La semaine dernière aura été spectaculaire en soit, le retour de Tesla, l’effondrement de McDonalds sous les coups de la bactérie E.Coli, Roche qui publie enfin des nouvelles un peu moins pourries que d’habitude, le rendement du 10 ans qui est toujours trop haut et Nvidia qui renoue avec des niveau de capitalisation boursière monstrueux. Et puis toujours cette capacité à voir le verre à moitié plein. On n’a pas vu les chiffres de l’emploi qui se dégradent, ni la dette US qui explose, alors que tous les regards se tournent en direction d’une semaine capitale. Semaine qui commence par les 95 ans du Krach boursier de 1929 et qui finira avec Halloween et les chiffres de l’emploi.

L’Audio du 28 octobre 2024

Télécharger le podcast

L’espoir, toujours l’espoir

On espère donc qu’il n’y aura aucun lien et aucun moyen de tirer des parallèles entre le krach de 1929 et la fête d’Halloween. Ça serait bien trop facile. Toujours est-il que la semaine qui commence ce matin devrait être tout de même impressionnante et si l’on s’en sort sans peur et sans mal, ça sera vraiment un exploit. Un exploit qui démontrera encore une fois que ce marché est totalement indestructible et que rien ne peut lui arriver. Enfin, pour le moment.

Nous aurons encore toute la journée de ce lundi pour se poser les bonnes questions et mettre en place notre stratégie de combat. Et dès demain matin, il faudra foncer car il n’y aura plus de temps pour penser, il faudra agir. La moindre nouvelle est susceptible de nous faire tourner la veste et changer momentanément l’état d’esprit du marché. À l’heure actuelle, je reste personnellement sidéré que l’on continue de montrer une volonté de monter aussi impressionnante alors que l’environnement macro-économico-géo-politique continue systématiquement de se dégrader. Entre l’instabilité géopolitique qui pourrait encore empirer avec l’annonce officielle d’un nouveau Président à Washington, les Iraniens et les Israéliens qui jouent au ping-pong avec des drones bon marché et les Russes qui impliquent les Nord-Coréens dans une guerre qui n’est pas la leur, pendant que les Chinois tournent autour de Taïwan, on est pas mal servi à ce niveau-là.

Le pétrole et ceux qui savent

Le pétrole est d’ailleurs la première victime de ces enjeux politiques. Vendredi soir, il y avait probablement des gens qui « savaient » mieux que les autres pour avoir acheté le baril juste avant « la riposte israélienne » et ceux qui savaient ENCORE mieux ont pu en profiter pour shorter le baril, puisqu’ils SAVAIENT qu’Israël ne toucherait pas aux raffineries. À cause de l’argent, probablement. Ce matin et cette nuit, le baril s’est fait détruire presque comme si les missiles de Tsahal étaient pointés sur lui. Le baril est à 68.38$ sur le WTI, après avoir bouclé la semaine à presque 72$ alors que l’on programmait déjà la riposte des drones, drones qui n’attaqueraient – bien sûr – que de cibles sans importances. Des attaques chirurgicales à la limite de la diplomatie.

Ça c’était pour ce week-end. Maintenant il va falloir s’attaquer à la semaine qui arrive. Semaine qui va nous apporter son lot d’informations, qu’elles soient économiques, macro-économiques ou micro-économiques avec la PLUS GROSSE semaine de publications trimestrielles, puisque 37% du S&P500 sera de sortie, dont 5 des Magnificent Seven. Autant dire que tout peut arriver, car au-delà de ces 5 là qui ont le pouvoir de retourner le marché dans un sens ou dans l’autre, nous aurons également : Ford aujourd’hui, ainsi que Philipps et ON Semi’s. Et dès demain : Alphabet, Visa, Advanced Micro Devices, McDonald’s, Pfizer, Stryker, Chubb, Mondelez International, PayPal, Chipotle, Super Micro Computer. Ensuite mercredi nous aurons : Microsoft, Meta, Eli Lilly, AbbVie, Caterpillar, Amgen, Booking Holdings, Automatic Data Processing. Puis nous enchaînerons avec Apple, Amazon, Mastercard, Merck, Linde, Uber, Comcast, Eaton, ConocoPhillips, Bristol-Myers Squibb, Regeneron, Intel et Altria qui sortiront jeudi. Avant de conclure la semaine avec Exxon et Chevron, histoire de ramener la thématique du pétrole sur la table avant le week-end. Sans oublier qu’en Europe nous aurons Novartis, UBS, Saint-Gobain, Volkswagen, AXA ou encore Airbus. En résumé, largement de quoi se faire un voyage digne d’un week-end à Europa Park en termes de sensations fortes et de destruction du portemonnaie.

