mon job c’est d’essayer de vous raconter des histoires pour que l’on comprenne bien pourquoi le monde merveilleux de la finance a choisi d’acheter alors que l’on s’emmerdait profondément en attendant le vrai début de la semaine. Alors j’explique. Je cherche des justifications et j’explique.
Vivement demain
Donc le pétrole a baissé, l’inflation ne fait plus peur (moi qui croyais qu’elle était déjà réduite à néant depuis des semaines, je suis choqué de voir que certains sont encore préoccupés par la chose, mais passons), l’inflation ne fait plus peur parce que le baril a baissé – d’ailleurs on nous signale que du même coup, que la chute vertigineuse du pétrole depuis la séance de tir pipes israélienne de vendredi soir, pourrait ramener le prix du gallon aux USA – en-dessous des 3$ pour la première fois depuis 2021. Nous en Europe on va continuer à se faire massivement arnaquer sur le prix de l’essence, parce qu’entre les taxes qui frisent l’extorsion et les distributeurs pétroliers qui rechignent à baisser les prix à cause qu’ils ont toujours achetés leurs stocks au plus haut de tous les temps, on n’est pas près de voir la couleur d’une vraie réduction des prix.
Tout ça pour dire que le DAX a pris 0.35%, la France explosait de 0.79%, malgré le fait que total faisait les frais des mouvements du pétrole et aux USA, le S&P500 et le Nasdaq avançaient de 0.25% pendant que le Dow Jones mettait fin à trois séances de baisses consécutives pour regagner 0.65%. Il n’y a donc pas eu de Krach pour fêter les 95 ans du krach de 1929. Et tout ça pour dire aussi que la justification des mouvements de marché pour la séance qui nous attend, pourrait être totalement différente en ce mardi.
En Asie, on est partagé
Ce matin les indices asiatiques ne sont pas tous d’accord. Le Japon continue de monter – pour l’instant de 0.58% – et il continue de surfer sur les résultats électoraux d’hier en priant pour que les vainqueurs ne fassent pas de la hausse des taux leur cheval de bataille. Hong Kong ne fait rien et la Chine glisse vers le Sud à hauteur de 0.85%. Je ne vous apprendrais rien en vous disant que TOUT LE MONDE attend les chiffres de la tech – de la GROSSE TECH – qui vont commencer à arriver en ce mardi 29 octobre – Google sera là ce soir pour ouvrir les feux. Mais pour le moment, tout est relativement calme et le niveau d’excitation est proche de celui qu’atteint la foule lors d’un discours de Michel Barnier – le Ministre Jetable d’Emmanuel Macron. Pour le reste, l’or est à 2765$, ce qui constitue un nouveau record, le pétrole est donc au fond du bac – je ne reviens pas sur les raisons, ça serait du remplissage – mais il est à 67.44$ pendant que le Bitcoin se prépare à la victoire de Donald Trump en franchissant massivement les 70’000$. La crypto-star est à 71’000$… Enfin. Plus que 29’000$ à grimper avant Noël. Je l’ai d’ailleurs mis sur ma liste pour le gros Monsieur en rouge et blanc qui bosse pour Coca-Cola.
Dans les choses qu’il faut retenir – mis à part les analyses poussées sur le baril – on notera que Boeing va vendre une partie de ses actions pour renflouer les caisses, ce qui n’aide toujours pas le titre à retrouver un semblant de couleur verte. Et puis dans le concept du « tout va vraiment très bien madame la Marquise », Volkswagen va fermer 3 de ses usines, du jamais vu depuis plus de 80 ans, on parle de licenciements de 10% des employés et de baisse de salaires allant jusqu’à 18% pour ceux qui restent. Quand tu ajoutes 20% de hausse sur les produits alimentaires en 4 ans, avec une baisse de 18% pour les salaires de certains, je suis sûr que ça va bien se passer. Et dire que la semaine dernière, on nous avait dit que la confiance du consommateur allemand repartait à la hausse. Pas sûr qu’ils ont posé les questions du sondage chez VW.
Mais encore
Autrement, toujours dans le secteur florissant de l’automobile ; Ford a publié des chiffres meilleurs que les attentes, mais ils prévoient une taule d’un milliard sur leurs véhicules électriques. Le titre se prenait 6% dans les dents hier soir after close. On peut aussi parler de Philips qui a annoncé des ventes plus faibles et une situation qui se détériore en Chine – le titre plongeait de 15% pour fêter ça, alors que les analystes estiment la réaction est exagérée et injustifiée. Mais bon, comme le marché a toujours raison, on ne peut pas faire grand-chose là contre. Ce qu’il faut surtout noter, c’est que les « déceptions » de ce trimestre ne vont pas faire de cadeaux. Ça sera important de le garder en tête ces prochains temps. Il y a aussi Sonova qui va recommencer à distribuer ses produits chez Costco aux USA. Comme quoi, en plus du pétrole, il y a AUSSI des bonnes nouvelles. Sonova était en hausse de 7.43% hier.
Pour aujourd’hui, on va commencer à parler d’autre chose que du Moyen Orient et de la couleur de l’or noir. Côté macro, il y aura le climat de consommation en Allemagne – climat qui a été mesuré AVANT les annonces de Volkswagen, puis aux USA nous aurons la confiance du consommateur également qui est attendue à 99.50. Il y aura également les JOLTS qui donneront le premier verdict de l’état de l’emploi sous Joe Biden. Côté chiffres du trimestre, nous aurons Novartis dans quelques minutes, mais aussi Adidas et Moncler. Ensuite, aux USA il y aura Pfizer, McDo, Stryker, Visa, AMD et Google. Je suis donc plutôt certain que demain nous allons vachement moins parler des échanges d’amabilités entre l’Iran et Israël et de leurs conséquences sur le pétrole et nos habitudes de consommation.
Pour le moment les futures ne font strictement rien et j’en suis à me demander si je ne vais pas retourner me coucher en attendant les chiffres de Google. Passez une très belle journée et nous on se retrouve demain pour de nouvelles aventures ! Soyez forts !
Thomas Veillet
Investir.ch
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