Et l’économie dans tout ça

Et comme si tout cela ne suffisait pas, nous sommes inondés de sondages qui laissent à penser que Trump peut gagner alors que la seconde d’après on nous dit que Kamala mène la danse et que malgré le fait qu’elle a le QI d’un « piquet de clôture » selon Mel Gibson, elle devrait devenir la première Présidente Américaine. Bref, l’instabilité est partout et même si le doute ne traverse (pour le moment) pas la tête de l’investisseur, il va tout de même falloir également survivre à l’avalanche de chiffres économiques qui nous attendent dans les jours qui viennent. Des chiffres économiques qui ne seront pas les plus simples à appréhender, tout en sachant qu’ils seront probablement magouillés et laissés à la libre interprétation de ceux qui les calculent.

Dès demain nous aurons la confiance du consommateur qui a été calculée sur un échantillon représentatif de 1’000 Américains qui habitent dans une maison de plus de 800 m2 dans les quartiers de Beverly Hills en Californie et de Palm Beach en Floride. Il y aura également les JOLTS a qui l’on peut faire dire ce que l’on veut pour autant que l’on ait les moyens de publier des offres d’emplois bidons un peu partout et la journée se terminera avec les prix de l’immobilier américain, qui font toujours très peur si vous comptez acheter une maison et que vous ne gagnez pas 50’000$ par mois. La semaine continuera ensuite à se dérouler de manière très sportives avec les chiffres de l’emploi ADP, puis le PCE qui va nous tous mettre d’accord au sujet de l’inflation, avant de conclure le lendemain de la fête d’Halloween avec les chiffres des Non Farm Payrolls qui ne manqueront pas de nous surprendre massivement à la hausse, histoire de convaincre les derniers électeurs indécis de voter pour Dame Kamala qui va sûrement changer la destinée de la planète lorsqu’elle va se rendre compte qu’il existe d’autres pays en dehors des USA.

Un grand show

Tout ça pour vous dire que si j’ai un ton un peu désabusé – c’est aussi parce que j’ai toujours le sentiment que plus l’instabilité globale est grande, plus les marchés continuent de monter. On l’a vu la semaine dernière, les sanctions lors des publications trimestrielles sont violentes. Que ça soit à la hausse ou à la baisse, il ne nous reste juste à espérer que les chiffres seront tous du côté des Jedi et que le côté obscur de la force ne va pas l’emporter et faire basculer les marchés alors que les records ne cessent de tomber depuis des mois. Quoi qu’il en soit, la prudence va rester de mise – de mon côté en tous les cas – et nous allons devoir prendre les jours les uns après les autres, tout comme les nouvelles qui vont tomber comme les litres d’eau qui nous tombent sur la figure depuis des mois, comme si le soleil n’était plus une option réaliste.

Pour le moment, la semaine commence relativement bien puisque la plupart des marchés asiatiques sont en hausse. Les inquiétudes concernant le conflit israélo-iranien ayant été apaisées par une attaque israélienne moins sévère que prévu, tandis que les actions japonaises prennent près de 2% alors que tout le monde se fout pas mal de l’aspect électoral local du moment. Le Parti libéral démocrate au pouvoir ayant perdu sa majorité parlementaire. Les investisseurs parient sur le fait que l’incertitude politique accrue diminuera les chances d’une hausse des taux d’intérêt de la part de la Banque du Japon. Comme quoi on n’a pas besoin de grand-chose pour être heureux. La Chine et Hong Kong sont beaucoup plus timorés ce matin, mais en hausse quand même. L’or est à 2’749$ – en attendant les 3’000 – et le Bitcoin tente de repasser les 68’000$ en montée.

Les nouvelles du jour

Du côté des nouvelles du jour, on notera que la France a échappé à un nouveau downgrade de la part de Moody’s, mais que la note publiée par l’organisme de rating ne laisse aucun doute sur l’avenir de la note française lors de la prochaine révision ; il faudrait un miracle pour que les analystes ne coupent pas dans le gras. Boeing veut faire une augmentation de capital de 15 milliards, Volkswagen veut couper les coûts encore et encore et Porsche mise sur de « nouveaux modèles » pour compenser la faiblesse des chiffres récents. Lorsque l’on voit que les chiffres de Renault, on se demande si Porsche ne devrait pas envisager de développer ses prochains Cayennes avec Dacia.

Et puis, pour terminer, on retiendra que ce week-end on a changé d’heure que l’on a pu profiter d’une heure de sommeil en plus et que les Américains ne l’ont pas encore fait. Cette semaine Wall Street ouvrira à 14h30 et on pourra se coucher plus tôt. Pour le moment les futures sont en hausse parce que tout le monde semble content de voir le pétrole en baisse, les raffineries iraniennes toujours debout et que l’on compte beaucoup sur les Magnificent Seven pour nous démontrer cette semaine que tout va bien. En tous les cas que tout va bien si vous êtes riches, beaux et en bonne santé et que vous vivez au bon endroit sur la planète. Pour le reste, c’est une autre histoire.

Profitez de ce lundi plutôt calme, car le reste de la semaine ne va pas nous épargner ! Soyez forts et motivés et on se voit demain !

Belle journée à tous.

Thomas Veillet
Investir.ch

“Never let the fear of striking out keep you from playing the game.” – Babe Ruth